Commerce de la Russie avec la Chine

DOCUMENS SUR LE COMMERCE DE LA RUSSIE AVEC LA CHINE.

Les rapports entre la Russie et la Chine ne se sont établis que vers le commencement du xviie siècle, lorsque la première de ces deux puissances, par ses conquêtes rapides, eut soumis la plus grande partie de la Sibérie.

Les Cosaques, par qui ces conquêtes avaient été faites, s’étaient emparés de plusieurs districts auprès de la rivière de l’Amûr, qui appartenaient au pays des Mantschoux. Mais lorsque ces derniers se furent plus tard soumis à la Chine, ils forcèrent les Russes de leur rendre les provinces que ceux-ci leur avaient enlevées. La cour de Moscou jugea que la possession de quelques terrains incultes ne pouvait entrer en compensation avec la perte d’un commerce avantageux avec les Chinois. Aussi céda-t-elle aux prétentions des Mantschoux, et conclut, en 1689, une paix par laquelle les limites furent fixées provisoirement et les commerçans russes obtinrent le privilége de pousser leurs caravanes jusqu’à Pékin. Plus tard cependant de nouvelles mésintelligences s’élevèrent, et les Chinois défendirent aux Russes de mettre le pied sur leur territoire. Ce ne fut qu’en 1727, que ces difficultés s’aplanirent : la frontière fut fixée définitivement, et il fut permis aux Russes d’envoyer tous les trois ans, une caravane à Pékin. Un entrepôt fut en même temps établi à Kiachta.

Lors de la cession, de la part de la Russie, des provinces de l’Amur, un assez grand nombre de Cosaques faits prisonniers par les Chinois préférèrent rester en Chine plutôt que de retourner dans leur patrie. Ils furent tous transférés à Pékin, où on leur permit de s’établir dans un des faubourgs de cette capitale. L’empereur, pour leur témoigner sa bienveillance, en choisit un certain nombre pour en former une compagnie de ses gardes, qui existe encore aujourd’hui sous le nom de compagnie russe. Quoique ces Cosaques eussent montré peu d’affection pour leur patrie, la cour de Russie n’en insista pas moins sur la fondation d’une église du rite grec à Pékin, qui serait desservie par un clergé russe. Le gouvernement chinois voulut bien s’y prêter, et depuis cette époque les Russes ont à Pékin un établissement de leur culte, dans lequel plusieurs jeunes Chinois et Mantschoux font leur éducation et se préparent à servir d’interprètes. Cet établissement est dirigé par un archimandrite, et le dernier, Hyacinthe Bitchourinski, nous a donné une description de Pékin.

Le peu de succès des caravanes qu’on envoyait à Pékin détermina l’impératrice Catherine ii à y renoncer entièrement, et depuis lors le commerce de Kiachta a repris une nouvelle vie. Les transports de marchandises y arrivent au mois de février. La majeure partie du thé est expédiée à Nijni-Nowgorod sur le Wolga. L’arrivée de cette marchandise dépend de l’époque de la débâcle des rivières de la Sibérie. On charge d’abord le thé à Kiachta sur des traîneaux, à un cheval pour aller jusqu’à Tomsk. Il y séjourne quelquefois plus de six semaines ; après quoi il est placé sur des bateaux qui descendent l’Obi. Transporté de nouveau sur des traîneaux jusqu’à douze werstes au-delà de Perm, il descend ensuite la Kama, entre dans le Wolga, et arrive à Nijni-Nowgorod sur la fin de juillet. On peut évaluer la quantité de thé qu’on y débarque tous les ans, à 150 ou 160,000 livres. Les frais de transport montent à 10 pour cent. On expédie aussi du nankin, et l’on peut évaluer le total du commerce russe à Kiachta à 7 ou 8 millions de roubles en papier.

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