Commerce avec Campar

ÎLE DE SUMATRA. — Commerce avec Campar. — Campar est une province de Sumatra, située sur la côte orientale, entre les rivières de Siak et Danir. La rivière qui donne son nom à la province, la divise en deux parties, Campar Kiri, Campar Kanan, haut et bas Campar. Ses rives, basses et d’un aspect peu varié, sont couvertes de cultures assez soignées, qui se prolongent de chaque côté à environ deux milles dans l’intérieur. Les principales productions du pays sont le riz, la noix de coco, le bétel, la canne à sucre et les rotins.

Le commerce de Campar avec l’intérieur, et surtout avec Singapore, est entièrement dans les mains des Malais, qui le font avec des prames, formant des flotilles de dix à douze de ces bâtimens pour être à même de résister aux attaques des pirates, si nombreux dans ces parages. Elles portent de vingt à trente hommes, et sont ordinairement armées de deux petits canons. Les marchandises qu’elles exportent à Singapore sont du café, de la cire, des dents d’éléphans, des cornes de rhinocéros, etc. Elles prennent en échange des madras, de la soie, du coton, du plomb, du fer, du cuivre, du tabac de Java, etc.

Les éléphans, les rhinocéros sont très-nombreux à Campar. On tue les derniers à coups de fusil ; quant aux éléphans, on préfère les empoisonner. Toutes les fois qu’on a remarqué les traces d’un de ces animaux, dont le passage seul occasionne souvent des pertes considérables, on dépose sur ces lieux quelques-uns des fruits qu’il mange de préférence, et qu’on a eu soin de broyer et de réunir en pâte, en y ajoutant une forte dose de poison minéral ; pour rendre cet appât plus sûr, on a soin de l’arroser et de le saupoudrer de sel. Le lendemain, on trouve l’éléphant mort, ou tellement étourdi par le poison, qu’il est facile de le tuer.

Tout le café qui se vend à Campar, et qui s’exporte de ce point, y est apporté de fort loin dans l’intérieur de l’île et par très-petites quantités à la fois. Les cultivateurs ou les indigènes qui se livrent à ce commerce, se réunissent ordinairement pour cet objet par compagnies de huit ou dix hommes, dont deux seulement portent sur la tête un panier ou ballot de café, et les autres les provisions pour nourrir la troupe pendant ce voyage long et pénible.