Librairie de l'auto (p. 22-23).

Comment je me nourris sur la route

J’aborde maintenant l’alimentation en cours de route : il faut qu’elle soit légère et substantielle.

Je recommande tout spécialement la crème de riz et le sucre qui me réussissent parfaitement. Comme boisson, du thé sucré, du café sucré, presque pas d’eau de Vichy. L’eau de Vichy n’est bonne que pour les estomacs délicats.

Je ne me rappelle pas avoir touché à une cotelette durant tout le Tour de France, dans les étapes s’entend.

L’estomac doit être perpétuellement en état de fonctionner et de résister à tous les efforts possibles, il ne doit jamais être surchargé.

À l’étape c’est une autre affaire. Je mangeais ce qui me plaisait, sans excès et je mangeais seulement lorsque cela me disait.

Je reprenais en quelque sorte le régime que j’avais suivi avant la course.

Inutile d’ajouter que je me reposais longuement, mais sans forcer. Je dormais une huitaine d’heures et j’évitais autant que possible, les jours de repos, les longues et fatigantes promenades à travers les diverses villes.

Le soir de l’arrivée, cela ne me faisait rien. Mais le lendemain rien à faire pour me débaucher : je restais à l’hôtel à envoyer des cartes postales et je déjeunais modestement afin de pouvoir, l’après-midi, prendre un repos réparateur.

Et puis, je m’occupais à régler mon vélo et à le nettoyer. Jamais, sauf à mon jeune frère. Anselme, je n’ai confié ce soin à personne. Mon vélo était dans ma chambre, toujours sous clé et aucun soigneur n’en approchait.