COMME UNE IMAGE


C’était un petit, tout petit jardin.

Tout alentour poussaient d’épais buissons de groseilliers, avec de grasses petites grappes luisantes et rouges ;

Ils étaient rouges et vert-sombre.

Au bord des petites allées se pressaient des touffes d’œillets vert-de-gris, avec de grandes fleurs rouges.

Ils sentaient très bon et très fort.

C’était le soir.

Sur un banc était assise une jeune fille dans une mince robe de soie rouge.

Elle rêvait : « Je l’aime ! »

Tout à côté, il y avait un petit, tout petit jardin,

Où poussaient d’épais buissons de groseilliers, avec de grasses petites grappes d’un blanc jaune.

Ils étaient blancs et vert-sombre.

Au bord des allées se pressaient des touffes d’œillets vert-de-gris, avec de grandes fleurs blanches.

Ils sentaient très bon et très fort.

Sur un banc était assise une jeune fille dans une mince robe de soie blanche.

Elle rêvait : « Est-ce que je l’aime ? »

La lune se leva.

Le jardin rouge et le jardin blanc brillaient dans un bain d’argent vert et jaune.

Dans la petite villa du jardin rouge, les fenêtres étaient éclairées d’une lumière de bougies dorée.

La jeune fille en soie rouge frissonna.

Elle se leva et rentra.

Dans la petite villa du jardin blanc les fenêtres demeuraient sombres.

La jeune fille en soie blanche frissonnait,

Mais elle restait assise et rêvait…

Il faisait nuit.

Sur les jardins coulait le clair de lune.

Les œillets rouges et les œillets blancs, et les feuilles des groseilliers vert-sombre étaient mouillés et brillaient.

Dans la villa du jardin rouge, une jeune fille dormait.

La lune coulait sur son corps rose et la soie rouge froissée sur la chaise.

Elle rêvait : « Est-ce que je l’aime ? »

Dans la villa du jardin blanc, une jeune fille dormait.

La lune coulait sur son corps blanc et la soie blanche froissée sur la chaise.

Elle rêvait : « Je l’aime ! »

Le matin gris-rose entra dans les jardins.

Ils étaient mouillés et brillaient,

Et les jeunes filles tirèrent la couverture sur leur corps et dormirent sans rêves.