Combien j’ai douce souvenance

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 178-179).


COMBIEN J’AI DOUCE SOUVENANCE


Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours
                De France,
O mon pays, sois mes amours
                Toujours !

Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son cœur joyeux,
                Ma chère ?
Et nous baisions ses blancs cheveux
                Tous deux !

Ma sœur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore,
Et de cette tant vieille tour
                Du Maure,
Où l’airain sonnait le retour
                Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu’effleurait l’hirondelle agile,
Du vent qui courbait le roseau
                Mobile,
Et du soleil couchant sur l’eau,
                Si beau !


Te souvient-il de cette amie,
Tendre compagne de ma vie,
Dans les bois en cueillant la fleur
                Jolie ?
Hélène appuyait sur mon cœur
                Son cœur !

Ah ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
                Ma peine,
Mon pays sera mes amours
                Toujours !

Chateaubriand.