Colette, ou les amusements de bon ton/05

s. n. [Maurice Duflou] (p. 85-104).
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V


Nous achevions de dîner, aujourd’hui, au Globe, à Montparnasse, et une Lucky au bout de ses doigts effilés dont l’ongle carminé secouait de temps en temps la cendre, Colette me contait :

— À quel âge j’ai commencé ? Je n’avais pas douze ans que, savourant déjà le plaisir de m’exhiber, je me branlais devant les portraits des jolies aïeules suspendus aux murs du salon. Assise dans une bergère, je me caressais d’une main délicate : « Ai-je un joli petit conin ? leur disais-je, un miroir à la main, en leur ouvrant largement mes cuisses encore impubères. Hein, qu’il n’y manque plus que les poils comme à maman ? » Je me tournais et, jupes troussées, je les faisais juges de la grâce juvénile de mon cul dont une glace ancienne me renvoyait l’image polissonne. Je me courbais, et dans le petit trou j’enfonçais mon doigt tout entier, sans honte, et comme encouragée par la malice de leur sourire. Étais-je précoce, dis ? C’est sous les yeux de mon arrière-tante Aurore, pour qui j’avais une prédilection parce qu’on s’accordait à déclarer que sa beauté revivrait en moi, que je suçais pour la première fois, accroupie entre ses jambes, le vit de mon cousin Paul, qui avait quinze ans.

— Oui, ai-je interrompu, mais ton pucelage ?

— C’est aussi sous son portrait qui ornait la ruelle de mon lit, que je l’ai perdu, le jour de ma première communion.

— Un jour bien choisi !

— C’était après vêpres ; je m’étais retirée dans ma chambre pour goûter le sensuel ravissement de ma longue robe de petite mariée. Remontant à la taille la nuée blanche qui m’enveloppait, j’admirai, dans la psyché, le charmant effet de mes mollets gantés de blanc et du coquet pantalon à volant d’Irlande dont mes mouvements faisaient joliment jouer la fente sur le duvet noir qui commençait à ombrer ma motte. Tandis que je dévouais à tante Aurore une première jouissette que je pris d’un doigt très exercé, j’avisai mon cierge qui traînait sur le lit. Oh ! cette idée ! Je me saisis du long bâton de cire et sautai sur le canapé face à la glace. Roulée en boule, la tête en bas, le cul en l’air, j’abouchai le cierge à mon petit con. Ah ! que c’était donc joli, dans le miroir, cette raie du cul entre les brides du pantalon, sous le flou de la mousseline blanche, avec ce phallus énorme planté en plein milieu des lèvres vermeilles qui s’écartelaient pour le tenir. « Vois ! tante Aurore, vois ! criais-je, si je sais me l’enfourner ! » Je poussais, je vrillais pour me pénétrer. Mais la douleur aiguë d’une incision me cabra sur le bout étranglé dans l’étroit passage. Alors, tu ne sais pas ? Je m’agenouillai, le cierge couché entre mes mains, la pointe contre mon clitoris de gamine, et pesant doucement, je me mis à râper, à coups de ventre, la fente de mon petit abricot. Je jouis délicieusement ! Mon vieux, je mouillais déjà à cet âge. Je retirai le machin tout gluant et perlé d’une goutte de sang !

Elle secoua sa cigarette et tira une bouffée.

— Je parie que tu bandes ! dit-elle. Hein, que tu aurais aimé de faire l’office du cierge ?… Voilà que je mouille !

Elle se pencha vers moi et porta sa main à ma queue.

— Sors-la, que je te la suce, là, sous la table, devant ces deux femmes qui nous font vis-à-vis.

— Non, mais des fois !

— Ben quoi ! on ne verra rien avec la nappe ! Juste le petit tremblement de ma chevelure, pour faire soupçonner que peut-être je te… Sors-la, chéri !

— Tu rigoles ?

Elle me déboutonna, tira mon vit, et tout en me le manipulant par-dessous ma serviette :

— Mon vieux, repartit l’amie, une flamme dans ses beaux yeux pers, ce que j’aime c’est les saletés, avec tout le piment de la surprise possible et du scandale. Il me faut les épices, le gingembre, le poivre de Cayenne, le kari de l’Inde pour jouir. Si je ne m’emporte pas un peu le palais, ça ne me dit plus rien. Fillette, j’étais déjà comme ça. Il me fallait des jouissances recherchées, rares, imprévues. Qu’est-ce que je n’ai pas utilisé ! Des plumes de toutes sortes pour me chatouiller le bouton, des fleurs veloutées que je me tirebouchonnais dans le con, des tiges de rose dont je me suppliciais l’urètre, des brosses à dents pour me picoter la vulve. Et dans le cul, que n’y ai-je pas fourré pour me procurer l’exquise secousse !… Tiens, sais-tu qui eut sinon mon pucelage perdu comme je t’ai raconté, mais ma virginité ?

— Le godemiché de ta mère ? dis-je au souvenir qu’elle l’avait surprise jouant à ce petit jeu.

— Non, elle le cachait trop bien. Ce fut son lévrier, mon cher, un magnifique lévrier tout blanc qu’elle avait certainement dressé à son usage. Un jour qu’assise très bas, je découvrais ma cosse qui bâillait dans la fente de ma culotte, il passa son museau effilé sous mes jupes, flaira, et de sa souple langue me torcha de belle façon. Ah ! mon ami, cette râpe ! tu ne peux t’imaginer ! Quand il m’eut fait jouir, je m’agenouillai sur le bord d’un siège et lui cambrai mon cul, comme j’avais vu faire les chiennes dans la rue. J’étais à bonne hauteur pour lui. Il renifla et comprit. Il se dressa sur ses pattes, son vit en avant, tout décalotté. Je saisis la pointe sanglante par-dessous ma cuisse et la mis dans la bonne voie. Il poussa et je fus enconnée. Ce fut sans douleur, car tu penses, le passage était fait. Par bonheur, il ne pénétra pas jusqu’au fond, et d’une petite secousse du ventre je fis, une fois debout, dévaler son foutre dehors dès qu’il eut terminé son affaire. D’un coup de langue il acheva lui-même ma toilette…

— Et c’était bon ? questionnai-je.

— Bon ? Est-ce que je sais ! Le plaisir, c’était que je faisais une saleté abominable. C’est ça que j’aime en amour, l’étrangeté des circonstances, la singularité des postures, la bizarrerie dans le choix du plaisir, bref tout ce qui est excentrique, saugrenu, stupéfiant ! Des chiens, j’en ai eu de toutes tailles. Un danois à qui j’avais donné mon cul, un jour devant mon mari, pendant que ma femme de chambre bouffait mon chat, a manqué de m’arracher l’anus pour se décoller de moi ! Tiens, la jolie bichette que tu as vue dans notre parc de Marly, c’est ma gougnotte de tous les jours, quand nous y villégiaturons. Une estampe de Bayros m’en a donné le goût. Chaque matin, je me flanque à poil dans son ratelier, et à travers les barreaux je lui présente mon conin, qu’elle me lèche tout en broutant son herbe… Je voudrais essayer d’un âne, comme dans Gamiani, d’un petit ânon, ou d’un bouc ! Sais-tu si c’est gros, le vit d’un bouc ? Je voudrais tâter de toutes les jouissances ! Et le cygne du bassin, crois-tu que je n’aie pas tenté d’être sa Léda ?

— Mince, alors ! tu m’en bouches un coin !

— Oui, mon petit, j’ai marché avec le cygne. Je ne l’avais d’ailleurs acheté que pour ça. Les jambes dans l’eau, les cuisses ouvertes sur le rebord de marbre, je lui bombai ma motte, par une belle après-midi d’automne. Il y amusa son bec sur mes poils. Alors, je l’attirai peu à peu en me retirant sur le gazon. Il m’y suivit tout en frottant amoureusement sa tête dans la chaleur de mes fesses. Va, le cochon, il savait ! Il se laissa enfermer dans mes bras et mes cuisses, et je sentis tout à coup comme un long clitoris pénétrer, à travers son plumage humide, les bords de ma vulve…

Colette ajouta, en vidant le fond de son petit verre :

— Quel dommage qu’il n’y ait plus de faunes et de satyres dans les bois ! Je rêve, vois-tu, de stupres inimaginables ! Il n’y a pas d’horreurs qui ne me tentent ! Pour un rien je serais sadique ! Il faudra qu’un jour, devant toi, je fasse jouir un homme à en crever !

— Tu divagues ! protestai-je, un peu inquiet de cette volubilité érotique, qui pourtant me portait rudement à la peau, sous l’excitation de ces images et du chaud relent d’alcool que son haleine me jetait au visage.

Elle haussa les épaules, alluma avec crânerie un havane, se versa un second verre de Chartreuse et dit dans une volute de fumée :

— Pourquoi que je divague ? Tu n’as pas pour deux sous d’imagination ! Si tu ne sais pas m’exciter, moi je te plaque ! Allons, donne ta queue, que je te la suce !…

— Tu ne vas tout de même pas ici…

— Non, je me gênerai !

— Voyons, là, devant cette femme qui nous guigne ?

Le salon s’était en effet vidé, et il n’y avait plus avec nous, en face de notre table, qu’une jolie blonde, élégamment mise et fort piquante dont j’avais observé, pendant tout le repas, qu’elle semblait faire de l’œil à ma maîtresse. Et depuis un instant, avec une effronterie souriante, elle braquait sur elle son face-à-main.

— Justement, dit Colette, c’est parce qu’elle regarde que ça m’excite ! N’as-tu donc pas remarqué que je lui ai relevé mes jupes jusqu’aux genoux pour lui en donner la vue ?

J’abaissai mes yeux sur ses cuisses que me cachait la nappe. Effectivement, elle était troussée jusqu’au plus haut.

— Tu penses, fit-elle, si à cette distance elle peut s’en payer une tranche, surtout que je n’ai pas de pantalon ! Sûr qu’elle voit ma motte ! Si je te disais que je suis près de jouir, de sentir son regard qui me fouille là-dessous ! Je blague pas ! je suis toute mouillée ! une langue ne me fait pas plus d’effet ! Quand je te dis que je jouis de m’exhiber !…

Son regard rivé soudain à celui de la jeune femme, elle se mit à agiter son ventre sur la banquette, en un imperceptible balancement de la croupe. Et à mots entrecoupés, sa main glissée dans ma braguette où elle jouait à tortiller mon vit :

— Oui, j’aime de montrer mon con, des fois aux Tuileries ou au Bois, à un gosse que j’attire dans un coin ; des fois, étendue sur la rive, à Chatou, au-dessus des canotiers qui me lorgnent ; des fois… Ah ! chéri, fit-elle en se renversant un peu plus, c’est bon, si tu savais, ces yeux qui me chatouillent !…

Elle me serra convulsivement la queue et soupira :

— Ah ! ça vient… Des fois… comme à présent… Ah ! oui… ça monte… ah !…

Sa main crispée se mit à me secouer furieusement le gland et je vis Colette qui tournait de l’œil et bredouillait entre ses dents :

— Ça y est !… oui, ça y est, chéri !… je jouis ! je jouis !… c’est elle ! c’est elle !… de me branler le con avec ses yeux… Ah ! que j’aime !… Ta queue ! ta queue !… donne-moi ta queue, que je te fasse décharger !…

Déjà elle m’avait de nouveau sorti le vit et me le maniait d’un poignet rapide, sans dissimuler le moins du monde, la nature de son office. Tout au contraire, tournée de trois quarts, accoudée de son bras gauche à mon épaule, elle soulignait avec affectation, au regard de la jolie blonde, la lubricité de son geste. Avec la plus tranquille indiscrétion, celle-ci se délectait de notre amusette, dont le sens ne pouvait lui échapper. Et dans le dessein, sans doute, de nous montrer qu’elle s’y mettait en tiers, elle remonta le devant de sa robe de dentelle, et, une jambe en croix, nous étala l’angle sombre de ses cuisses sous l’échancrure de sa culotte de soie rose.

— Je pense qu’elle t’aguiche, hein, salaud ? dit Colette qui redoubla d’énergie sous le fouet de cette provocation. Va ! jouis sur l’image de son con, à cette putain !

L’œil sur les ravissants mollets que m’exhibait le fouillis des dessous, en quelques traites de la main qui me branlait je fus au point.

— Nom de Dieu ! ça part !… Colette, gare au foutre !

Alors, bravant toute pudeur, elle ploya son buste, enfourna mon chibre dans sa bouche et donna les derniers coups de pompe. Je lui lâchai, tout à trac, mon ondée de sperme au fond de la gorge. Quand elle se redressa, la langue encore empâtée, elle eut à l’adresse de notre charmant témoin certaine moue libertine qui avait tout d’une proposition fort claire. La jeune femme l’agréa avec grâce. Elle vint à notre table. En quelques phrases banales nous liâmes connaissance.

Svelte mais sans hanches, avec je ne sais quoi de mordant dans son galbe garçonnier qu’accusait le léger duvet d’une lèvre bien dessinée, notre partenaire n’était rien d’autre qu’une fille galante. Le temps de vider une bouteille de champagne et nous roulions avec elle vers une maison de passe habituelle aux frasques de mon amie.

Dans la voiture où Gaby — c’était son nom — était assise entre nous deux, nous nous échauffâmes à chiffonner sa robe et peloter ses jambes dont elle défendait les hautes régions contre les entreprises concertées de nos mains. Émoustillés par cette résistance pudique dont les putains ne sont pas coutumières, nous étions, Colette et moi, fort en point quand nous arrivâmes.

Un tel prurit la démangeait que, sitôt enfermés dans la chambre, sans prendre seulement le temps de se déganter et quitter sa toque, elle se jeta à la renverse en travers du lit, dans le retroussé de sa robe de satin cerise.

— Allons, Gaby, bouffez-moi le cul et le con, dit-elle. Commençons par là ! J’ai la vulve en feu tant vous me l’avez chatouillée du regard à table ! Voyons si vous avez la langue aussi habile !

Encore chapeautée aussi et gantée de blanc, Gaby courba son cou gracile entre les cuisses qui s’offraient toutes nues et se plièrent sur ses bras. Debout, je regardai un instant le charmant visage qui, tapi parmi les crépelures rousses, à petits coups de langue, faisait sourdre le plaisir dans le ventre de Colette toute ronronnante de volupté. Puis, allumé par ce spectacle, et aguiché par la croupe saillante de la gougnotte, je m’agenouillai derrière celle-ci que je troussai à la taille. Ses jambes fort bien tournées et fines en leurs bas roses, portaient, dans l’enveloppement d’une gaine de soie en forme de culotte qui prenait le haut des cuisses, un cul maigrelet, ferme et nerveux, semblable à celui d’un bel éphèbe grec. La singularité piquante de cette gaine me donna fureur de ce cul et par la fente d’entre-jambes, je me livrai à mille chatteries le long de la raie cochonne. Mais c’est en vain que je cherchai à m’ouvrir sous les fesses un passage que la belle me tenait obstinément fermé, dans une intention que je ne pouvais prendre pour de la pudeur, alors qu’elle abandonnait si complaisamment son cul à mes caresses.

— Une sodomiste ! pensai-je.

Ce n’était pas pour m’effrayer. J’écartai tout large les deux joues et je vis, en effet, que le petit pertuis était grimé avec un art qui était une véritable enseigne. Dans une alvéole de poils blonds, un grand cerne de khol accentuait les ténèbres du joli trou dont un habile crayon avait vigoureusement carminé les bords pour lui donner l’aspect d’une vulve mignonne.

De ma vie, je n’avais eu sous les yeux un cul si provocant. Une forte odeur de musc qui m’avait saisi dès que j’avais engagé ma tête sous les jupes, achevait de m’en faire la tentation la plus violente. Je me dressais, tout en rut, pour enfiler un aussi rare bijou, quand, juste, Colette se mit à rendre l’âme sous la langue qui la travaillait.

— À présent, à poil, dit-elle, pour une partie à trois !

Elle se déganta, fit glisser sa robe et en un tournemain, elle et moi nous fûmes nus. Mais Gaby, sous de futiles prétextes, prétendit ne point se déshabiller. Nous n’y contredîmes pas. Ma foi, son apparence de joli garçon en travesti que confirmait encore le goût proclamé par son anus, m’incitait à la posséder en robe.

— Tu ne m’en seras, fis-je, que plus friande dans tes dentelles, pour te baiser pendant que vous ferez tête-bêche.

De nouveau Gaby éleva des objections.

— Baiser, c’est bien commun, déclara-t-elle d’un ton assuré. J’ai le vice de Sodome ; n’est-ce pas à la mode et bien porté ?

— Qu’à cela ne tienne ! acquiesça Colette ; mon ami vous prendra au cul pendant que ma langue rendra à votre conin les politesses que vous ferez au mien.

— Vous y aurez quelque surprise, dit la jeune femme en se défendant, avec de petits rires, contre une attaque audacieuse de nos mains sur sa motte.

— Oh ! oh ! voilà qui me pique ! dis-je. Voyons ça !

Mais l’autre minaudait et s’enfermait de son mieux dans ses jupes. Intrigués par sa résistance inexplicable, nous eûmes tôt fait de nous enquérir de tout ce mystère. Je l’immobilisai dans mes bras, Colette la troussa jusqu’au haut des cuisses et porta sa main par-dessous la mousse pâle qui en tapissait le triangle. Elle eut un cri de stupéfaction.

— Mince, alors ! mais elle n’en a pas ! Non, mon vieux, elle n’a pas de con !

Et se baissant pour voir de près, alors que Gaby riait à pleine gorge, elle avisa, sous le périnée, une petite bourse vide qui pendait ainsi que deux longues[ws 1].

— Mais c’est un hermaphrodite ! s’écria-t-elle. — N’est-ce pas plaisant ? dit Gaby.

N’ayant plus à dissimuler, elle tenait déployé aux hanches l’éventail de ses Valenciennes, pour offrir à nos regards, avec une secrète fierté, le galbe de ses jambes et dans l’échancrure médiane de la gaine qui la sanglait jusqu’au bas de la toison, sa gracieuse apparence de femme. Je tâtai, à mon tour, avec la plus vive curiosité.

— Mais le trou, Mademoiselle ? Vous devez bien avoir un trou, ne serait-ce que pour pisser ?

D’un geste gamin, Gaby nous rabattit brusquement sa robe, pirouetta, et sautant sur le lit :

— Venez, Colette, vous en aurez, vous dis-je, la surprise !

Allongée de dos, jupes en l’air, jambes repliées, elle lui tendit les bras :

— Là, sur moi, amie, en posture de soixante-neuf.

Colette bondit comme une chèvre folle, enfourcha à reculons les épaules de Gaby et piqua de la tête entre les cuisses que celle-ci lui ouvrait. Je me penchai pour voir.

— Eh bien ! ce trou ? fit Colette impatiente, fouillant de son nez renifleur l’ouverture de la gaine. Montre-le donc ce trou ! Je ne vois que tes lendilles !

Alors, Gaby, avec sa main, expulsa de sa ceinture de caoutchouc où il était secrètement comprimé, un vit un peu court, mais robuste et très en forme. Je fus stupéfait. Mais déjà, poussant un cri de bête en chaleur, ma maîtresse avait pris la machine entre ses doigts et toute remuée comme moi par la virilité inattendue de ce corps aux dehors féminins, elle y appliquait sa langue et sa bouche avec la délectation qu’elle eût mise à une luxure nouvelle.

Elle picotait le gland, dardait le filet, glissait le long de la grosse veine, remontait, redescendait, titillait le collet, mordillait les poils dorés, faisait cent mignardises, plongeant sous l’entre-cuisses pour en sucer cette sorte de tablier d’Hottentote qui pendait. Puis, tout d’un coup, elle happa la queue gloutonnement et la pompa à grands coups.

J’en aurais eu une rage à la battre, si l’attrait de ce travesti féminin ne m’eût tenu sous le charme d’une illusion qui, dans la lascivité de la pose et le mirage de la nuée de dentelle où s’enveloppait Gaby, ne me montrait plus que l’accouplement passionné de deux femmes.

Tout frémissant de ce spectacle, je me jetai sur les fesses de Colette que Gaby, qui la ceinturait de ses bras, avait ramenées contre sa bouche. Et disputant à celle-ci le con qu’elle gamahuchait une fois de plus, j’y plantai mon nerf d’une rude poussée des reins. La secousse redressa ma garce sur les genoux, avec son miaulement habituel de chatte étripée. Mais je la ployai en avant, et l’étendant à plat ventre sur le corps de notre partenaire, en un écartement de ses cuisses dont elle lui écrasait la figure, je la baisai de tout mon long, par-dessous ses fesses. Puis, à l’approche de l’extase, par je ne sais quel goût de stupre où m’égaraient les jupes de Gaby, je ravis son pénis aux lèvres qui le suçaient. En quelques coups de poignet, j’en fis partir le foutre sur le visage de ma baiseuse à la seconde où je lui éjaculais le mien dans le con.

Mais ce n’était là, évidemment, que pour nous mettre en goût de jouir du corps de Gaby et nous partager la volupté de sa double apparence. La robe, les fanfreluches des dessous, ce corset, surtout, en forme de culotte fendue, nous en rehaussaient singulièrement le piquant. Je me promettais d’en user ainsi que d’une fille, et Colette comme d’un mâle. Car, le mâtin, avec sa cryptorchidie et les séduisants dehors d’un androgyne, semblait nanti d’un membre de bon aloi.

Nous avions à peine pris un moment de repos, qu’il donna lui-même le signal d’une nouvelle fouterie. Il en avait au conin de ma maîtresse autant qu’elle à son vit et moi à son cul, ce cul habilement grimé, qui, dans le losange de sa touche de pourpre, simulait l’entre-bâillement des lèvres d’une jolie cosse.

Il se mit d’abord à parcourir de baisers passionnés tout le corps de Colette, abandonnée sur une pile de coussins or et noir. Il s’attarda aux recoins cachés des aisselles, des aines et de l’entre-fesses, joua de ses doigts avec l’anus et la motte, tout en lui suçotant la fraise des nichons ; puis, agenouillé en sens contraire au-dessus de sa tête, il lui coucha son vit dans la bouche.

— Oui, donne ! exultait ma sacrée putain, donne que je te le mette en forme pour m’enfiler !

Je n’eus que le temps de jeter un juron de jalousie, que Gaby, redressée sur les genoux, tendait sa bouche à ma mentule.

— Viens ! me dit-il, que je t’en fasse autant pour que tu m’encules.

Debout, par-dessus sa fellatrice, je pris entre mes mains sa jolie tête d’éphèbe efféminé, et lui piquai mon dard entre les lèvres qu’il m’offrait en cul de poule et d’un orifice si étroitement disposé que j’en eus la sensation de pénétrer une vulve de gamine.

Je le coïtai ainsi un bon moment, parmi les coups de langue dont il m’enveloppait le gland, pendant que du branle de son pubis et soutenu à mes hanches, il manœuvrait son nœud dans la gorge de Colette à qui il grattait d’un doigt le clitoris. Quand il me sentit à point il lâcha ma queue.

— Et maintenant, ensemble, en cul et en con, dit-il.

D’une rapide virevolte, ses jupes à la taille, il fut entre les cuisses de ma maîtresse sans m’en demander la permission. Il lui passa un coussin sous la croupe, lui replia les jambes tout contre les épaules de manière à bien lui ramener les fesses en avant. Colette lui noua ses pieds sur la nuque, et, lui à genoux, la prenant par le cul, la moniche à hauteur de son vit, il poussa droit dedans. Un gémissement de bonheur fusa dans le silence et je vis la figue béante de ma belle enfourner peu à peu dans son corail la quille qui me cocufiait.

— Nom de Dieu ! protestai-je, mais c’est qu’il la baise pour de bon !

— Tu parles ! ricana Colette qui, les bras au cou de son fouteur, activait son ventre sur les plongées de la pine.

— Eh ! Monsieur, dit Gaby, ne seriez-vous pas mieux dans mon cul qu’à pleurer à la porte ? Montez donc, on part !

Et le buste cambré en posture de levrette, les fesses épanouies sous la cascade de ses jupes troussées, elle attendait ma saillie. Devant la grâce de son geste accueillant et de son sourire, devant l’attrait de ces dessous parfumés où la fente polissonne de la gaine-culotte m’évoquait l’image de la sexualité féminine, ma rancune tomba. J’accostai ses cuisses ; je m’ouvris la raie de son derrière. Le losange de pourpre se distendit sous la pression de mes pouces, et je fonçai de l’avant. Mais ma queue buta. Très délicatement, Gaby la prit entre deux doigts et l’aboucha à son anus.

— Poussez ! fit-elle, vous y voilà ! Encore un peu !… Ah ! ah ! encore ! là !… Je vous tiens tout entier ! Allez, mon cher, emplissez-moi bien le boyau, pendant que j’en fais autant du joli con de votre amie. C’est un échange !

Était-ce l’illusion de ce fard autour du petit trou ? Était-ce un effet de la vocation de Gaby ? De ma vie je n’eus pareil plaisir à braconner dans les terres de Sodome. Jamais je ne trouvai un anus qui répondît par des contractions plus savoureuses aux réflexes spasmodiques de ma verge. J’eusse donné dix cons pour ce cul là, tant il me fit jouir !

Dans l’action dont, avec ardeur, Gaby pilonnait ma garce de maîtresse que j’entendais glapir follement sous lui, son cul sanglé allait et venait, comme une souple glissière, et faisait tout l’office, avec cette même complaisance d’une femme qui chevauche, d’une bouche fellatrice, ou d’une main branleuse. Immobile sur mes genoux, mes mains aux hanches du bardache, mon regard rivé au balancement de sa croupe sodomiste sous le remous des dentelles, j’assistai, passif, à l’éclosion de ma jouissance. Mais, lorsque je la sentis affleurer dans les spasmes de mon gland, je partis en une charge violente. Je l’empoignai par le haut des cuisses, et lui soulevant l’arrière-train, je le besognai avec une vigueur qui le fit crier de plaisir quand je lui arrosai de mon foutre les entrailles.

Alors se rejetant sur Colette qui, pour la seconde ou troisième fois, clamait son extase, il piqua à coups rapides au cœur de sa chair et cabré, cette fois, sous la jouissance virile, il lui lâcha l’ondée de sa semence.

Enroulée à lui des bras et des jambes, dans l’ivresse d’un transport dont elle suffoquait, tordant ses reins, agitant convulsivement son ventre, elle suppliait :

— Dans le cul, maintenant !… dis, chéri, tu vas me foutre en cul ! tiens !…

Déjà, elle s’était retournée et, en posture canine, cuisses écartées, vulve saillante, lui tendait l’offrande de son cul en rut. Moi, dégrisé, de colère je la fessai furieusement. Ayant ensuite botté le cul du M’sieur-dame, je lui jetai un billet à la figure et le congédiai avec une paire de claques.

Puis, bon prince, pour satisfaire Colette, je la conduisis au Sphinx, où pendant une heure je lui en fis donner dans le cul, par deux femmes munies d’un solide phallus, à lui en passer l’envie jusqu’au lendemain. Étendu à son côté, je gamahuchais une ravissante gamine de Tahiti qui, pour finir, assise devant moi à la turque, me branla de son pied droit avec une souplesse féline à laquelle mon foutre rendit hommage.


  1. Note de wikisource : mot rare, petites lèvres, ou nymphes particulièrement allongées, cf. Brantôme, œuvres complètes tome VII, p. 240, § 4, l. 9 Google.