Cinq siècles et demi d’activité coloniale/Texte entier

INTRODUCTION



Le tableau de l’activité coloniale française à travers les cinq siècles et demi qui se sont écoulés depuis que cette activité s’est manifestée pour la première fois, n’avait jamais été dressé. Par cela même, il nous est difficile de présenter au lecteur un travail aussi complet que nous l’aurions souhaité. La forme que nous avons adoptée — celle d’une revision par année des fastes coloniaux — rendait, du reste, l’entreprise plus ardue ; mais d’autres avantages compensent cet inconvénient, entre autres celui de la clarté et de la netteté. Les faits ont toujours une éloquence péremptoire qu’en l’espèce on ne manquera pas d’apprécier. Si quelques omissions ou quelques erreurs de détail (qu’on nous rendra service en nous aidant à réparer) se sont d’aventure introduites dans le texte, les conclusions d’ensemble qu’il est permis d’en tirer n’en sauraient être infirmées. L’activité coloniale française présente des caractères généraux d’autant plus remarquables qu’ils contredisent un préjugé aussi répandu que peu justifié : celui de l’incapacité relative de la race au point de vue de l’expansion et de l’établissement au loin. Il est assez facile de s’expliquer comment un tel préjugé s’est établi ; Louis XV en est surtout responsable. Les français ont d’ailleurs contribué de leur mieux à lui donner de la force par l’habitude prise par eux de se dénigrer, de faire le moindre cas de leurs plus belles qualités, quitte à vouloir, par ailleurs, s’attribuer parfois celles qui précisément leur sont étrangères.

Les trois empires coloniaux, successivement édifiés du xive siècle à nos jours, ont ceci de commun que les initiatives individuelles s’y révèlent, non pas seulement énergiques et ardentes, mais persévérantes à l’extrême et que, d’autre part, ce sont les guerres métropolitaines et les excès de la politique continentale qui ont fréquemment compromis — et même annulé à deux reprises — les résultats obtenus. En Guinée dès 1365, au Canada dès 1518, en Algérie dès 1520, au Sénégal et en Guyane dès 1582, à Madagascar dès 1601, puis à Surate en 1668, à Tourane en 1749, des audaces privées ont planté les premiers jalons et dessiné ainsi les contours de l’effort futur. Qui dira la dose de vouloir obstiné nécessaire à construire ainsi, pierre à pierre, une Inde française, une Amérique, une Afrique, une Asie françaises, en face de pouvoirs publics, parfois hostiles, souvent distraits, dont l’appui fut, en tout cas, singulièrement intermittent ? Sans doute, du domaine indien et du domaine américain, il ne reste aujourd’hui que des débris — ou des noms : tels ceux de la Caroline ou de la Louisiane. Encore ne doit-on pas manquer d’apprécier à sa valeur la magnifique survivance de l’établissement canadien devenu un des joyaux de la couronne d’Angleterre. Mais si dans ces parties du monde, un échec s’est produit — échec consacré par cette paix de 1763 dont le retentissement a pesé lourdement au dehors sur l’estimation des capacités coloniales françaises — le contraste n’en est que plus saisissant entre l’empire disparu et l’empire vivant.

Quelles que soient les dimensions atteintes par le premier aux temps de Colbert ou de Dupleix elles ne sauraient être comparées avec celles auxquelles était parvenu le second à la veille de la guerre de 1914 ; d’autant qu’il ne s’agit plus ici de possessions aux limites indécises et irrégulièrement exploitées, mais de régions où la domination est effective, la mise en valeur organisée, les frontières nettement tracées. L’empire colonial de la République avait à cette date une superficie globale d’environ 11.400.000 kilomètres carrés (plus de 21 fois celle de la France) avec une population de 47 millions d’âmes et son commerce annuel d’importations et d’exportations se totalisait à près de 3 milliards et quart.

Or en 1871, ce même empire représentait une superficie de moins d’un million de kilomètres carrés, une population inférieure à cinq millions, un commerce qui n’atteignait pas même 600 millions. On peut juger par là des progrès prodigieux accomplis en quarante ans. La République détient, à cet égard, une sorte de record dans les annales universelles, car si l’accroissement de territoire et de puissance réalisé rappelle les plus brillantes épopées de l’histoire, on découvrirait, en y prêtant l’attention voulue, que jamais pareils avantages ne furent obtenus à si bon compte, c’est-à-dire avec une si faible dépense proportionnelle d’hommes et de capitaux — et on serait autorisé à ajouter : avec autant de douceur, de tolérance et d’humanité. Les témoignages les plus impartiaux ont déjà préparé, sur ce point, le jugement de la postérité.

Ici encore la victoire est due à la persévérance, à la patience, à l’esprit de suite abondamment dépensés. Les contemporains toujours pressés ont pu récriminer (et ils ne s’en sont pas fait faute) sur la lenteur à utiliser Bizerte ou à occuper Tombouctou. L’histoire reconnaîtra qu’à force de prudence la Tunisie, le Tonkin, Madagascar, le Congo, le Dahomey sont entrés dans l’empire colonial français sans que la paix européenne ait couru, de ce chef, un risque sérieux ; elle louera dans la conduite de l’affaire du Maroc ou de celle des Nouvelles-Hébrides une possession de soi-même et une abnégation aussi rares que méritoires.

Depuis le jour où Jules Ferry reprenant avec un coup d’œil et un courage admirables l’entreprise de Colbert, donna à l’effort colonisateur l’impulsion décisive, cet effort ne s’est plus ralenti. Il a suivi un cours régulier, lent mais sûr. Son meilleur agent a été le soldat français, tour à tour combattant et pionnier, explorateur, architecte, ingénieur, maître d’école, voire même archéologue. Derrière lui, le personnel civil d’improvisation moins aisée s’est formé peu à peu ; des gouverneurs ont paru dont les noms s’inscrivent à côté de ceux d’un Frontenac ou d’un André Brüe, leurs illustres prédécesseurs.

On a médit de l’administration centrale, de son étroitesse dans la conception et de sa routine dans l’exécution. Il est probable que les critiques ultérieurs, jugeant de haut et de loin, apprécieront au contraire la souplesse dont, à maintes reprises, elle a fait preuve dans le choix et l’application des méthodes. La passion d’uniformité qui a si souvent nui aux œuvres du génie français, n’a point fait sentir cette fois ses ravages. Des formules très diverses ont été employées, allant du protectorat complet au « métropolitanisme » absolu. Et ce seul recours simultané à des principes si opposés est symptomatique de l’évolution de l’esprit public.

Il ne pouvait être question dans ces pages brèves, d’insister sur le détail de l’outillage économique. Le lecteur trouvera pourtant quelques indications intéressantes à ce sujet, notamment en ce qui concerne la longueur kilométrique du réseau ferré et du réseau télégraphique coloniaux à la date de 1913, le débit d’eau fourni par les puits artésiens du Sud algérien, l’achèvement de grands travaux publics comme le fameux pont du Fleuve rouge à Hanoï… Cela suffit à rappeler que s’il reste beaucoup à faire — par exemple le Transsaharien autour duquel on a tant tergiversé, — il a été fait beaucoup déjà.

De même, en évoquant le passé, nous n’avons pu citer toutes les « compagnies » de colonisation écloses sous l’ancien régime. Entre 1600 et 1700, il en a été relevé 65 et la liste est reconnue incomplète. Même protégées par Henri IV, Richelieu ou Louis XIV, la majorité d’entre elles ont périclité pour des causes multiples dont le « continentalisme » souvent obligatoire de la politique française fut, à coup sûr, l’une des plus agissantes et des plus fréquentes. Mais le découragement ne s’ensuivit point ou, du moins, il ne fut jamais que très passager.

Ainsi s’affirme, une fois de plus, cette persévérance individuelle qui fut vraiment le ciment de la France coloniale. C’est toujours ce mot qui vient aux lèvres lorsqu’on cherche à qualifier le grand mouvement plus de cinq fois séculaire auquel des Français de toutes les conditions et de toutes les opinions ont collaboré et qui, ayant trouvé dans la « paix armée » de la fin du xixe siècle l’occasion d’un épanouissement définitif, constitua à la fois pour la France la compensation des déceptions passées et la préparation des vaillances nécessaires aux luttes du lendemain.

Premier empire colonial français

(1365-1763)


1365


Premiers établissements fondés sur la côte de Guinée : le Petit Paris, le Petit Dieppe.

1402


Jean de Béthencourt, Chambellan de Charles vi, s’empare des Îles Canaries, en opère la conquête en deux ans et s’en proclame souverain.

1488


Jean Cousin part de Dieppe, à la recherche des Indes Orientales.

1503


Paulmier de Gonneville part de Honfleur et débarque au Brésil nommé par lui : terre des perroquets. Il en ramène le fils d’un chef qui s’établit en Normandie et épouse sa fille. — Les Ango à Dieppe.

1504


Denis de Honfleur débarque dans la baie de Bahia.

1508


Thomas Aubert ramène à Rouen sept Brésiliens.

1518


Premier établissement français au Canada.

1520


Douze français accompagnent Magellan autour du monde. — Une compagnie française fonde un établissement en Algérie pour la pêche du corail. — Francois Ier visite Le Havre qu’il vient de fonder sur un emplacement déjà désigné par Louis XII.

1529


Jean Parmentier, surnommé « il gran capitano francese », explore Sumatra, les Moluques, les Maldives, Madagascar.


1530


Jean III de Portugal ayant ordonné, en 1523, de couler les navires français dans les eaux brésiliennes, Jean Ango détruit en représailles l’établissement de Pernambouc, capture 300 bateaux, puis remonte le Tage jusqu’à Lisbonne et impose la paix.

1534-35


Jacques Cartier, de Saint-Malo remonte le Saint-Laurent jusqu’au lieu où sera bâti Montréal. — Première association de marchands rouennais pour le commerce du Brésil.

1536


Un traité de commerce franco-turc étend à tout l’empire ottoman les avantages commerciaux déjà concédés aux Français en Égypte.

1537


Une flotte française accomplit le tour de la Méditerranée en faisant escale le long des côtes.

1541-42


Jacques Cartier et Roberval créent deux établissements au cap Breton et dans l’île d’Orléans.

1555


Expédition de Villegageux qui, inspiré par Coligny, se rend à Rio-de-Janeiro et y fonde une colonie mi-protestante, mi-catholique que ne tardent pas à détruire la guerre civile d’une part et les Portugais de l’autre.

1561


La compagnie de négociants marseillais qui a obtenu le privilège de la pêche du corail sur la côte d’Algérie, y bâtit une maison dite « Bastion de France ».

1562


Expédition organisée par Coligny et confiée à Jean Ribaud, de Dieppe, à destination de la Floride. Ribaud débarque au nord et nomme le pays : Caroline, en l’honneur de Charles ix.

1564


Nouvelle expédition confiée au poitevin Laudonnière.

1565


Sept navires envoyés dans la Caroline sous le commandement de Jean Ribaud. Les Espagnols s’emparent du fort Caroline, dispersent les vaisseaux et forcent Ribaud à capituler près de San Augustine. Massacre de 900 français.

1567-68


Charles ix n’ayant pas le loisir de les venger, de Gourgues, gentilhomme de Mont-de-Marsan, part de Bordeaux avec 200 hommes et débarque en Floride. Il fait sauter le fort, massacre 400 Espagnols et revient en France.

1582


Des Normands, chassés de Guinée par les Portugais occupent l’emplacement de Saint-Louis du Sénégal.

1588


Henri iii concède à trois neveux de Cartier le privilège du commerce des pelleteries au Canada.

1591


Exploration des îles Saint-Pierre et Miquelon qui feront partie de la Nouvelle France.

1598


Henri iv nomme lieutenant général pour l’Amérique le marquis de la Roche qui se ruine dans une entreprise hasardeuse.

1599


Fondation d’une compagnie de commerce pour le Canada et l’Acadie.

1600


Fondation de trois compagnies visant Sumatra et Java, les pays Barbaresques et les « mers orientales ».

1601


Des marins dieppois fondent un premier établissement français à Madagascar.

1602


De Chastes, gouverneur de Dieppe, fonde une compagnie de commerce entre gentilhommes et négociants de Rouen et de La Rochelle.

1603


Premier voyage de Champlain en Amérique.

1604


Henri iv fonde une compagnie de commerce pour l’Inde. — Adalbert de La Ravardière, cadet de Gascogne, reconnaît les côtes de la Guyane et prend possession du pays au nom du roi de France.

1605


Second voyage de Champlain ; fondation de Port-Royal en Acadie et exploration des côtes.

1608


Fondation de Québec par Champlain.

1611


Fondation du fort du Saut Saint-Louis, au Canada, par Champlain.

1614-15


Découverte des lacs Huron, Michigan et Supérieur par Champlain. — Fondation de la compagnie de la Nouvelle France entre gens de Saint-Malo, Rouen et La Rochelle.

1626


Un groupe de colons rouennais s’établissent en Guyane. — Fondation de la compagnie « des Îles de Saint-Christophe, la Barbade et autres à l’entrée du Pérou ».

1627


Fondation de la compagnie des Cent associés pour le commerce du Canada.

1628-29


Les Anglais ayant, pendant la régence de Marie de Médicis, ravagé l’Acadie, s’attaquent au Canada et s’emparent de Québec.

1631


Traité de commerce avec le sultan du Maroc. Consulats à Marrakech et à Saffy.

1632


Paix de Saint-Germain ; les Anglais rendent le Canada. — Rigaud, de Dieppe, débarque à Madagascar pour y fonder un établissement.

1633


Des compagnies françaises se forment pour faire le commerce au Sénégal et en Guinée.

1635


Fondation de Saint-Pierre de la Martinique. D’Enambuc et ses compagnons prennent, vers ce temps, possession de Saint-Christophe, de la Guadeloupe, de la Martinique. Des boucaniers français s’établissent à Saint-Domingue. — Fondation d’une compagnie dite des « Îles d’Amérique ».

1638


Un marin français « prend possession » de l’Île Bourbon.

1640


Traité avec le dey d’Alger ; stipulant divers avantages pour le commerce français.

1643


Richelieu ayant fait occuper l’Île Bourbon et ratifié les initiatives privées à Madagascar, il est constitué après lui une « compagnie de l’Orient » pour le commerce de l’île ; Pronis, agent de la compagnie s’y installe. — Occupation de Ste Marie de Madagascar. — Fondation de Fort-Dauphin. — Trois cent colons partis de Dieppe s’établissent en Guyane dans l’île de Cayenne.

1648


La compagnie de Madagascar y envoie de Flacourt, un de ses directeurs.

1651


Fondation de la compagnie de la France équinoxiale pour le commerce de la Guyane.

1656


Jean Bourdon découvre la baie d’Hudson.

1660


Fondation d’une compagnie de commerce, dite de la Chine, qui sera réorganisée en 1698 et 1712.

1661


Fondation de Montréal.

1662


Le Canada devient possession de la Couronne. — Expédition du duc de Beaufort avec 93 vaisseaux et 6.000 hommes contre les pirates algériens ; tentative de débarquement à Djidjelli.

1663


Premiers forts élevés sur les rivages de la baie d’Hudson.

1664


La compagnie des Cent associés ayant été dissoute, le monopole du commerce au Canada est attribué à la compagnie des Indes occidentales. — Colbert attribue Madagascar à la compagnie des Indes orientales sous le nom de France orientale, mais le nom d’île Dauphine prévaut. — Une expédition française conduite par de la Barre reprend possession de Cayenne où s’étaient établis les Hollandais.

1665


Le bey de Tunis concède des avantages commerciaux à la France et reconnaît la préséance du consul français sur les consuls des autres puissances à Tunis. — D’Ogeron prend aux Espagnols la partie occidentale de St-Domingue.

1666


Au Canada, le marquis de Tracy vient à bout des Iroquois alliés des Anglais. L’intendant Talon réclame et obtient l’abolition du monopole. Les soldats du célèbre régiment de Carignan reçoivent des facilités pour se fixer au Canada.

1667


Traité de Bréda ; l’Angleterre rend l’Acadie. — Quelques aventuriers s’enfoncent dans le Far-west et atteignent les Montagnes rocheuses.

1668


Fondation du comptoir de Surate, premier établissement français dans l’Inde, par Caron, un des directeurs de la compagnie et du comptoir de Mazulipatam. — Le père capucin Honoré négocie un traité de commerce franco-persan. — Fondation d’une compagnie du Nord pour le commerce des bois et goudrons de Norvège.

1670


Fondation d’une compagnie du Levant pour le commerce des soieries et cotons d’Asie Mineure.

1671


Cavelier de la Salle descend l’Ohio et atteint le Mississipi. — Fondation d’un premier village à l’île Bourbon. — Établissement fondé à Whydah (Dahomey).

1672


Une escadre française s’empare de San Thomé, sur la côte de Coromandel. — Le comte de Frontenac, gouverneur du Canada.

1673


Louis Jolliet, le père Marquette et cinq Français descendent le Wisconsin, puis le Mississipi jusqu’à l’Arkansas. — Fondation d’une Compagnie du Sénégal pour la traite des noirs, réorganisée en 1679 et 1696.

1674


Fondation de Pondichéry ; Martin, gouverneur français (1671-1701). Édit par lequel le roi déclare unis au domaine de la Couronne le Canada et les Antilles.

1678


D’Estrées enlève Tabago aux Hollandais.

1679


La Salle atteint à nouveau le Mississipi en descendant l’Ohio.

1681


La Salle descend tout le cours du Mississipi avec 23 Français et 25 Indiens dans des canots en écorce.

1682


La Salle atteint le delta et prend possession de la « Louisiane » au nom de Louis XIV (9 avril). — Bombardement d’Alger par Duquesne en représailles des actes de piraterie des deys algériens. — Aux Antilles, depuis 1661, on a occupé Sainte-Lucie, Grenade, la Dominique, St-Barthelemy. Colbert a protégé les flibustiers de Saint-Domingue et enlevé aux Espagnols la partie occidentale de l’île où Ogeron de Boire cherche à fonder une colonie modèle. — De Saint-Domingue une expédition dirigée sur Panama a tenté de s’établir dans l’isthme.

1683


Mort de Colbert et apogée du premier empire colonial français.

1685


Louis XIV envoie une mission de Jésuites français à Pékin. — Des forts français créés à Détroit et à Niagara.

1686


Malgré les insuccès des essais colonisateurs de la compagnie de Madagascar, Louis XIV réunit officiellement l’île à la France. Pendant 60 ans aucun établissement nouveau ne sera tenté, mais les navires français continueront à trafiquer sur les côtes sans que les autres nations essaient d’y prendre pied. — Une mission siamoise est envoyée à Louis XIV pour demander alliance et protection.

1687


Cavelier de la Salle recherche, par mer, l’embouchure du Mississipi. Il est tué et dépouillé par son escorte.

1688


Fondation de Chandernagor. — Bombardement d’Alger par d’Estrées. — La Mothe-Ayron explore le cours de l’Oyapock.

1690


Les Anglais, profitant de la guerre de la ligue d’Augsbourg, s’efforcent de prendre Québec et sont battus sous les murs de la ville. — Les Hollandais prennent Pondichéry qu’ils rendront à la paix.

1697


Le traité de Ryswick laisse les choses en l’état. — Guerre de la succession d’Espagne ; les Anglais enlèvent l’Acadie et échouent devant le Canada défendu par le marquis de Vaudreuil.

1699


Le Moyne d’Iberville jette l’ancre devant Biloxi et quelques jours plus tard trouve les bouches du Mississipi, en vain cherchées par La Salle.

1699-1700


Les Français fondent à Biloxi le premier établissement français sur le golfe du Mexique.

1700


Le Sueur remonte le Mississipi jusqu’au saut Saint-Antoine et construit un fort sur la rivière Saint-Pierre ; Bienville explore la Rivière rouge ; fondation de la mission de Kaskakias sur le Mississipi.

1701


Fondation du comptoir de Calicut ; Pondichéry devient la capitale de l’Inde française ; Martin, premier gouverneur général (1701-1706). — Fondation de la compagnie de l’Asiento pour le commerce des Indes espagnoles.

1702


Fondation de Mobile (Alabama) par les Français sur l’ordre de d’Iberville, gouverneur de la Louisiane.

1707


À la mort de l’empereur Aureng Zeb qui tenait en respect les négociants anglais, hollandais et portugais, les compagnies anglaise et française émancipées commencent à devenir puissances territoriales et leur rivalité s’accentue. — André Brüe, gouverneur du Sénégal (1707-1723), jette les bases de la prospérité de la colonie.

1713


Traité d’Utrecht ; Louis XIV cède Terre-Neuve, l’Acadie et les territoires de la baie d’Hudson, ainsi que la partie de la Guyane aux limites mal définies, limitrophe du Brésil. — La compagnie d’Afrique fonde des comptoirs à Bône et à Collo.

1714-15


Juchereau de Saint-Denis passe de la Rivière rouge au Rio grande.

1716-17


Fondation du premier poste des Natchitotchez en Louisiane.

1717


La compagnie d’Occident décide la fondation de la Nouvelle-Orléans et en désigne les fonctionnaires ; les travaux sont commencés l’année suivante.

1719


Prise de Pensacola aux Espagnols de Floride par les troupes françaises de la Louisiane ; La Harpe remonte la Rivière rouge. — La compagnie d’Afrique est absorbée par la compagnie des Indes réorganisée.

1720


Fondation de Louisbourg dans l’île du Cap Breton. — Deux expéditions françaises sont organisées en vue de prendre possession du Texas.

1721


Les Français de Bourbon occupent l’île Maurice abandonnée en 1712 par les Hollandais et la nomment, île de France. Le roi la concède à la compagnie des Indes orientales. — La Nouvelle Orléans est érigée en capitale de la Louisiane ; La Harpe explore l’Arkansas.

1722-28


Bourgmont explore le Missouri et fonde le fort d’Orléans.

1725


Occupation de Mahé où existe un comptoir depuis 1722.

1729


Le sergent La Haye, parti de la Guyane, explore le Haut Yari, découvre et reconnaît la chute redécouverte plus tard par Crevaux et baptisée par lui : chute du désespoir.

1735


Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de France pour la compagnie des Indes, met l’île en valeur, construit des routes, des ports et développe la culture.

1736-43


La Verandrye explore le nord des Grands lacs et reconnaît les Montagnes rocheuses.

1739


Dumas, gouverneur dans l’Inde (1735-41), fait reculer les Mahrattes et est créé nabab par le Grand mogol. — Acquisition de Karikal.

1741


Dupleix, gouverneur de Chandernagor, est nommé gouverneur général. — Création des Cipayes par Dupleix.

1744


Le nombre des colons canadiens, depuis 1713, s’est élevé de 25.000 à 50.000. Une ligne de forts a été établie sur l’Ohio pour unir le Canada à la Louisiane.

1746


La Bourdonnais amène des renforts improvisés à Dupleix, menacé dans Pondichéry ; prise de Madras. La bataille de San Thomé (4 nov.), où 230 Français et 700 Cipayes l’emportent sur 100.000 Hindous, ruine le prestige des armées indigènes en montrant la supériorité militaire des Européens.

1748


Pondichéry assiégée par les Anglais. Victoire de Dupleix. Par le traité d’Aix-la-Chapelle, Louis XV qui fait la guerre « en roi et non en marchand », restitue Madras ; les Anglais rendent Louisbourg pris par eux en 1741.

1749


Poivre, agent de la compagnie française des Indes, fonde un établissement en Indo-Chine, dans la baie de Tourane.

1750


Guerre pour la succession du Dekkan et du Carnatic. Dupleix, La Touche et Bussy écrasent la cavalerie mahratte dans quatre batailles. Dupleix, à l’apogée de sa puissance, obtient la cession de cinq provinces dont il forme un véritable royaume, sur la côte orientale. Les Anglais n’ont plus guère que Madras. Leurs intrigues à Versailles. — Fondation de Yanaon. — À Madagascar, la reine Béty, épouse du sergent français La Bigorne, reconnaît le protectorat de la France et lui donne l’île de Sainte-Marie (1750-1767).

1754


Rappel et disgrâce de Dupleix. Godeheu, son successeur, signe avec les Anglais un traité par lequel les compagnies rivales renoncent à leurs possessions et s’interdisent d’intervenir dans les affaires de l’Inde.

1755


Au Canada, Vaudreuil repousse les assaillants du fort Duquesne (Pittsburg).

1756


Montcalm amène des renforts. Prise des forts Ontario et Oswego. Les Indiens alliés de la France attaquent la Nouvelle Angleterre.

1757


Prise de Chandernagor par Clive.

1758


Les Anglais ayant porté leurs forces à 80.000 hommes, prennent les forts Louisbourg et Frontenac. Montcalm remporte sur eux la victoire de Carillan. — Les Anglais s’emparent du Sénégal.

1759


Bataille des plaines d’Abraham ; mort de Wolfe et de Montcalm. Capitulation de Québec.

1760


Au Canada, M. de Lévis défend les forts ; ils succombent l’un après l’autre. — Dans l’Inde, Bussy est fait prisonnier au combat de Vandavachi.

1761


Lally Tollendal, successeur de Godeheu, capitule dans Pondichéry.

1763


Traité de Paris. Les Anglais rendent démantelées Pondichéry et Chandernagor, mais la France perd le Canada, la vallée de l’Ohio, la Louisiane, Saint-Vincent, la Dominique et le Sénégal.

Deuxième empire colonial français

(1768-1814)


1768


Bougainville, encouragé par le futur Louis XVI, parcourt l’Océanie et reconnaît les Pomotou, Tahiti, la Nouvelle-Guinée, les Nouvelles-Hébrides, etc. — Tentative du comte de Maudave à Madagascar.

1770


Traité du Bardo, conclu à la suite du bombardement de Bizerte et de Sousse par les marins français et confirmant les privilèges français relatifs à la pêche du corail en Tunisie. — Le privilège de la compagnie des Indes, qui a été suspendu en 1769, est aboli.

1772


Le capitaine Kerguelen prend possession de l’archipel qu’il a découvert.

1773-86


Tentatives de Beniowsky à Madagascar où, en 1767, le gouverneur de l’Île de France a fait occuper Foulepointe.

1779


Guerre d′Amérique. La marine française a été réorganisée par Choiseul et Sartine après quatre-vingt-ans de décadence. — Fondation d’une nouvelle compagnie pour le commerce du Sénégal que les Anglais évacuent. — Prise de Saint-Louis par le duc de Lauzun.

1782


Le bailli de Suffren remporte la victoire de Madras et reprend Pondichéry.

1783


Victoire de Gondelour remportée par Suffren. — Traité de Versailles ; restitution du Sénégal à la France, ainsi que des cinq villes de l’Hindoustan, de Saint-Pierre, Miquelon, Tabago et Sainte-Lucie.

1785


La compagnie des Indes est reconstituée avec ses privilèges et son monopole.

1786


Pose de la première pierre de « l’Académie française des Sciences et des Beaux-Arts », à Richmond en Virginie.

1787


La Pérouse découvre les îles des Amis, les îles Norfolk et aborde à Botany Bay ; sa mort à Vanikoro. — L’évêque Pigneau de Behaine, en Indo-Chine (1787-1798). Traité négocié par lui entre Louis XVI et Gia-Long par lequel le souverain annamite cède à la France Poulo-Condore et la baie et la ville de Tourane. — Occupation de Dakar.

1789


Les « Cahiers » de 89 se montrent très favorables aux entreprises coloniales.

1790


Le commerce des Indes est déclaré libre et ouvert à tous.

1791


D’Entrecasteaux, à la recherche de La Pérouse, parcourt les mêmes archipels et aborde à la terre de Van Diemen. — Création en France de 34 écoles de navigation.

1792


L’assemblée législative accorde aux colonies une représentation au Parlement. — Mission donnée par l’assemblée à Lescallier, qui se rend à Madagascar et dans l’Inde.

1792-99


Résistance de l’île de France et de l’île de la Réunion (Bourbon) aux Anglais. Victor Hughes, envoyé aux Antilles par la Convention, chasse les Anglais de la Guadeloupe et de Sainte-Lucie.

1794


Abolition de l’esclavage (4 février).

1793-95


Les corsaires français s’emparent de près de 500 navires anglais. — Le « Vengeur » périt dans la bataille du 1er juin 1794, en défendant un convoi venu de Saint-Domingue.

1795


Traité de Bâle. L’Espagne cède la partie espagnole de Saint-Domingue.

1797


Expédition d’Égypte. Lettre de Bonaparte à Tippo-Saïb ; ses projets. Les troupes françaises en Égypte (1798-1801).

1800


L’Espagne cède la Louisiane et promet la Floride. — Courses de Surcouf dans l’océan Indien. — Prise de Gorée par les Anglais.

1801


Expédition du général Leclerc à Saint-Domingue (1801-1803). Fièvre jaune et soulèvement des nègres ; échec de l’expédition. — Le Portugal rend la moitié du territoire contesté entre le Brésil et la Guyane.

1802


Une ambassade tunisienne vient saluer Bonaparte. — Paix d’Amiens. — L’Angleterre rend la Martinique, Gorée et les établissements de l’Inde. — Mission commerciale du général Sebastiani dans le Levant. — Mission du général Decaen à l’île de France. — Rétablissement du « Pacte colonial » aboli par la Convention.

1803


Le Premier consul, à la suite de l’échec de l’expédition de Saint-Domingue, vend la Louisiane aux États-Unis.

1804


Le général Decaen, gouverneur des possessions françaises de la mer des Indes, fait de Tamatave le centre des établissements de Madagascar.

1808


Napoléon envoie un émissaire au français Jacques de Liniers, devenu vice-roi de La Plata.

1810


L’Angleterre a repris peu à peu toutes nos colonies ; l’île de France succombe la dernière.

1811


Prise de Tamatave par les Anglais.

1814


Traité de Paris. L’Angleterre rend quelques colonies, mais garde Sainte-Lucie, Tabago et l’île de France.

Troisième empire colonial français

(1830-1915)


La Restauration est peu coloniale mais, de 1815 à 1830, les ministres de la marine, Dubouchage, Molé, Portal, le marquis de Clermont-Tonnerre, Hyde de Neuville reconstituent la marine française. En 1828, le célèbre voyageur français René Caillé, pénètre à Tombouctou où nul Européen n’est jamais parvenu encore. Une tentative pour nouer des relations avec le successeur de Gia Long, empereur d’Annam, échoue. À Madagascar, où le général Dacaen l’a jadis installé comme représentant français, Sylvain Roux continue de défendre nos intérêts. Et en 1829, la flotte française bombarde Tamatave et s’en empare, cependant que Caillé est nommé résident à Bammako, poste qu’il n’occupera pas. Tout se prépare pour la reprise de l’activité coloniale.

1830


Prise d’Alger et établissement de la domination française. — Premier traité du Bardo signé entre la France et la Tunisie ; abolition définitive de l’esclavage chrétien. Mathieu de Lesseps, consul de France et ami du bey, l’amène à accepter une sorte de protectorat français.

1831


Occupation d’Oran.

1832


Création des « Bureaux arabes ». Occupation de Bône. Révolte d’Abd-el-Kader.

1833


Prise du Bougie. Création du poste de gouverneur général de l’Algérie.

1836


Occupation de Tlemcen.

1837


Traité de la Tafna, conclu avec Abd-el-Kader et lui concédant des droits sur une partie de l’Oranie. Création de la Direction des affaires arabes. Essais de colonisation militaire du général Bugeaud. Fouilles de Lambèse. Prise de Constantine. Tentatives d’intervention turque. À partir de 1837 une flotte ottomane se dirigera chaque année vers l’Algérie et sera tenue en respect par la flotte française (1837-1855). — Dans la Casamance, fondation du comptoir de Sedhiou.

1838


Signature d’une convention d’amitié avec Pomaré iv roi de Tahiti.

1839


Le commandant Bouët-Willaumez signe, au Gabon, un premier traité avec les indigènes. Occupation de l’estuaire du Gabon.

1840


Les territoires sakalaves de la côte occidentale de Madagascar sont placés sous le protectorat français. — Ordonnance de réorganisation du Sénégal, insistant sur les « intérêts du commerce ». — Campagne de Changarnier et de Lamoricière en Algérie ; prise de Cherchell, Médéah et Miliana.

1841


Occupation de Mascara et de la région Mostaganem-Oran-Tlemcen. — Cession de Nossi-Bé et de Mayotte.

1842


Le père Chanel, débarqué aux îles Horn en 1837, réussit à y faire accepter le protectorat français.

1843


Prise de la smala d’Abd-el-Kader. Les marchandises françaises importées en Algérie auront la franchise, mais la douane continue à percevoir un droit d’entrée sur les produits algériens en France. — Comptoirs français établis à Assinie et Grand-Bassam. Traité avec Amatifou, roi d’Assinie. — Voyages de Raffenel (1843 et 1846) qui cherche à atteindre le Nil par le Sokoto et le Soudan central. — Première prise de possession de la Nouvelle-Calédonie.

1844


Bataille d’Isly gagnée par le maréchal Bugeaud. Occupation de Biskra et de Laghouat. — Le sultan du Maroc ayant soutenu Abd-el-Kader, l’escadre du prince de Joinville bombarde Tanger et Mogador. — Le souverain des îles Walis, que le père Bataillon, missionnaire, a, depuis sept ans, complètement gagné à l’influence française, accepte le protectorat de la France. — Le protectorat est également établi sur les îles Gambier.

1845


Les Hovas qui, en 1825, avaient surpris et chassé les postes français restant à Madagascar, molestent à leur tour les colons anglais auxquels ils avaient d’abord témoigné de la bienveillance. Des navires franco-anglais bombardent Tamatave et opèrent un débarquement qui échoue. — Traité de Lalla-Maghnia fixant la frontière du Maroc et de l’Algérie.

1846


Premières explorations de du Chaillu, Walker, de Compiègne et Marche en Afrique. — Visite du bey de Tunis à Paris. — Le protectorat français établi en 1843 sur l’archipel de Tahiti est définitivement confirmé.

1847


Reddition d’Abd-el-Kader au général Lamoricière. — Intervention en Annam ; bombardement des forts de Tourane et destruction de la flotte annamite.

1848


Premier essai de gouvernement civil en Algérie (1848-1851), le gouverneur général restant militaire.

1849


Fondation de Libreville au Gabon. — Réduction de l’oasis de Zaatcha en Algérie. — Insurrections incessantes (1849-1851) des montagnards de la Kabylie et de l’Aurès.

1850


Explorations du P. du Chaillu ; voyage de Panet, de Saint-Louis du Sénégal à Mogador.

1852


On reprend pied à Grand-Bassam délaissé après l’occupation de 1843. — MM. Laborde et Lambert, établis à Madagascar, s’efforcent d’y préparer un protectorat effectif de la France.

1853


Prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances. — Les îles Gambier deviennent colonies françaises.

1854


Fondation de Nouméa. — Occupation de Tougourt. — Découverte des gisements aurifères de Guyane. — Au Sénégal, où les gouverneurs se sont succédés depuis trente ans sans politique précise, un programme est rédigé sur les plaintes et réclamations des commerçants de Bordeaux et du Sénégal et remis au nouveau gouverneur, le commandant Faidherbe (1854-1865). Il châtie les indigènes qui pillent les villages et les caravanes aux environs de Saint-Louis, établit des postes fortifiés sur le fleuve et construit le poste de Médine.

1855


L’agent consulaire de France achète au sultan de Tadjourah le territoire d’Obock.

1856


Exploration de P. du Chaillu sur l’Ogooué. — Insurrection kabyle en Algérie. — Mission du capitaine de Bonnemain à Ghadamès (1856-1857).

1857


Le poste de Médine attaqué par les Toucouleurs est sauvé par Faidherbe. — Fondation de Grand Popo sur la côte des Esclaves. — Expédition du maréchal Randon en Kabylie ; soumission définitive du pays. — Convention réglant les droits de pêche à Terre-Neuve.

1858


Le prince Jérôme Napoléon, « ministre de l’Algérie » (1858-1860). — À la suite du massacre de missionnaires en Indo-Chine et de l’échec d’une mission pacifique confiée à M. de Montigny, l’amiral Rigault de Genouilly s’empare de Tourane. — Annexion des îles Marquises. — Prise de possession de l’îlot Clipperton.

1859


Prise de Saïgon. Par suite de la guerre d’Italie et de l’expédition de Chine, Tourane est évacué mais Saïgon, assiégé, résiste. — Commencement des travaux du canal de Suez (25 avril). — L’explorateur Duveyrier, âgé de 19 ans, pénètre au Touat.

1860


Napoléon iii se rend en Algérie et y reçoit le bey de Tunis. Le maréchal Pélissier, gouverneur général. — Reconnaissances de Vincent dans l’Adrar et du lieutenant Lambert dans le Fouta Djallon. — Un gouverneur français est installé à la Nouvelle-Calédonie. — Campagne de Syrie (1860-1861), pour protéger les Maronites contre les Druses.

1861


Fin de l’ancien « Pacte colonial » ; plus de privilèges pour le commerce français aux colonies ; elles sont libres de commercer avec l’étranger, afin d’avoir désormais « l’accès de la voie libérale et féconde ouverte à la France » (allusion au régime établi par les traités de commerce de 1860). — Traité avec Radama ii, roi de Madagascar. — La campagne est reprise en Indo-Chine par l’amiral Charner ; quelques victoires sont chèrement achetées autour de Saïgon.

1862


Tu Duc, empereur d’Annam, cède à la France par le traité de Saïgon, les trois provinces de Mytho, Bien Hoa et Saïgon avec l’archipel de Poulo-Condore et s’engage à verser une indemnité de 20 millions ; heureux débuts de l’administration française sous l’amiral de la Grandière. — Un traité signé à Paris ratifie l’acquisition d’Obock. — Nouveau voyage de Napoléon iii en Algérie.

1863


Fondation de Dakar. — Établissement du protectorat à Porto Novo par entente amicale avec le souverain du pays. — Le capitaine Doudart de Lagrée amène le roi du Cambodge Norodom, à signer un traité établissant le protectorat de la France. Le capitaine explore ensuite le cours du Mékong et le Laos. — Politique du « royaume arabe » en Algérie. Napoléon se proclame « l’empereur des Arabes », visant à développer la prospérité par le travail et la propriété indigènes, secondés par les capitaux de la métropole, mais sans encourager les français à se fixer dans le pays ; arrêt dans le mouvement colonisateur.

1864


Convention avec l’Angleterre qui occupe Lagos sur la côte d’Afrique. — Fondation de Petit Popo. — Le roi de Dahomey cède Kotonou, mais le protectorat laissé sans ressources ni organisation est attaqué par les Dahoméens et les Anglais et momentanément abandonné. — La Turquie cherche à reprendre la régence de Tunis ; activité italienne et anglaise à Tunis. — Prise de possession des îles Loyalty. — Le lieutenant de vaisseau Mage et le Dr  Quintin arrivent à Segou, capitale du roi Ahmadou. — Le maréchal de Mac-Mahon, gouverneur général de l’Algérie. — La Nouvelle-Calédonie devient un lieu de déportation pour les criminels.

1865


Luttes locales au Sénégal ; fondation de postes et de comptoirs dans la région des rivières du sud. — Tentatives des Anglais pour s’emparer du territoire de Porto Novo. — Voyage de Mage au Niger ; essai de pénétration au Soudan.

1867


La cour de Hué ayant provoqué d’incessantes révoltes contre l’autorité française en Cochinchine, l’amiral de la Grandière, gouverneur, reçoit l’ordre d’occuper les trois autres provinces de la Basse Cochinchine. — Le dernier voyage de Doudart de Lagrée au Mékong et à Luang Prabang démontre la supériorité des voies fluviales du Tonkin. — Famine en Algérie.

1868


Fondation d’Agoué et de Porto Seguro au Dahomey. La cession de Kotonou est confirmée par un traité signé à Whydah. — Nouveau traité signé à Tananarive et confirmant le précédent. — Des négociants et armateurs de Marseille achètent le territoire de Cheikh Saïd sur la mer Rouge.

1869


Inauguration du canal de Suez. — Aymès reconnaît le cours de l’Ogooué. — Constitution d’une commission financière internationale à Tunis.

1870


Restauration du régime civil en Algérie. — Évacuation des postes de la côte de Guinée. M. Verdier, de La Rochelle, prend le titre de résident de sa propre autorité et réussit à conserver Grand Bassam à la France. — Décrets Crémieux attribuant la qualité de citoyens français aux israélites algériens.

1871


L’amiral de Gueydon, gouverneur de l’Algérie (1871-1873). Insurrection à laquelle près des deux tiers de la population indigène refusent de s’associer. Loi mettant 100.000 hectares à la disposition des Alsaciens-Lorrains désireux d’émigrer en Algérie.

1872


Premier voyage de Brazza au Gabon. — El Golea atteint par le colonel de Gallifet (1872-1873). — Explorations de Marche et du marquis de Compiègne dans l’Afrique équatoriale (1872-1874).

1873


Le général Chanzy en Algérie (1873-1879). Loi créant la propriété individuelle pour les indigènes. — Expédition de M. Dupuis, négociant, sur le Fleuve rouge ; son installation à Hanoï où il est molesté. Le lieutenant de vaisseau Garnier avec 175 hommes s’empare d’Hanoï et du delta ; les Annamites demandent l’appui des « Pavillons noirs », bandes de pirates chinois ; attaque d’Hanoï et mort de Garnier.

1874


Convention de Saïgon ; abandon d’Hanoï et du delta. — M. Roustan, consul général à Tunis (1874-1882) ; difficultés provenant de la situation prépondérante des consuls d’Angleterre et d’Italie sur lesquels le bey s’appuie. — Reprise des relations amicales avec l’Abyssinie, esquissées en 1843.

1875


Le colonel Brière de l’Isle, gouverneur du Sénégal. — Missions de Brazza, Ballay et Marche (1875-1878). — En Indo-Chine, explorations et voyages (1875-82). La convention de 1874, considérée par les indigènes comme une preuve de faiblesse, les encourage à la résistance. Malgré les efforts de M. Le Myre de Vilers, premier gouverneur civil de Cochinchine, la cour de Hué se rapproche du Tsong Li Yamen et envoie à Pékin des ambassades et des présents. — Les colons anglais aux Nouvelles-Hébrides s’unissent aux colons français pour demander le rattachement de l’archipel à la France.

1877


Difficultés à Madagascar ; agissements du missionnaire anglais Pickersgill (1877-1881). — Première exploration du Dr  Crevaux dans la région du Yari (Sud Amérique).

1878


Prise de Sabouciré (Soudan) sur les Toucouleurs. — Exploration de Paul Soleillet au Soudan. — Traité avec le roi de Dahomey qui reconnaît nos droits sur Kotonou. — Convention franco-anglaise pour la neutralisation des Nouvelles-Hébrides. — La France prend possession des îles Chesterfield. — Le Dr  Crevaux explore l’Oyapok et le Parou et va de Cayenne aux Andes par les affluents de l’Amazone.

1879


Au Sénégal le gouvernement prépare la marche sur le Niger ; fondation du fort de Bafoulabé. — Second voyage de Brazza au Congo (1879-1882) ; Makoko, roi des Batekés, accepte le protectorat français. — A. Grévy, gouverneur général de l’Algérie (1879-81). — Conférence internationale de Madrid au sujet du Maroc ; l’Allemagne et l’Autriche soutiennent la France qui refuse d’accepter la suppression des privilèges de ses « protégés ».

1880


Attaque d’Ahmadou ; traité dont le texte français et le texte indigène ne correspondent pas. — Le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes, à la tête d’une expédition (1880-1881), fonde le poste de Kita et atteint le Niger à Bammako. — Fondation de Franceville et de Brazzaville. — Abdication de Pomaré V ; Tahiti devient colonie française. — Higginson fonde une compagnie française pour l’exploitation des Nouvelles-Hébrides. — Le Dr Crevaux remonte le Magdalena, franchit les Andes et atteint l’Orénoque par le Guaviare.

1881


Incursions des Kroumirs en Tunisie et débarquement des troupes françaises ; envoi d’une escadre ottomane ; la France déclare qu’elle s’opposera par la force à tout débarquement turc et le considérera comme une déclaration de guerre ; la flotte ottomane se retire. Prise du Kef et traité du Bardo. Reprise de l’insurrection ; occupation de Bizerte ; prise de Sfax, Djerba, Gabès et Kairouan. En Algérie, gouvernement de M. Tirman (1881-1891) ; décrets rattachant les différents services à leurs départements respectifs ; délégations données au gouverneur général. Le général Saussier réprime la révolte de Bou Amana dans le sud Oranais. — Au Sahara, le colonel Flatters et sa colonne sont massacrés par les Touaregs ; au Soudan expédition contre Samory. — Traité conclu par le Dr  Bayol et établissant le protectorat sur une partie du Fouta-Djallon. — Convention anglo-française relative aux Nouvelles-Hébrides.

1882


J. Cambon, résident général à Tunis ; traité entre la France et le bey supprimant les capitulations. — Au Soudan, expédition sur Bammako et construction du fort de ce nom. — Occupation du Mzab ; installation définitive à Ghardaïa. — Le Parlement ratifie le traité Brazza et vote des crédits pour la « mission de l’Ouest africain ». — Protectorat de Porto Novo. — À Madagascar, le commandant de notre station navale doit se porter au secours du consul de France à Tananarive ; le gouvernement hova envoie son ministre des Affaires Étrangères à Paris ; négociations qui n’aboutissent pas ; les délégués hovas les rompent brusquement et quittent de nuit Paris pour Berlin ; ils se rendent de là en Amérique, mais ne réussissent pas à soulever l’opinion en leur faveur. — Dans la mer Rouge, Soleillet obtient pour la France les ports et rade de Sagallo. — En Océanie, les colons de Nouméa, dirigés par M. Higginson, forment en trois jours une société au capital de 500.000 francs et achètent dans les différentes îles du groupe plus de 400.000 hectares, ainsi que les établissements déjà fondés par les particuliers. — Intervention du marquis Tseng, ambassadeur de Chine à Paris, déclarant que son gouvernement ne reconnaît pas les traités franco-annamites. Envoi du commandant Rivière à Hanoï. Sur une nouvelle intervention du marquis Tseng, M. de Freycinet répond que « la France n’a aucune explication à fournir à la Chine ». — Exploration du Gran Chaco par le Dr  Crevaux ; il est massacré sur les rives du Pilcomayo.

1883


Traité de la Marsa établissent le protectorat français définitif sur la Tunisie. — Construction du chemin de fer de Bafoulabé qui doit relier le Sénégal au Niger. — Fondation de 26 postes au Congo ; explorations et traités avec les chefs indigènes (1883-1885). — À Madagascar, bombardement des côtes et prise de Majunga et de Tamatave. L’amiral Galiber reprend alors les négociations qui n’aboutissent pas, les Hovas escomptant le renversement du cabinet Ferry. — Ratifications par Ménélik de la cession de Sagallo ; installation définitive à Obock. — Au Tonkin, le commandant Rivière conquiert le delta mais, insuffisamment renforcé, il est attaqué par les Pavillons Noirs et tué avec 30 de ses compagnons. Une division navale du Tonkin est créée et confiée à l’amiral Courbet qui bombarde et prend les forts de Thuan An à l’embouchure de la rivière de Hué. L’Annam demande la paix ; le traité du 25 août 1883 établit le protectorat français sur l’Annam et le Tonkin et stipule la remise des douanes, l’occupation du Thuan An, etc… Mais la Chine envoie d’abord secrètement, puis ouvertement, des troupes au Tonkin et notifie, le 17 novembre, l’état de guerre en fait. Les Chinois sont défaits à Haï Dzuong. Prise de Sontay. — À Paris, création du Conseil supérieur des Colonies.

1884


Prise de Bac Ninh ; de Hong Hoa et de Tuyen Quan. Traité de Tien-Tsin (traité Fournier), du 11 mai ; mais à peine signé, survient la trahison chinoise de Bac Lé. La France dépose un ultimatum et la rupture s’en étant suivie, l’amiral Courbet pénètre dans la Rivière Min, y détruit, le 23 août, la flotte chinoise et le 24 l’arsenal de Fou Tcheou, puis redescend la rivière Min, en prenant à revers tous les forts et en les détruisant l’un après l’autre. Cette merveilleuse expédition ne lui coûte que 10 hommes. — Blocus de Formose. — À Pnom-Penh, M. Thompson impose au roi Norodom un traité abolissant définitivement l’esclavage et établissant le protectorat complet. — Pour pallier aux conséquences du Foreign Enlistment Act promulgué par l’Angleterre et interdisant le ravitaillement des navires français dans les ports anglais, des dépôts de charbon sont créés à Obock, Mahé et Pondichéry. — En Tunisie, institution de 13 Contrôleurs civils en résidence dans les principales villes et chargés de l’administration du pays. — Au Soudan, fondation des postes de Koundou et Niagassola. — Reprise du protectorat français sur la côte de Guinée. — Échange de lettres entre le président de l’Association internationale africaine et Jules Ferry, mentionnant les droits éventuels de la France à racheter l’État libre du Congo. — Jules Ferry étant parvenu à obtenir du parlement les crédits nécessaires, l’amiral Miot établit le blocus à Madagascar. — Occupation d’Ambado sur la mer Rouge. La maison de Marseille qui avait acquis le territoire de Cheik-Saïd le vend au gouvernement. — Le parlement de la Nouvelle-Zélande cherche à encourager l’exploitation des Hébrides par une compagnie anglo-australienne ; les colons de Nouméa, dirigés par Higginson, s’organisent à la hâte et arborent le drapeau tricolore à Mallicolo. — Conférence africaine de Berlin (1884-1885).

1885


Occupation des îles Pescadores et blocus du Petchili par l’amiral Courbet ; prise de Langson ; le général Brière de l’Isle pénètre à Tuyen Quan où le commandant Dominé tenait depuis 3 mois 1/2 avec 600 hommes contre 15.000 chinois. Surprise de Langson ; le parlement renverse le cabinet Jules Ferry. Les préliminaires de paix n’en sont pas moins signés et le traité de Tien Tsin (9 juin) reconnaît le protectorat de la République sur l’Annam et le Tonkin ; mort de l’amiral Courbet. — Sur la côte de Guinée traité de délimitation avec l’Allemagne qui a renoncé à ses prétentions sur le Koba et le Kabitaï, en échange de Petit Popo et de Porto Seguro, cédés au Togoland. — Les établissements de la côte d’Or sont repris par le gouvernement et rattachés au Gabon, puis au Sénégal, mais avec un résident particulier. — Samory défait par le commandant Combes ; campagnes du colonel Frey contre lui. — La Conférence de Berlin proclame la liberté de navigation sur le Congo et le Niger. — Prétentions portugaises sur Kotonou ; la France s’interpose entre le Cabinet de Lisbonne et l’Association africaine. — À Madagascar, blocus de la baie de Diego Suarez. Traité établissant la souveraineté de Ranavalo sous le protectorat français ; les affaires extérieures demeureront aux mains du résident général ; Diego Suarez est cédée en propriété et Tamatave restera occupé jusqu’au versement d’une indemnité de 10 millions ; M. Le Myre de Vilers, premier résident général. — Loi dirigeant sur la Guyane en qualité de « libérés », les récidivistes ayant déjà subi partie de leur peine en prison. — Compromis entre Londres et Paris relatif à Terre-Neuve et que le parlement Terre-neuvien refuse d’accepter.

1886


Traité de délimitation et d’échange avec le Portugal au Soudan. — Campagnes du colonel Gallieni contre Ahmadou et Samory (1886-1888). — Massacre du lieutenant Palat sur la route d’In Salah. — M. de Brazza est nommé commissaire général de la République au Congo français (1886-1895). — Les Comores sont placées sous le protectorat français (1886-1895). — Paul Bert, résident général à Hanoï, inaugure le gouvernement civil.

1887


Acquisition de Djibouti. — En Afrique, le chemin de fer atteint Aïn Sefra. — Le 16 août une mission française est devant Tombouctou, mais n’y pénètre pas. — Exploration du capitaine Binger (1887-1889). — Création du gouvernement général de l’Indo-Chine. — Des troupes françaises ayant été, l’année précédente, débarquées aux Nouvelles-Hébrides, l’Angleterre a protesté ; signature d’une nouvelle convention maintenant le régime antérieur. — Traité de délimitation avec l’État libre du Congo.

1888


Campagnes du colonel Archinard contre Ahmadou et Samory (1888-1891). — Mission du capitaine Binger dans la boucle du Niger. Kong sous le protectorat français.

1889


Les colons des Nouvelles-Hébrides (dont 42 Anglais), demandent à nouveau par voie de pétition, l’annexion à la France. — Première intervention armée au Dahomey (1889-1890) ; occupation de Kotonou et de Porto Novo ; traité. — Création d’un service mensuel de paquebots français entre Le Havre, Marseille et l’Afrique occidentale. — G. Bonvalot et le prince Henri d’Orléans traversent l’Asie par le Thibet.

1890


Prise de Segou Sikoro, capitale d’Ahmadou, par les troupes du colonel Archinard. — Deuxième mission Crampel au Tchad ; massacre de Crampel. — Missions Mizon, Monteil, Fourneau. — Convention anglo-française du 5 août ; la possession de l’hinterland du Sénégal et de la Guinée avec accès au lac Tchad, est reconnue par l’Angleterre. — Arrangement provisoire renouvelé annuellement entre la France et l’Angleterre relativement aux difficultés à Terre-Neuve. — Décret constituant le Soudan français en colonie semi-autonome.

1891


Occupation d’El-Golea. — Jules Cambon, gouverneur général de l’Algérie (1891-1897). — Campagne du colonel Humbert contre Samory. — Mission du Dr  Crozat au pays Mossi. — Voyage du commandant Monteil à Kano, au Bornou et au Tchad et retour par la Tripolitaine.

1892


Prise de possession des îles Saint-Paul et Amsterdam. — La France, le Portugal et l’État du Congo règlent le régime douanier du bassin occidental du Congo. — Formation d’un corps de méharistes pour la police du désert ; prolongation du chemin de fer au-delà d’Aïn-Sefra. — Difficultés avec le roi de Dahomey, Behanzin, auquel les Allemands vendent des armes et des munitions et achètent des esclaves ; conquête du Dahomey et prise d’Abomey par le général Dodds. — Brazza crée des postes dans la région de la Haute-Sangha (1892-1894).

1893


Prise de possession effective des îles Kerguelen. — Les Siamois ayant, depuis 1885, passé indûment le Mékong et cherché à pénétrer en Annam et à occuper les provinces annamites de la rive gauche, l’amiral Humann réussit à franchir les passes et apporte un ultimatum à Bangkok ; soumission du roi de Siam qui renonce à toutes prétentions sur la rive gauche du fleuve et livre Chantaboum en gage provisoire. — MM. Ballay, Binger et Ballot sont nommés gouverneurs de la Guinée française, de la Côte d’Ivoire et du Bénin, érigés en colonies distinctes. — Fondation de Carnotville sur l’Ouémé.

1894


Le lieutenant-colonel Bonnier occupe Tombouctou où les canonnières du Niger l’ont devancé ; sa mort. Le lieutenant-colonel Joffre établit l’autorité française dans la région. — Le gouverneur Liotard commence d’organiser les territoires de l’Oubanghi. — Création du ministère des Colonies. — Entente franco-allemande et entente franco-belge pour la délimitation des frontières avec le Cameroun et le Congo. — Chemin de fer Djibouti Harrar. — Commencement des travaux militaires du port de Bizerte.

1895


Expédition de Madagascar commandée par le général Duchesne. Prise de Tananarive et soumission définitive du gouvernement hova. — L’escadre française inaugure Bizerte ; un croiseur franchit le nouveau canal et vient mouiller dans le lac — Constitution du gouvernement général de l’Afrique occidentale française.

1896


Annexion de Madagascar et abolition de l’esclavage. Le général Gallieni, gouverneur général (1896-1905). — Convention franco-anglaise neutralisant le bassin du Ménam et reconnaissant le droit d’intervention de l’Angleterre dans la presqu’île de Malacca et de la France dans le Laos. — Traités internationaux mettant fin, en Tunisie, au régime des capitulations (1896-1897). — Le lieutenant de vaisseau Hourst opère la première descente du Niger depuis Kabara. — Départ de la mission Marchand.

1897


La mission Gentil atteint le Tchad. — La mission Marchand se dirige vers le Nil à travers le Congo et l’Oubanghi. — Traité de Rio de Janeiro, soumettant à l’arbitrage du président de la Confédération Helvétique la question des frontières litigieuses entre le Brésil et la Guyane française. — Convention de délimitation avec les Allemands pour le Togo et avec les Anglais pour les frontières entre la Côte d’Or et le Soudan, Lagos et le Dahomey.

1898


La France obtient de la Chine l’exploitation du chemin de fer du Tonkin à Yunnansen, la déclaration d’inaliénabilité des provinces chinoises limitrophes du Tonkin (Yunnen, Kouang Si, Kouang Toung) et de l’île d’Haïnan, la direction et l’organisation des postes chinoises, enfin la cession à bail de la baie de Kouang Tcheou Ouan. — Commencement des travaux du pont du Fleuve rouge à Hanoï. — Difficultés à propos du dépôt de charbon concédé par le sultan de Mascate. — Décrets créant l’autonomie administrative et financière en Algérie. — Samory est défait et capturé. — La mission Fourau-Lamy se dirige vers Zinder et le Tchad. — Marchand à Fachoda ; difficultés avec l’Angleterre. — Au Congo, essai de concession de quarante lots de grande étendue à des Compagnies françaises. — Traité franco-anglais délimitant l’Afrique occidentale.

1899


Traité anglo-français fixant la frontière de l’hinterland tripolitain. Le Tibesti et le Borkou sont attribués à la France qui renonce à toutes visées sur le Bahr el Ghazal. — Installation d’un résident français à Djibouti.

1900


La deuxième mission Gentil soumet tout le bassin du Tchad et du Chari. Rabah vaincu et tué. Mort du commandant Lamy. — Occupation des oasis du Touat et du Tidikelt, d’In Salah et d’Igli. — L’arbitrage suisse attribue au Brésil le territoire contesté situé entre l’Araguary et l’Oyapok.

1901


Conventions avec l’Espagne et l’Italie pour les délimitations de frontières au Rio de Oro et à la côte des Somalis. — Inauguration du câble français d’Oran à Tanger.

1902


Exposition d’Hanoï. — Inauguration du pont Doumer sur le Fleuve rouge, long de 2 kilomètres et demi. — Destruction de Saint-Pierre de la Martinique par l’éruption de la Montagne Pelée. — Convention du 7 octobre avec le royaume de Siam, stipulant l’évacuation de Chantaboum contre la rétrocession au Cambodge des provinces cambodgiennes, anciennement conquises par le Siam. — Création à Tananarive, par le général Gallieni, d’une Académie malgache, d’une Chambre d’agriculture et de comices agricoles. Inauguration de la première section du chemin de fer de Madagascar. — Mort de Noël Ballay, gouverneur général de l’Afrique occidentale, auquel succède M. Roume. Institution de la Chambre des mines de l’Afrique occidentale. — Création de l’Institut de médecine coloniale.

1903


Voyage du président Loubet en Algérie ; des escadres russe, anglaise, italienne, espagnole et américaine viennent le saluer à Marseille et à Alger. — C. Jonnart, gouverneur général de l’Algérie (1903-1911). — Agression de Figuig. Bombardement de Zenaga, le ksar le plus hostile du territoire de Figuig. — Fondation du poste de Colomb Bechar. — Adjudication des câbles sous-marins de Brest à Dakar, de Tamatave à la Réunion, de Saïgon à Bornéo. — Mise en chantier des travaux du chemin de fer du Yunnan. — Nouvelle pétition des colons des Nouvelles-Hébrides demandant l’annexion à la France.

1904


Accords anglo-français du 8 avril, concernant l’Égypte et le Maroc d’une part, Terre-Neuve et l’Afrique Occidentale de l’autre, enfin Siam, Madagascar et les Nouvelles-Hébrides. Traité secret avec l’Espagne. — La voie ferrée Sénégal-Niger est construite sur 554 kilomètres ; travaux d’agrandissement du port de commerce de Dakar.

1905


Débarquement de Guillaume ii à Tanger. — Visite du roi et de la reine d’Angleterre en Algérie. Ouverture de l’École d’agriculture algérienne. — Mort de Brazza à Dakar au retour d’une tournée d’inspection au Congo. — Protestations contre le nouveau régime minier à Madagascar ; nomination de M. Augagneur comme gouverneur général.

1906


Exposition coloniale de Marseille. — Conférence d’Algésiras. — Convention franco-anglaise précisant la frontière entre les régions du Niger et du Tchad. — Arrangement franco-italien au sujet de l’Éthiopie. — Les chemins de fer de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Dahomey s’étendent sur 680 kil. — Tentative de codification du droit musulman.

1907


Création en Indo-Chine d’une Chambre consultative indigène ; essor donné à l’instruction publique indigène par le gouvernement de M. Beau. La République dépose l’empereur d’Annam, Thanh Thaï et le remplace par un de ses fils Duy Tan. — Le 23 mars est signé, à Bangkok, un nouveau traité franco-siamois ; la France renonce à ses droits de justice consulaire et le Siam cède au Cambodge les provinces de Battambang, Siem Reap et Angkor. — Le chemin de fer du Yunnan pénètre sur le territoire chinois. — Au Maroc, occupation d’Oudjda en représailles de l’assassinat du Dr  Mauchamp. À Casablanca, plusieurs français ayant été massacrés, le gouvernement français débarque des troupes. Occupation de la Chaouïa.

1908


Voyage du ministre des colonies, Milliès-Lacroix, en Afrique occidentale. M. Merlaud-Ponty devient gouverneur général en remplacement de M. Roume. — Groupement de sociétés au Congo français pour l’exploitation du caoutchouc sur les territoires qu’on leur a concédés. — Arrangement franco-belge réglant la question des îles du Congo, ainsi que le droit de préemption de la France. — Traité de délimitation avec la république de Libéria. — Rattachement de Mayotte et des Comores à Madagascar. — Règlement de la question du chemin de fer d’Addis-Ababa. — Congrès de l’Afrique du Nord à Paris.

1909


Prise d’Abécher, dernière forteresse de l’islamisme militant dans le centre africain. — Achèvement du port de commerce de Dakar. — Visite du prince Albert de Belgique à Brazzaville. — Création de l’université d’Alger. Affaire de l’Ouenza. Les puits artésiens creusés depuis 5 ans dans l’Algérie du Sud, ont procuré un débit de 92.185 litres à la minute. — Troubles au Tonkin causés par le Dé Tham, chef de pirates. Ouverture à l’exploitation du chemin de fer de Haïphong à Yunnansen.

1910


Progrès considérables dans l’Afrique occidentale où le commerce (277.700.000 francs), accuse un accroissement de 84 millions en deux ans. — Le chemin de fer de Konakry au Niger est inauguré à Kouroussa. — Mort du colonel Moll au combat victorieux de Dirdjil (Ouadaï). — Accord franco-turc concernant la frontière de Tripolitaine. — Voyage du président Fallières en Tunisie.

1911


Les troubles suscités au Tonkin par le Dé Tham sont apaisés. — À la demande de Moulaï Hafid, les troupes françaises marchent sur Fez, bloqué par des insurgés. Incidents d’Agadir ; difficultés avec l’Allemagne ; négociations. Traité franco-allemand reconnaissant le protectorat français au Maroc et stipulant une cession de territoire au Congo. — Congrès de l’Afrique orientale à Paris.

1912


Traité de Fez établissant le protectorat français au Maroc. — Révolte et pacification. — Moulay Youssef proclamé sultan. — Le général Lyautey, résident général. La colonne Mangin chasse de Marrakech le prétendant El Hiba. — Traité franco-espagnol au sujet du Maroc.

1913


Commission de délimitation entre les possessions françaises, le Cameroun, le Togo et Libéria. — Prise d’Aïn-Galakka (Borkou), dernier repaire d’esclavage et de pillards de l’Afrique française. — Inauguration de la gare de Bouaké, terminus actuel du chemin de fer de la Côte d’Ivoire. — L’aviateur Garros vole de Fréjus à Bizerte. Érection de Bizerte en préfecture maritime. Les tirailleurs sénégalais prennent part à la Revue du 14 juillet, à Paris. Les troupes indigènes reçoivent leurs drapeaux. — Inauguration à Beyrouth de deux nouvelles Écoles de droit et d’ingénieurs créées par l’Université de Lyon. — Attentats à Hanoï ; répression énergique. — À la suite d’une mission d’études, le programme est adopté des travaux à exécuter dans les possessions de l’Atlantique et du Pacifique en vue de l’ouverture du canal de Panama. — Projet d’établissement d’un réseau intercolonial de télégraphie sans fil partant du sud de la France et reliant la Tunisie, Djibouti, Madagascar, Pondichéry, Saïgon et Nouméa d’une part, Colomb Bechar, le Sénégal, Tombouctou, Bangui et la Martinique de l’autre.

1914


Accord franco-italien réglant la condition respective des Tripolitains en Tunisie et des Tunisiens en Tripolitaine. — Inauguration du chemin de fer de Biskra à Touggourt. — Le chemin de fer français approche d’Addis-Ababa. — Au printemps de 1914, les colonies françaises (non compris l’Algérie, la Tunisie et le Maroc) comptent 5.650 kilomètres de voies ferrées en exploitation, dont 2.063 pour l’Indo-Chine et 2.503 pour l’Afrique Occidentale et 44.166 kilomètres de lignes télégraphiques, dont 14.347 pour l’Indo-Chine, 8.371 pour Madagascar et 20.320 pour l’Afrique occidentale. — Occupation du Tibesti par une colonne partie de l’Afrique occidentale. — Le 10 mai, les troupes françaises occupent Taza, joignant ainsi les « deux Maroc » (occidental et oriental) et complétant la prise de possession du pays.

INDEX



N. B. — Les années les plus importantes sont seules indiquées.

Premier empire colonial


Afrique : 13651520156115821631167117071758.
Amérique du Nord : 151815341535154115421562159116031605160816141615165616611662167116811682169917001702171717201759.
Amérique du Sud : 1503150415551604164316641729.
Antilles : 163516651682.
Asie : 1668167416881701174117461748174917501760.
Océan Indien : 1529160116321638164317211735175017571761.

Deuxième empire colonial


Afrique : 1770177917871797.
Amérique du Nord : 178618001803.
Amérique du Sud : 18011808.
Antilles : 1801.
Asie : 178217831787.
Océanie : 176817871791.
Océan Indien : 1772177317921802180418101811.

Troisième empire colonial


Afrique Centrale : 18401843188018901891189218941897189919001906190919131914.
Afrique du Nord : 1830183318371843184418471859186418691881188318841891189519031904190519071911191219131914.
Afrique Occidentale : 182818391849185018521854185618601863186418651868187018781880188218831885188618881889189018931894189618981904190919101911.
Afrique Orientale : 18551868187418831884188718941914.
Amérique du Sud : 1854187718781882188518971900.
Indo-Chine et Extrême-Orient : 18471859186218631867187318741882188318841885189318961898190219071909.
Madagascar : 184018821883188418851895189619021908.
Océanie : 1842184418461853187518821884.