Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1274

Règne de Philippe III le Hardi (1270-1285)

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[1274]


Le pape Grégoire célébra à Lyon, ville de France, un concile dans lequel on statua beaucoup de choses utiles à l’Église, relativement aux secours à porter à la Terre-Sainte, à l’élection des souverains pontifes, et sur l’état de l’Église universelle. A ce concile assistèrent des députés solennels des Grecs et des Tartares, et les Grecs y promirent de revenir à l’unité de l’Église, en signe de quoi ils confessèrent que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, et chantèrent le Symbole avec les autres dans ce concile. Dans ce même saint synode on abolit plusieurs ordres mendians, et on y défendit aux bigames qui avaient jusqu’alors porté la tonsure de clerc, de la porter à l’avenir, et d’user des privilèges des clercs. Le nombre des prélats qui assistèrent à ce concile était de cinq cent soixante évêques, et d’environ mille abbés et autres prélats de moindre rang. Philippe, roi de France, prenant pour seconde femme Marie, soeur du duc de Brabant, célébra son mariage au mois de mars, dans l’octave de l’Assomption de la sainte Vierge, mère du Seigneur. Pierre de Charny, archevêque de Sens, étant mort, Gilles Cornu, chantre de l’église de Sens, lui succéda. Henri, roi de Navarre et comte de Champagne, étant mort a Pampelune, sa femme, prenant avec elle sa fille encore au berceau, le seul enfant qu’elle eût eu de lui, se retira promptement avec elle dans le royaume de France. Le roi Philippe, son parent, l’ayant accueillie avec bienveillance, fit élever sa fille à Paris avec ses enfans, et prenant sous sa protection la terre de la jeune fille, envoya promptement en Navarre Eustache de Beaumarchez, vaillant et habile chevalier, pour conserver ce royaume entre les mains du roi, comme gardien et gouverneur de toute la Navarre.