Christophe et François de Foix-Candalle, évêques d’Aire

CHRISTOPHE ET FRANÇOIS DE FOIX-CANDALLE.
ÉVÊQUES D’AIRE.


François et Christophe de Foix étaient fils de Gaston de Foix, comte de Candalle, et de Marthe d’Astarac, fille et héritière de Jean M, dernier comte d’Astarac. On connait la date de la naissance de François (1512)[1], mais on ignore en quelle année Christophe vint au monde. Ce que l’on sait seulement, c’est que François était son ainé, ainsi que Fédéric ou Frédéric, lequel fut successeur de son père comme comte de Candalle[2]. Dans des vers composés vers 1540, un poète bordelais que j’ai eu le plaisir de ressusciter, Jean Rus, saluait ainsi les espérances que donnaient Christophe et son frère Charles, plus tard seigneur de Villefranche, tous les deux adolescents :


À Messieurs Charles et Christoffe de Candale.


Si je voulois descripre le grand bien
Que nous promect vostre saige jeunesse,
En escripvant certes il fauldroit bien
La mienne user, voire bien la vieillesse.

 
Or doncq il fault, maulgré moy, que je cesse
De commencer ce que ne pourrois dire ;
Mais quoy ? seigneurs, suyvez celle promesse,
Et l’œil verra ce qu’on ne peult escripre[3].

M. Ernest Gaullieur nous apprend, dans sa curieuse et savante Histoire du collége de Guyenne[4], que Charles et Christophe de Foix étudièrent, de 1842 à 1845, en cet établissement « très-florissant pour lors et le meilleur de France, » comme s’exprime Michel de Montaigne[5]. D’après un document analysé par l’archiviste de la ville de Bordeaux, « messire Fédéric de Foix, » qui avait confié ses deux jeunes frères à Me André de Gouvéa, lui devait, au commencement de l’année 1543, trois cents écus d’or pour leur pension, et le mandataire du comte de Candalle, Pierre Morlane, marchand de Bordeaux, ayant déclaré « n’avoir, pour le présent, argent à faire payement, » céda au célèbre directeur, pour la somme due, une maison située contre le portail des Salinières et adossée aux murs de la ville[6]. François de Foix ne contribua pas moins que le comte de Candalle à procurer à ses frères le bienfait de l’éducation qu’ils reçurent au collége de Guyenne, car, ainsi que le rappelle M. Gaullieur (p. 378), le 29 juillet 1591, « dans la grande salle de cet antique château de Puy-Paulin, auquel se rattachaient tant de souvenirs historiques, » Me Antoine de Chadirac, « l’un des quarante notaires royaux de la ville de Bordeaux, apprit à ses auditeurs que très-illustre et très-vertueux prince François de Foix, captal de Buch, baron de Castelnau, seigneur de Puy-Paulin, éveque d’Aire et commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, désirant témoigner à la postérité combien il avait toujours aimé ce collège de Guyenne où, grâce à lui, ses frères avaient été élevés, consacrait une somme de 2,000 écus à la fondation d’une chaire de mathématiques[7]. »

Christophe de Candalle fut d’abord protonotaire apostolique, ce qu’ont ignoré les auteurs du Gallia Christiana, qui disent seulement qu’il fut grand aumônier de la reine de Navarre et qu’il est mentionné dans le testament de Jean d’Albret, baron de Miossans[8]. Le titre de protonotaire apostolique est donné à Christophe par Joachim Du Bellay, l’auteur des Xenia, seu aliquot ad illustrium quorumdam Galliæ hominum nomina allusiones[9] :


Chriatophorus Candalius, protonotarius.

 Acria pro Christi quod nomine bella capessis,
Scilicet a Christi nomine nomen habes.
Tu quoque, lacteolo cujus de gutture manant
Mella poetarum dulcia mista favis,
Κάνδυλος à Graiis cognomen adepte, poetis
Lacteolum confers, mellifluumque melos[10].

En 1560, le 5 mai[11], Christophe de Foix remplaça sur le siège d’Aire Jacques de Saint-Julien. Voici la lettre (peut-être la seule qui existe encore de lui) que le prélat, peu de temps après sa nomination, adressait, du château de Cadillac[12], à Catherine de Médicis, au sujet des ravages commis par les Huguenots dans son diocèse et surtout dans sa ville épiscopale :


Madame, estant arryvé en ce lieu pour incontinant m’en aller faire mon debvoir à Ayre, suyvant le commandement du Roy et vostre, j’ay esté adverty par mon vicayre et aultres qui ont charge de mes affaires audict lieu, que ceulx des esglises qu’ilz disent réformées continuent les invasions et destructions des temples qu’ilz ont ja presque toutz ruynez en mon dioceze, augmentent toujours de plus en plus leurs violences et furies, et ce nonobstant qu’ilz ayent des temples pour eulx en chascune ville, au mespris des derniers esdicts, ayant plus d’armes que jamays, sont venus en l’esglise principale d’Ayre de gayetté de cueur[13], et sanz estre en façon du monde provocquez, ont desmoly tous les aultelz, deschiré les chappes et aultres vestements, myz le feu aux sieges, rompu les orgues, et autres maulx qui seroient trop longz à dire, avecques menasses de faire promptement mourir ceulx qui ouvriroient la bouche pour en parler et blessarent ung organiste qui est à sçavoir s’il perdera la veue du coup, et non contants de cela, soubz ceste grande licence personne ne leur contredisant, tiennent les chanoynes en ceste peyne, qu’ilz n’attendent sinon que on leur vieigne coupper la gorge s’ilz entrent en leur esglize, leur ayant mandé que si ilz continuent à faire le service qu’ilz en feront aultant aux imaiges vives, comme ilz en ont faict aux mortes. Madame, il y a desja quatre ou cinq moyz qu’ilz continuent ces invazions, n’ayant aucun esgard à la reformation des abuz qu’ilz sçavent bien que je veulx faire et que j’ay desjà commencé, ny à voz commandementz si souvent jeyterez sanz qu’on puysse dire (quoyque leurs minystres les desadvouhent et que vous l’ayez commandé), qu’il en ayt esté faict punytion d’ung seul en tout ce temps là, de sorte que ceulx qui ont quelque peu de jugement et cognoissent l’humeur de ce peuple, veoyant bien qu’ilz ne s’arresteront pas là, s’il n’y est remédié par vostre auctorité et quelque punytion exemplaire, affin que nous puissions vivre en quelque asseurance, aultrement il vous plaira, Madame, m’excuser si je ne m’expose à la fureur indiscrète et brutalle de ce peuple. Je vous supplie très-humblement, Madame, pour l’asseurance que j’ay de vostre bonne volunté, commander qu’il y soiet donné ordre, comme je prie Dieu vous donner très-bonne et très-longue vie.

De Cadillac, ce vie de janvyer[14].

Vostre très-humble et très-obeyssant serviteur,
CHRISTOFLE DE FOIX, evesque d’Ayre.


On comprend que Christophe de Foix ait cherché, avec d’autres ardents catholiques, à empêcher de nouveaux excès. En 1564, il voulut, aidé de son frère le comte Frédéric et de quelques autres grands seigneurs de la Guyenne, opposer aux calvinistes une sorte de ligue défensive et même offensive, mais cette tentative de croisade à l’intérieur dut être bientôt abandonnée devant la désapprobation royale[15].

La date précise de la mort de Christophe de Foix est inconnue. On sait seulement que ce prélat cessa de vivre vers 1569[16] ou 1570[17].

Avant la fin de cette dernière année, François de Foix lui succéda[18].

Les biographes ont recueilli bien peu de détails sur ce personnage dont l’église d’Aire se glorifie à juste titre, suivant l’expression du Gallia christiana[19]. En 1566, il avait publié (chez Jean Roger, à Paris, en un volume in-fo) une traduction latine des Éléments d’Euclide, dédié au roi Charles IX[20]. En 1574, avec le concoures de Joseph Scaliger, qui était alors âgé de trente-sept ans, il mit en lumière le texte grec et latin des livres attribués à Hermès Trismégiste[21]. Ce fut encore avec le concours de Scaliger que François de Foix publia une traduction française de ces mêmes livres[22]. Je n’ai jamais rencontré l’édition in-8o que Brunet indique ainsi : le Pymander traduit et commenté par Fr. de Foyx de Candalle (Bourdeaux, Millanges, 1574)[23], mais j’ai sous les yeux la belle édition (in-fo) sortie des presses du même imprimeur en 1579[24]. Elle est dédiée à « très haute, très illustre et très puissante princesse Marguerite de France, reine de Navarre, fille et sœur des rois très chrétiens » J’extrais de l’épître dédicatoire, écrite à Cadillac, le 21 du mois de décembre 1578, et connue de bien peu de lecteurs, cette péroraison qui, à divers titres, me paraît assez curieuse :

Je vous présente, Madame, ce petit discours, aiant esté adverty et despuis l’aiant cogneu par présente expérience de vostre excellente nourriture, entendement généreux, amour et dévotion très chrestienne à Dieu, et désir de toutes bonnes cognoissances, qui sont perfections en la personne et divine âme de Vostre Majesté, dignes de la Margueritte des Princesses, et capable de recevoir les advertissements et doctrine de la Marguerite des philosophes : c’est du grand Mercure, non traduit et commenté selon la condignité de Vostre Grandeur et sienne, qui meriteroient le travail d’un plus docte et suffisant interprète. Toutefois, Madame, désirant de offrir à la hauteur de vostre ingénuité chose convenable à votre divine pensée (laquelle sur toutes choses tendant à son propre lieu, recherche la cognoissance des grandeurs et perfections de Dieu, et de toutes sainctes disciplines), j’ai trouvé ce Pimandre de Mercure dict des anciens trois fois très grand, par tant de milliers d’ans délaissé sans interprétation, et par lequel non seulement les excellences et grandeurs de Dieu reluysent : mais la philosophie (si longuement rejettée d’aucuns professeurs de la religion chrestienne) se trouve totalement conjointe par acquisition de la cognoissance de ce souverain bien (seul but des philosophes et chrestiens), lequel suivant vostre commandement reçu avec très humble honneur et reverance, je présante à Vostre Majesté, désirant que outre la cognoissance des excellences et grandeurs qu’il plaira à Dieu communicquer à vostre divin entendement, il y puisse pareillement continuer l’estude de la vraye philosophie chrestienne et inquisition de la cognoissance des vertus et bonté de ce souverain bien, désiré de tous amateurs de sapience et vérité chrestienne, qui nous est annoncé par ce grand Mercure, nous donnant la plus ancienne escripture que nous sçachons estre ce jourd’huy sur la terre venue jusques à nostre temps[25]. Vostre Majesté, Madame, avec son bon plaisir, m’honorera tant de recevoir ce petit mien labeur pour agréable, ensemble vostre très humble et très obéissant serviteur, lequel supplie la souveraine bonté, créateur, facteur et conservateur de toutes choses augmenter en Vostre Majesté ses dons et grâces en perpétuel accroissement de grandeur, attendant le fruict et jouissance de sa perpétuelle félicité.

Je négligerai les vers grecs et latins composés par divers poètes de l’Aquitaine en l’honneur du Pimandre et de son interprète[26], je négligerai aussi la dissertation d’un M. de Saint-Marc intitulée : Du temps qu’a fleury Mercure Trismégiste[27], mais j’emprunterai à la Préface ce renseignement : « …Ces commentaires furent prêts à publier en l’an 1572, et portés par nous à Paris, où arrivantz le 26 d’aoust nous trouvames tels obstacles, le temps et personnes si indisposées à leur publication, que nous fûmes contraincts les raporter, n’ayant eu despuis licence tant pour les misères universelles, que plus pourles particulières, d’y mettre aucunement l’œil ou pensée jusques à présent[28]. » Je crois aussi devoir reproduire un sonnet de Pierre de Brach caché parmi les pièces liminaires du rare volume de 1579, sonnet que l’on chercherait vainement dans les Œuvres du poète bordelais :[29]

 
Apollon et Pallas, de leur saincte presence
Favorisant Pimandre en sa nativité,
Le mirent dans le bers de l’immortalité,
Espurant le mortel de sa terrestre essence.

 
Mais il fut destiné qu’un manteau d’ignorance
Anuiteroit ses jours d’une ombreuse obscurté,
Jusqu’à ce qu’il trouvast pour leur donner clarté,
Un homme, au Père esgal dont il avoit naissance.

Pimandre ainsi caché sous maints secrets des cieux,
Ores pendant sa nuict se désœuvré à mes yeux
Par toy, qui trois fois grand, Trismegiste ressemble.

Car s’il fut et grand sage, et grand prestre, et grand Roy,
Les cieux ces trois grandeurs ont unies en toy,
Grand Prince, grand prelat, grand philosophe ensemble.

Gabriel de Lurbe, qui, dans la Chronique bourdoise, à l’année 1582, avait écrit : « François de Candalle, evesque d’Ayre, très docte aux mathematiques et autres sciences, » écrit, à l’année 1591 : « Le 21 juillet audit an le sieur de Candalle, evesque d’Ayre, fonde et institue au collége de Guyenne une leçon perpétuelle en mathématiques, et la dote de cinq cens livres de pension annuelle[30]. Le même chroniqueur annonce en ces termes, à la date de 1594, la mort de l’éminent prélat : « François Monsieur de Candalle, evesque d’Ayre, et captal de Buch, l’honneur de sa maison, et mœcenas de gens doctes, decede à Bourdeaux en sa maison de Puy-Paulin[31], le cinquiesme février audict an, en l’aage de huictante trois ans, ou environ[32]. » Le président de Thou a trop bien parlé, dans son Histoire universelle, de l’évêque d’Aire, pour que je ne tienne pas à transcrire ce passage : « François de Foix de Candalle naquit d’une famille très-illustre, mais il fut beaucoup plus illustre par son savoir et par sa vertu que par sa noblesse. Les emplois dont la Cour l’honora dans sa jeunesse l’ayant obligé de quitter ses études avant qu’il y eût pu faire de grands progrès, il suppléa par son excellent esprit au défaut de l’éducation, et ce que les autres ont peine d’apprendre avec le secours des plus habiles maîtres, il l’apprit si heureusement de lui-même, aidé par ses dispositions, qu’il eut à se rendre savant dans toute sorte de sciences, et surtout dans les mathématiques, qu’il les aima et s’y attacha toujours, quelques occupations que ses divers emplois lui ayent données pendant tout le cours de sa vie, qui fut extrêmement longue, et que même il a fait de nouvelles découvertes dans ces beaux arts. Or, comme il s’est acquis l’immortalité par ses ouvrages, qui dureront autant que le monde, je serais coupable d’imprudence, si je n’étais persuadé qu’un si beau nom est un des plus grands ornements de mon histoire, et je devrais même passer pour ingrat, si, l’ayant honoré pendant sa vie, je ne lui témoignais ma reconnaissance après sa mort[33]. »

Réunissons ici quelques autres témoignages. Michel de Montaigne (Essais, l. I, ch. xxvi) s’adresse ainsi « à Madame Diane de Foix, contesse de Gurson » (p. 104 de la remarquable édition publiée par MM. R. Dezeimeris et H. Barckhausen, Bordeaux, 1870) : « Francois, monsieur de Candale, vostre oncle, en faict naitre tous les jours d’autres (livres), qui estendront la connoissance de cete qualité de vostre famille à plusieurs siècles. »

Pierre L’Anglois, sieur de Bel-Estat, dans son Discours des hiéroglyphes ægyptiens, emblèmes, devises et armoiries (Paris, 1583, in-4o), a mis (p. 83) un huitain très-flatteur pour M. de Candalle :

 
Docte Seigneur, la gloire des prélats,
Qui possédez l’une l’autre Pallas, etc.

Joseph Scaliger proclamait François de Foix « princeps mathematicorum nostri temporis, maxime vero geometratum : excellens mechanicus[34]. » (Prima Scaligerana.)

Florimond de Raymond s’est occupé deux fois de l’évêque d’Aire dans son Anti-Christ. À la page 226 (édition de 1607), il a dit, sans le nommer « Le mesme jugement (qu’il était magicien) ay-je veu dire à plusieurs qui ne sont pas pourtant de la plus basse lie du peuple, d’un seigneur de nostre Guyenne né d’une grande et illustre maison, que Dieu avoit doué d’un esprit et d’un jugement de beaucoup eslevé par dessus le reste des hommes, et lequel sans flatterie nous pouvons nommer un autre Archimède[35]. »

À la page 763, Florimond de Raymond, appréciant la réforme du calendrier, s’exprime ainsi « Le Pape voulut avoir l’advis de plusieurs sçavans personnages de la chrestienté, entre lesquels fut François de Foix, évesque d’Ayre, sorty de l’illustre maison de Candalle, auquel à bon droict on a donné le nom de second Archimède, comme estant le seul qui a forgé ceste admirable machine, laquelle a rendu son premier autheur si célèbre et si fameux, dont il fit présent au Roy Charles neufiesme, comme aussi de l’horloge qui monstre le flux et le reflux de la mer. Je laisse son rare sçavoir aux mathématiques, qui s’est assez monstré à l’augmentation d’Euclide et à l’invention de l’Eptagone[36]. »

D’Aubigné, dans l’intéressant passage de ses Mémoires où il raconte la visite faite, en 1584, par le roi de Navarre, par Philippe de Mornay, seigneur du Plessis, par quelques autres compagnons du futur Henri IV et par lui-même, à « l’excellant cabinet » que l’on voyait au château de Cadillac[37], cabinet où « la troupe s’amusa à faire lever la pesanteur d’un canon par les machines entre les mains d’un enfant de six ans, » d’Aubigné, dis-je, salue avec infiniment de respect « le grand François de Candalle, assez cognu par ce nom[38]. »

Apres avoir interrogé les livres, interrogeons les manuscrits. Je donnerai d’abord une lettre inédite adressée par François de Foix à Charles IX, le 4 avril 1572, et relative à une querelle qui avait éclaté entre l’évêque d’Aire et l’évêque de Dax au sujet de la possession du prieuré de La Réole.

Sire, ces jours passez, il me feust apporté par ung chevaulcheur de l’escurie de Vostre Majesté une lettre qu’il vous plaisoict m’escrire touchant le prioré de la Réolle, despaichée sur quelque maulvais rapport et contraire à la vérité du faict qui a esté donné à entendre par les parentz de l’evesque d’Acqs[39] ; et de tant, Sire, que avec ceste lettre il vous plaisoit en escrire une aultre à Monsieur de Candalle, mon nepveu, qui n’est en ce Bourdellois, pendent que ce porteur l’est allé trouver, j’ay despaiché vers V. M. par une lettre précédant ceste cy par laquelle je racompte la vérité de ce qui en est, estant bien marry d’avoir esté ainsi blasmé en vostre présance en si grand tort pour le desplaisir que lesdictz parenz ont que leur titulaire prétendu et qui n’eust jamais droict à ce que j’ay entendu soict décédé, ou pour le moins le bruict si fameulx en ce pais qu’il est tenu pour tel ; et quant à ce que j’en faiz et delibère, puisqu’il plaist à V. M. le sçavoir suyvantce que je vous en ay dernièrement escript, ayant receu ung tittre avant en sçavoir aulcune nouvelle, j’ay prins possession l’ayant entendu, et ung moys aprèz envoyé mes gentz tenir la possession où ils sont entrés sans viollance, force, ny armes quelzconques, extraordinairement faict faire informations et inventaire par la justice du lieu, dont ne s’est trouvé plaincte jusques à ce qui en a esté rapporté sans cause à V. M. Mes gentz entrant au prioré déclairarent aux aultres que si le titulaire prétendu vivoit ou bien l’evesque d’Acqz quel droict qu’ils y eussent, je n’y demandois rien, et n’a resté que à faite venir ledict titulaire, ce qu’ilz ont trouvé plus mal aisé, Sire, que de vous en présenter une attestation, comme je pense bien qu’il l’est. A cause de quoy l’ons n’en sçait novelle aulcune. Toutesfois, Sire, tous les biens du monde me tiennent si peu auprès du debvoir et très ardante affection que j’ay à révérer voz commandementz, que quoy qu’il plaise à V. M. m’en commander, soit garder ou laisser ledict prioré, je m’estimeray très heureux d’y rendre obeissance, et n’estoit grand besoing que les parentz de l’evesque de Dacqz en feissent cette esmeute et implorassent vostre authorité pour la recouvrer, car à la vérité, Sire, s’ilz m’en eussent parlé, ilz eussent trouvé que je n’entendois empaicher aulcunement ledict evesque d’Acqs, mais ce que j’en ay accepté a esté sur le bruict commun de la mort dudict evesque et son titulaire. A ceste cause, Sire, il plairra à V. M. me, commander à quelles gentz dudict évesque il vous plaist que je face rendre l’inventaire de ce peu de besoignes que la justice y a trouvé pour y estre très humblement obéy, car encore il ne s’en est présenté aulcun à moy. Vray est que je prendray la hardiesse, Sire, de vous supplier très humblement, puis qu’il vous plaist que ledict prioré demeure à monsieur de Dacqs, à quoy je n’ay jamais contrevenu, s’il se trouve décédé comme il est commun, qu’il plaise à V. M. me remetre en l’estat, ne vivant plus celluy à qui il vous plaist qu’il demeure, car V. M. n’a subject ny serviteur plus voué et en très humble affection à vostre service que moy, et s’il vous plaist me fere ce bien de le croire, ce me sera le plus grand hur (sic) et contentement que j’aye désiré de ma vye.

De Bourdeaulx, le quatriesme avril 1572.

Sire, je supplie le Créateur vous donner en parfaite santé et prospérité très longue et heureuse vye.

Vostre très humble et très obeissant subject et serviteur,
François de Foix[40].

J’ai trouvé, à la Bibliothèque nationale, une autre lettre inédite de François de Foix, en tête d’un manuscrit également inédit intitulé : Traicté du Saint-Sacrement par lequel plusieurs intelligences divines, jusqu’à présent couvertes, sont esclaircies pour rendre la cognoissance d’icelluy purgé de la pluspart des disputes qui perturbent ce jourd’huy grand nombre du peuple de Dieu, le tout prins des sainctes lettres par François monsieur de Foix, de la famille de Candalle, captal Buchz et evesque d’Ayre[41]. La voici :


Au Roy.


Il plairra, Sire, à Vostre Magesté avoir souvenance que, au mois d’aoust en l’an du salut 1566, je présentay à Villiers Cousteres au feu roy vostre frere Charles de bonne memoire, ung livre faict sur les ellementz de la géométrie qu’il luy avoit pleu me commander luy estre dédié. Je receuz lors de vostre clémence cest honneur, de ce qu’il vous pleust en accepter ung de ma main avec tel signe de contentement, que j’eulx ung grand ennuy de n’avoir quelque aultre ceuvre de mon trabail pour avoir cest honneur de la dédier à Vostre Magesté, et parvenir à l’heur de vous faire quelque servisse, satisfaisant plus à l’infirmité de mon esprit qu’a la grandeur et dignité de voz vortuz, qui a esté cause, Syre, que voyant sur la fin de mes jours qu’il a pleu à la bonté divine inspirer le cueur de Vostre Magesté, qui est en sa main, à la culture et vénération d’une si ardante et exemplaire affection, je me suys ingéré de présenter à vostre très chrestienne clémence ung petit traicté que j’ay extraict du sens et intelligence de la Saincte Escripture de Dieu, et ensuivant ses sainctz propoz et observation de sa Saincte Esglise, par lequel je tache à contenter toutes gens qui pourroient estre desvoyez de la vraye culture et vénération, que tout chrestien doibt au Sainot Sacrement de l’Eucharistie de Jesu Christ, pour mètre poyne de ma part à retirer et concillier toutes oppinions errantes à la vraye affection et intelligence de ce très heureulx bénéfice que nous recepvons de sa miséricorde, tant qu’il plaise à la divine bonté reassembler comme Jesu Christ le nous a déclairé, toutes ses brebis ensemble (Joan. 10), à celle fin que ung parc soit fait [et] ung pasteur, et que ceppendant toutz les masques et argumentz matérielz que plusieurs imposent sur ceste divine communication, soient banys et rejectez, et que à la provocation des sainctz exemples de Vostre Maiesté, tout vostre peuple soit induict à vénérer ce bon Dieu en saincteté et justice, et comme Jesu Christ le déclara à la Samaritaine (Joan. 4), l’adorer en esprit et verité, arrière tant d’arguments et sillogismes matériels qui n’ont aucun lieu, mais empaichent l’intelligence des choses divines et incorporelles, produitz par noz affections tenantz grandement du deffault, que nous a laissé nostre premier père, abandonnant l’amour et cognoissance de Dieu pour l’amour et délectation momentanée des choses charnelles et matérielles, dont Dieu déclara à Noé (Genèse, 6) que l’humain lignaige en seroit exterminé pour avoir plus vénéré la chair que l’esprit, de manière que la plus grand part de l’humain lignaige ou presque tout (Syre) a retenu du premier père ce que sainct Jehan a tant blasmé des vivantz, nous conseillant n’aymer le monde, à cause qu’il est totallement constitué en concupiscence des choses charnelles, désirs des choses vènes et excessif usaige de ce qui nous est donné pour la vie, à quoy nous vivantz tendons ce jourdhuy plus que à chercher la gloire de Dieu affaulte d’avoir cognoissance de nous mesmes, et de penser qui nous sommes, de quoy nous sommes, et à quoy nous debvons tendre, choses très nécessaires à l’homme, pour parvenir à son vray sallut, lequel Jesu Christ a déclaré estre la cognoissance de Dieu, et celluy qu’il a envoyé (Joan. 17), ce que Mercure le très grand a prédict 2 000 ans auparavant[42], déclarant que cognoitre Dieu (chap. 10. Sect. 15) est le vray sallut, la seule montée au ciel, et la perfection de l’âme, et plusieurs aultres propos concernanz la doctrine de Jesu Christ lors uture et prœdisant la plus grand part des articles à nous laissez par les Appostres depuis sa mort et passion. Et de tant, Syre, qu’en l’Esglise universelle les poinctz plus requiz à l’intelligence de la Saincte Eucharistie pour conclure et déclarer ce qu’elle en a vollu arrester ont esté exposés par argumentz et moyenz obscurz et difficilz, il est nay sur ces difficultez accompagnées d’aucunes passions et entreprinses grand nombre de dissentions, disputes et débatz resistanz aulx sainctz décrets et resolutionz concludz par la Saincte Mère Église universelle, pour lesquelz concillier ensemble et esclaircir nous avons recherché aultres argumentz, voyes et moyenz prins et deppendantz des Sainctes Escriptures et leur doctrine, gardant par iceulx l’honneur et gloire de Dieu, la teneur desdictz décrets et resollutionz et l’esclaircissement de leur intelligence au plus près de nostre possibilité, lesquelz n’estant encore veuz de plusieurs personnes de sçavoir aulcunz pourroient trouver si estrange la nouveauté des argumentz et raciocinations que, avant les juger, ils n’auroient la passience de considérer ce qu’ilz concluent et démonstrent, bien qu’il soit conforme aulx resollutions de l’Esglise et Sainctz Escriptz, chose qui nous a meu a présenter ce traicté à Vostre Magesté et très heureulx entendement, et le remetre à ce qu’il plaira à vostre prudence et très saing jugement en disposer, estimant à grand heur et honneur s’il se trouve digne qu’il plaise à Vostre Magesté luy donner quelques heures perdues à le veoir, pour l’ayant mesme veu, discerner s’il sera digne de servir au peuple qu’il a pleu au bon Dieu commetre à vostre très digne prudence ; dont le bon plaisir de Vostre Magesté sera (Syre) que, aprochant le bout de mes ans, j’aye cest honneur et faveur qu’elle aye receu ce mien petit labeur agréable, ensemble l’affection, debvoir et obligation que j’ay heu toute ma vye, d’employer toutes mes forces et capacitez à faire le servisse que je doy, et ay deu à Vostre Magesté et quatre prédécesseurs d’icelle qui m’ont tant honoré, de trouver bonnes mes imbecillitez, dont tant moy que les miens, leur sommes demeurés, et a vous, Syre, très humbles et très obeyssantz serviteurs et subjectz très fidelles. Dieu par sa miséricorde donne la grace à ce peu qui restons de pouvoir employer les personnes, vyes et biens à quelque hureulx servisse faict à Vostre Magesté, à laquelle par sa divine clémence, il plaise donner très heureuse grandeur, très saincte et longue vye et son perpétuel gré et retribution à l’administration et dignité de vostre Estat.

Au chasteau de Puippaulin en Bourdeaulx, le 24 de juing l’an 1584[43], par vostre très humble et très obeyssant serviteur et subject très fidelle,

F. de Foix[44].

Voici enfin une lettre écrite par François de Foix, trois ans avant sa mort, au bordelais Bernard de Girard, seigneur du Haillan :

Monsieur,

Les raisons que vous m’avés desduittes par la lettre qu’il vous a pleu m’escrire qui sont conformes à celles que j’ay fait entendre à Monsieur le chanseiller, m’ont fait entreprendre la porsuitte de mon évocation, et si je me suys persuadé qu’il s’y pourroit presenter de la difficulté, je me suis voleu faire acroyre ausy que me faisant ce plaisir que de vous en mesler vous les pourrez lever à l’androit de mon dict sieur le chancelier, auquel vous sçaurés très que bien representer les justes occasions que j’ay de vouloir decliner de ce Parlement, ce que je vous prie de faire et me continuer ceste bonne volonté qui m’est une confirmasion de vostre affection laquelle je desire recognoistre, mais ce sera avec autant de bonne volonté que je salue vos bonnes grâces de mes affectionnées recommandations, priant Dieu, Monsieur, en santé vous donner très longue vye.

De Bourdeaulx à Puypautin ce xxve juillet 1591.

Vostre mieulx affectioné à vous obeir.

F. de Foyx.

À Monsieur du Haillan, conseiller du roy, secretaire de ses finances, historiographe de France[45].

Le volume 502 de la collection Brienne (Bibliothèque nationale) renferme (p. 183 et suivantes) une copie du testament olographe de François de Foix, daté du 15 mai 1592. J’avais d’abord eu l’intention de donner ici cette copie tout entière, mais un ami très-compétent, que j’ai consulté sur ce point, croit que ce document a déjà été imprimé[46]. La crainte du double emploi me décide à ne publier in extenso que les deux premières pages, et à faire connaître les autres par extrait ou par analyse :

Monseigneur Dieu, père, créateur très clément et miséricordieux, bien facteur, en bon nom de ton fils Jesus-Christ et de ton Sainct-Esprit, je te supplye très humblement voulloir conduire ce reste de ma vie sous l’obéissance de tes commandemens et volontez, et que, après mon decedz, ton bon plaisir soit de retirer l’ame qu’il t’a pleu me donner sous le pardon de mes offenses, pechez et désobéissances en tes mains, ne fondant mes prières sur ma justification, mais sur la multitude de tes miséricordes et bontés, pour estre illec uny par le mérite de ton filz Jesus-Christ à la vraye unité qu’avons acquise par les graces méritées de sa mort, passion et résurrection par son bon plaisir et liberalle misericorde. Je te supplye, bon Dieu, davantaige me donner tant de grace que avec ton bon plaisir je puisse disposer par cette mienne dernière volonté des choses qu’il t’a pleu commettre en ma puissance et disposition, recognoissant en cet endroit les bienfaiz que j’ay reçeu de ta bonté et misericorde et la bonne volonté de ceux qui par la grace m’ont esté byen affectionnez à ce que, aprez moy, ilz se puissent servir et substanter des biens qu’il t’a pleu me donner, et les employer à ton service, gloire, louange et secours des tiens.

Je laisse ma sépulture avec celle de mes parens aux Augustins de Bourdeaux sy je deccède en lieu duquel mon corps y puisse bonnement estre conduit, ausquelz en ce cas je lègue mil livres et les prie prier pour moy Dieu et laisse pour bastir ung sepulcre au cœur de leur église sur nostre cave, selon l’advis et affection de mes executeurs qui sont, pour le plus hault du prix de six mil livres tournois, où seront unis les corps et escriptz les noms de feu dame Jacqueline, ma sœur[47], et mien, laquelle m’a layssé le bien pour ce faire, et au pied, devers le grand autel, sera escript tel épitaphe que noz exécuteurs adviseront[48], et laisse pour mes funerailles qu’elles seront faictes comme celles qu’on a accoustumé de faire à Messieurs nos parens, et sera prié la Cour de Parlement par mes parens ou exécuteurs de nous faire l’honneur de sa présence en corps, comme il fust cy devant faict en l’an mil cinq cent huictante un aux funérailles de feu dame Jacqueline, ma dicte sœur, au moys de febvrier, où la cour assista, voir lever et conduire le corps, et assista à tout le service et nous honora de sa presence, et pour les frais desditz obsèques je laisse quatre mil livres. Et sy mon corps est mis ailleurs, je laisse les dictes cinq mil livres, c’est à dire les quatre mil livres et les mil des Augustins, pour estre employées semblablement au lieu où il se trouvera sy faire se peult, ensemble des dictes six mil livres du sepulcre en seront employées quatre mil pour faire le mien et le font à la discrétion de mes exécuteurs qui y pourront estre ou commettre personnes capables et fidelles en leur absence.

Et parce que dame Marie, ma sœur, dame de Riberac, comme héritière nécessaire peult pretendre par la costume de Bourdelois quelque part sur ma legitime paternelle seullement, à cause que la maternelle ny quelque partie de la paternelle estant hors du Bourdelois n’y sont sujettes, je déclaire pour conservation et restauration que je désire ramener en nostre maison, selon mon petit pouvoir, ce que autresfois je y ay veu ou que j’en ay peu sauver pour le remettre en la main de ma niepce, et d’ailleurs satisfaire ma sœur de la part et fons qu’elle pouvoit prétendre en ce que la coustume luy ordonne à ce que le fons ne s’esgare de la maison, selon mon possible. À ceste cause, je lègue à ma dicte sœur, par usufruict, sa vie durant, tout ce qui m’appartient à présent en Médoc soit du bien venu de nostre maison ou acquetz qui ne sont sujetz à rachapt, ensemble le chasteau de Puypaulin dans Bourdeaux avec ses rentes et devoirs a la charge d’entretenir les bastimens, réparations et autres choses sujettes à ruyne.

Fr. de Foix lègue encore à sa sœur 24,000 livres qu’elle lui doit sur Montagrier[49], 14,000 qu’elle lui doit sur Moncuq[50], 24,000 qu’elle lui doit sur un domaine situé en Bretagne.

Il lègue à Gaston de Foix, sieur de Villefranche, son neveu[51], la terre d’Ambes[52] acquise de M. de Lanssac pour 26,000 livres, ensemble des pierreries, « pour partie de garentie… Et si mondict nepveu est encores mineur, les dictes pierreries seront mises en mains solvables jusques à sa majorité. Je luy lègue davantaige tout ce que mon frère, son père, me pouvoit debvoir de quelque part que ce soit, et si d’aventure ledipt Gaston ou aultre pour luy veult impugner, debattre ou quereller contre ma vollonté ou celle de mes exécuteurs exécutant icelle ou empescher autres miens légataires en leurs droitz reçcus de moy, en ce cas je veux que ce légat aille à ma dicte sœur dame de Riberac. »

Le testateur, après avoir rappelé qu’il n’a pu être payé de certains débiteurs (fermiers et autres) « qui doibvent grandz sommes, » et « que les émotions ne m’ont permis de contraindre, » déclare qu’il lègue tout ce qui pourra lui être dû, de ce côté, à sa nièce Duchesse[53], et il donne et lègue à la même les rentes et péages de Langon[54], de Cadillac, certains droits de pacage dans la forêt de Targon[55] achetés des sieurs de Budos et Ricaut. Il lui lègue aussi tous les biens immeubles qu’il possède en Médoc, le château de Puy-Paulin, avec ses appartenances, « Cadillac et Podensac[56] que j’avois retenu pour ma vie durant, le tout pour en jouir comme s’en suit, à savoir, de Puy-Paulin et Médoc et terres qui en dépendent après le décès de dame Marie, ma sœur, dame de Riberac, laquelle j’en laisse vestue et possesseresse pour sa vie durant. Seullement et après son décès, j’entends que ma niepce d’Épernon, avant jouyr de Médoc ny Puy-Paulin, fasse réparer à mon nepveu de Villefranche le dommage qui lui a esté faict en ses biens de ma mère, qu’il en soit entièrement desdommagé et remis en iceux sans perte aucune… »

Fr.  de Foix lègue encore à sa même nièce les 36,000 livres qu’il plaça « à l’hostel de Paris, » et la moitié des arrérages de ladite somme, « pourveu qu’elle donne l’autre moitié des arrérages aux pauvres de Dieu. » Il lui lègue, en outre, tout ce qui peut lui être dû du revenu d’Estrac (Astarac).

Je lègue à damoiselle Renée de Jousseratz tous les droits qui m’appartiennent sur l’acquêt que j’ay fait sur Laffitte[57] et Bessan[58] achetés au seigneur de Vaillac, et pour son logis sa vie durant dans Bourdeaux, je luy lègue la maison que j’ay acquise de Morimat avec le jardin, le tout devant, après son décès, estre réuni au chasteau de Puy-Paulin. Et parce que j’ay grande obligation à ladicte Jousseratz à cause des services et secours qu’elle a cy-devant faict à feu ma sœur et à moy, je lui laisse le droit de choisir pour meubler sa maison les meubles qui sont en mes maisons, fors de mes trois chambres et une salle où j’ay accoustumé de loger.

Il lègue encore à cette personne, qui a secouru sa vie, « un estuy et petite vaisselle d’argent y contenu et un bassin à laver et mes petits chandeliers ouvrés d’argent. »

Je donne et lègue aux pauvres de Dieu mil cinq cens escus dont il sera baillé cent livres à chacun des sept couvents, à savoir : Grande et Petite Observance ; Jacobins, Carmes, La Mercy, Feuillans et Filles de l’Ave-Maria, et seront requis de prier pour nous ; et le reste sera employé à tant de pauvres de Dieu qui souffrent secrètement sans s’oser descouvrir ; et sera cherché le rolle de mon aumosnier, doyen de Cadillac, pour pauvres qu’il a accoustumé d’ayder tant à Cadillac qu’à Castelnau et Puy-Paulin.

Le testateur veut que tous les mois il leur soit distribué quarante livres à chacun, et il recommande que l’on fasse choisir les pauvres « par gens de bien. »

Fr. de Foix institue sa sœur, la dame de Riberac, son héritière universelle, pour le cas où dame Marguerite, duchesse, sa nièce, refuserait d’accepter les conditions du présent testament.

Je lègue à Jehan de Bonassier, dit Launac, ma mestairie de Ladaux[59] et ce pour le temps pendant qu’il distillera aux Augustins de Bourdeaux par chacune année dix livres de mon eau magistrale que je luy ay apprins à faire[60] et six fiolles tenans une once chacune pour secourir les pauvres malades qui en auront besoing, et veux que si Launac ou les siens cessent de bailler chacune année auxdicts Augustins dix livres de ma dicte eau bonne et fidelle, comme je l’ay accoustume la faire, le seigneur de Puy-Paulin puisse pourvoir d’un autre qui fasse bien ladicte charge, si ce n’est qu’il laisse par maladie ou autre légitime empeschement, et en ce cas il fournira l’année suivante dix livres de ladicte eau, outre l’ordinaire, et s’il ne le fait, ladicte mestayrie sera baillée à celluy qui accomplira la charge, et s’il advient qu’il ne se trouve plus homme qui fasse la dicte eau comme doit estre, je veux que la mestairie soit aux Augustins de Bourdeaux jusques à ce qu’il se présente homme qui baille caution de faire ladicte eau et la vendre fidellement, comme dict est, et pendant que ladicte eau sera vendue au relligieux, que les Augustins nommeront pour la départir, j’entends que ledict relligieux n’en exigera aucun prix d’argent ou salaire. Vray est que si le mallade n’envoye fiolle pour mettre ladicte eau, le relligieux luy en prestera une des six qu’il aura reçeu, en luy laissant pour gage double prix que couste la fiolle, car autrement les pauvres malades ne seroient secourus selon mon intention.

Je veux et entends que tout ce qui me pourra estre deub après mon décès soit employé aux pauvres d’Ayre et réparation de l’église de l’évesché.

Je nomme exécuteurs de mon testament ladicte dame de Riberac, ma sœur, damoiselle Renée de Jousseratz, François Barbier, mon vicaire, et Anthoine de La Forestie, abbé de Mizerey.

Fr. de Foix alloue une somme de 500 livres à chacun de ses quatre exécuteurs testamentaires, pour les indemniser de la perte du temps qu’ils employeront à ses affaires.

Le testateur veut qu’on le mette dans « un sepulcre de marbre de Comminge, lequel aura 4 pieds de large, 8 pieds de long, 4 pieds de hauteur, environné d’une grille quadrangulaire en pointes pour n’y appuyer aucune chose dessus. » Il veut que par-dessus soit posée une table de marbre noir destinée à recevoir une épitaphe.

Enfin, l’évéque d’Aire veut que, si les enfants du duc d’Épernon viennent à mourir, la fortune passe à Gaston de Foix et à ses enfants, s’ils sont catholiques, ou, à leur défaut, au principal catholique descendant de la race de Gaston de Foix, marquis de Trans, jadis seigneur de Melye[61], « puisné de nostre maison[62]. »

P. S. — M. l’abbé Jules Bonhomme, premier vicaire de l’église Saint-Vincent-de-Paul, a bien voulu me rappeler, ce dont je le remercie vivement, que, d’après le Procès-verbal de l’état des églises du diocèse d’Aire, publié dans le Bulletin du comité d’histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch (t. i, 1860, p. 82 et 175) : 1° Christophe de Foix-Candalle mourut à Bordeaux, le 14 septembre 1570 ; 2° que l’abbaye de Saint-Jean de la Castelle (et non de la Castille) ne cessa pas, pendant plus d’un demi-siècle, d’avoir en réalité pour abbé Jean de Capdequi, encore que cette abbaye eût été abusivement donnée par le roi d’abord à Christophe de Foix, ensuite au sieur de Roissy.

APPENDICE.


Deux anecdotes sur Fr. de Foix recueillies par Jean de Gaufreteau.


Je reçois à l’instant même (27 avril 1877) le tome 1er de la Chronique bordeloise publiée pour la Société des bibliophiles de Guyenne par M. Jules Delpit, d’après le manuscrit original de la bibliothèque du château de La Brède (Bordeaux, imprimerie Gounouilhou, 1876, in-8o de xv-335, pages), et, au milieu d’une foule de curieuses particularités, j’y trouve (p. 228-229), sous l’année 1580, ces détails plus singuliers qu’exacts sans aucun doute, mais qui me paraissent par leur singularité même mériter d’être mis sous les yeux de mes chers lecteurs :

« En cette année, François, M. de Candale, eveque d’Aire, qui estoit parvenu en cette perfection de science, dans l’alchimie, qu’il pouvoit fixer e blanchir le mercure, e faire des billots de lune, ayant donné à un orphevre de Paris environ cent marcs, pour luy fabriquer de la vaisselle d’argent, e ayant convenu du dechet, pour marché, comme ledit orphevre, qui ne songeait pas au faict, e qui avoit trouvé ledit argent, au burin, à la tousche e au cyseau, de très-bon aloy, eut fabriqué la vaisselle, e après l’avoir poisée et veu que le dechet montoit à plus du tiers sur ledit nombre de deux cents marcs, ne sçachant d’où cela procedoit, se transporte à Bourdeaux, où l’eveque estoit, e luy dict franchement que, si ledit seigneur evesque vouloit, il le pourroit perdre, puisqu’il auroit trouvé plus que du tiers de dechet sur les trois cents marcs ; mais que, ne sachant d’où la faulte procedoit, il luy avoit porté sa vaisselle bien elabourée, ainsin que l’eveque pouvoit voir, le priant d’avoir pitié de luy, qui estoit dans l’innocence. L’eveque se mettant a rire e cognoissant que son art l’avoit trompé e qu’il n’avoit perdu que sa peyne e son argent, d’aultant que le feu avoit emporté tout ce qui estoit du mercure, e que le bon aloy de la lune estoit demeuré, dict à l’orphevre qu’il poisat ; et après l’avoir contenté, le renvoya sans lui descouvrir le secret. C’est ce seigneur qui disoit, à Bourdeaux, avoir trouvé la pierre philosophale. Mais il est bien vray qu’il composa une eau très excellente qu’on appelle encore l’eau de Candalle. Le secret de laquelle il mit es mains du gardien des Augustins de Bourdeaux, par succession. Mais, oultre cela, il estoit si expert arquebusier, qu’un jour qu’un de ses pages estant dans la garene de de Bascheyele, à Medoc, monté sur un chesne grandement hault, pour avoir un nid de pie, e la mere s’estant mise sur la teste du page, l’eveque, qui estoit à la fenestre, qui regardoit sur ladite garene, cria au page qu’il ne bougea pas, e prenant une arquebuse à roues (car en ce temps-là on ne parloit point encore ni de fusils, ni de charabines), tua la pie sur la teste du page[63]. »

  1. Et non 1504, comme l’avancent les biographes qui le font mourir nonagénaire en 1594, tels que les rédacteurs du Moréri de 1759, dom Chaudon, M. Weiss (Biographie universelle), etc. L’auteur des huit lignes consacrées à François de Foix dans la Nouvelle biographie générale, se montrant plus généreux que tout le monde, allonge encore de deux ans la vie de ce prélat qu’il fait naître en 1502. Ce même auteur (qui a eu raison de garder l’anonyme) appelle bien singulièrement le frère de Christophe de Foix « François Hussates ou de Foix, comte de Candate ou Candella. »
  2. Le docte abbé Baurein s’est trompe, lui qui ne se trompe guère, quand il a écrit (Variétés bordeloises, édition de 1876. t. ii, p. 24) « Il [Gaston] fut père, en premier lieu, de Frédéric de Foix, en second lieu, de Christophe de Foix, en troisième lieu, de François de Foix. »
  3. Collection méridionale, tome vi. Œuvres de Jean Rus publiées d’après l’unique exemplaire qui paraisse subsister, 1875, p. 51-52.
  4. Paris, 1874, grand in-8o, p. 174.
  5. Essais, liv. I, chap. xxv.
  6. On voit un peu plus loin (p. 183) Christophe de Foix, élève du collège de Guyenne, figurer au nombre des témoins d’un acte du 21 juin 1545 conservé aux archives départementales de la Gironde.
  7. M. Gaullieur a tiré ces détails d’une plaquette fort rare intitulée : Copie de la fondation de la chaire de mathématiques au collége de Guyenne (Bordeaux, J.-B. Lacornée, imprimeur.)
  8. Tome i, Ecclesia Adurensis, col. 1166.
  9. Paris, Féd. Morel, 1569. in-4o. Voir une note sur cette pièce à la page 18 du tome iv de la Collection méridionale : Vies des poètes bordelais et périgourdins par Guillaume Colletet, de l’Académie française, 1873. J’ai trouvé un exemplaire de l’opuscule de J. du Bellay (in-4o sans nom d’auteur, sans nom de lieu et sans date) dans un recueil de mélanges de la bibliothèque Mazarine (no 10, 694.)
  10. Les lexiques grecs donnent en effet au mot Κάνδαυλος ou Κάνδυλος le sens de « mets composé de farine, de fromage, de lait et de miel. »
  11. Cette date, donnée par le Gallia christiana, est aussi donnée par le P. Anselme (Histoire généalogique des grands officiers de la couronne, tome iii, p. 385).
  12. C’est probablement dans ce château, si magnifiquement reconstruit par le premier duc d’Épernon (1598 et années suivantes), que naquirent Cristophe et François de Foix. Aux descriptions de ce monument que j’ai eu l’occasion de citer (Essai sur la vie et les écrits de Florimond de Raymond, conseiller au parlement de Bordeaux, 1867, p. 17, note 2), je joindrai la mention d’intéressantes pages de M. G-J. Durand (Notice sur les ducs d’Éperon, leur château de Cadillac et leurs sépulture, Bordeaux, 1854, brochure in-8o) et de M. le comte Jules de Cosnac (Souvenirs du règne de Louis XIV, Paris, tome v, 1876, p. 92-96).
  13. M. Littré (Dictionnaire de la langue française, au mot gaieté) cite, comme ayant employé l’expression gaieté de cœur, Amyot, d’Aubigné, Voiture, Molière, Mme de Sévigné, Voltaire, J.-J. Rousseau, d’Alembert. Le plus ancien de ces écrivains, Amyot, s’est servi presqu’en même temps que Christophe de Foix de cette pittoresque façon de parler. On sait que la traduction des Vies des Hommes illustres de Plutarque parut, pour la première fois en 1559. (Paris, Michel Vascosan, in-fo)
  14. La lettre (Bibliothèque nationale, Fonds français, vol. 3186, p. 14) n’est pas datée quant à l’année, mais elle se trouve au milieu de documents qui tous appartiennent à 1561 et, d’ailleurs, les événements qui y sont signalés se rapportent parfaitement à cette même année (A. S.). Le volume 17021 du Fonds latins renferme (p. 29) l’extrait suivant d’une lettre écrite à l’évêque de Dax, alors en cour (François de Noailles), par un chanoine de Dax du nom de Cashavaly, le 1er janvier 1562 (N. S.), extrait qui confirme en tout point les plaintes de Christophe de Foix : « Monseigneur, nous sommes effrayés en ceste ville que les embuches que nous sont apprestées nous menassent de pareille ruyne qui a este faite à l’esglise de la ville d’Ayre et abbaye du Mas et à toutes autres esglises du diocèse d’Ayre. Les dicts séditieux n’ont laissé en esglises ornemens, calices, documens, et generalement toutes choses desquelles l’on se peut ayder pour faire le service divin. Les religieux, reiligieuses, prestres, saccagez, battuz, despoillez, brief tout s’en va en ruyne, mesme ceulx qui tiennent l’ancienne religion. Monseigneur, je vous puis asseurer que despuis la secte des Albigeois n’a esté veue desolation si cruelle… » (Trésor de Noailles.)
  15. Voir sur cette confédération les Mémoires de Condé (t. v, p. 170) l’Histoire écrite par le président de Thou (t. iv de la traduction française de Londres, p. 652), l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné (t. i, p. 204, etc.) En cette même année 1564, Christophe de Foix (Christophorus de Fuxo) assista, avec Louis de Lur, vicomte d’Uza, sénéchal de Bazadais, aux états de la province d’Auch ou Jean Balaguier fut nommé évêque de Bazas. (Chronique de Bazas. dans le tome xv des Archives Historiques du département de la Gironde no 58).
  16. L’abbé Beuroin (Variétés Bordeloises, t ii p. 24) n’hésite pas à dire qu’il « décéda en l’année 1569 »
  17. Blaise de Montluc a fait une brève mention de Christophe de Foix, à l’année 1569 (Commentaires, édition de M. de Ruble, t. iii, p. 272). J’ai lu (Bibliothèque nationale, Fonds français, vol. 3224. p. 27) une lettre de Charles IX au marquis de Villars, du 28 septembre 1571, qui contient ces mots : «  Mon cousin, vaquant cy-devant l’abbaye de Saint-Jean de la Castille par le decez de feu Monsieur Crestofle de Foix, evesque d’Ayre, j’en ay faict don au sieur de Roissy, conseiller en mon privé conseil… » Cette note comble une autre petite lacune du Gallia christiana, et j’espère qu’elle ne sera pas perdue pour le savant continuateur de l’inapréciable recueil, Dom Piolin
  18. Voir une lettre du roi de Navarre au pape, au sujet de la nomination de Fr. de Foix à l’évêché d’Aire (t. i des Lettres missives de Henri IV, p. 77) La date attribuée à cette lettre (29 juillet 1575) est inexacte, et il faut lire 29 juillet 1570. De plus, l’éditeur (note 1) s’est trompé quant au lieu de la mort et quant à l’âge de l’évêque d’Aire. Pourquoi ne pas avoir consulté le Gallia christiana ? — M. J. Guadet, éditeur du Supplément au Recueil des lettres missives de Henri IV (t. viii, 1872, p. 139, note 4), a pieusement conservé l’anachronisme de M. Berger de Xivrey, y joignant de son crû une nouvelle et bien grosse erreur : «  Il fut, en 1575, quoique laïque et marié, fait évêque d’Aire. » Nulle part il n’est question de ce prétendu mariage, et l’on ne parvient pas à s’expliquer la maîtrise du continuateur de M. Berger de Xivrey.
  19. Non immerito de Francisco Fuzio de Candala, suo antistite, Adurensis gloriatur ecclesia (t. i, col. 1166). Les auteurs du Gallia ajoutent : « in omni tuae litterarum genere excelluit. »
  20. Voir dans le Manuel du libraire (t. ii, 2e partie, col. 1089) le titre (qui n’a pas moins de quatorze lignes) donné par Fr. de Foix à son travail sur Euclide. Une nouvelle édition, augmenté de deux livres sur les solides réguliers, parut en 1578 (in-fo). Vossius (De scientiis mathematicis, p. 68) a reproché au traducteur d’avoir substitué quelquefois ses propres pensées à celles de l’auteur. Je n’ai pas trouvé dans l’Histopire des Mathématiques de Montuela (édition de l’an vii, in-4o, t. i. p. 213). Par une double fautes d’impression, on a attribué la date de 1661, au lieu de 1566, à la traduction d’Euclide, dans une note de l’édition de 1772 de la Bibliothèque de la Croix du Maine (t. i, p. 210).
  21. Mercurii Trismegisti Pimandras utraque lingua restitutus, D. Fransisci Flussatis Candallæ industria, etc (Bordeaux, Millange, in 4o ). Voici comment l’auteur parle de son collaborateur : « Accito consultorum assensu non tantum græcarum sed etiam orientalium lingrarum ( ut pote Josephi Scaligeri, juvenis illustrissimi, non minus doctis linguis eruditi, quam conditione et prosapia præclari, opera), parpaucos pingentis errores sarcientes, » etc.
  22. Le Pimandre de Mercure Trismégite de la philosophie chrestienne, cognoissance du Verbe divin, et de l’excellence des œvres de Dieu, traduit de l’exemplaire grec, avec collation de très amples commentaires, par François Monsieur de Foix, de la famille de Candalle, captal de Buchs, et evesque d’Ayre, etc.
  23. Manuel du libraire, t. iii, 2e partie, col. 1648. Pymander provient sans doute d’une faute d’impression. Partout ailleurs s’offre à moi la forme Pimandre, même dans le manuscrit que la Bibliothèque nationale possède de la traduction de Fr. de Foix, sous le no 14768 du Fonds français (vol in-4o de 104 feuillets).
  24. Le volume se compose de 741 pages sans y comprendre la Table des matières qui occupe bien une cinquantaine de pages de deux colonnes.
  25. Je n’ai pas besoin de dire combien Fr. de Foix se trompait en accordant une aussi grande antiquité à nos livres qui appartiennent manifestement aux premiers siècles de l’ère chrétienne, comme Casaubon le premier l’a reconnu. Sur l’origine des livres hermétiques, on peut consulter l’excellente étude qui précède la traduction complète donnée par M. Louis Ménard des livres venus jusqu’à nous sous le nom d’Hermès Trismégiste. (Paris, Didier, 1866, 1 vol. in-4o.) En rendant compte de cet ouvrage dans la Revue bibliographique et littéraire de septembre 1867, je ne manquai pas de reprocher à l’auteur de n’avoir même pas prononcé le nom de Fr. de Foix dans une introduction de plus de cent pages.
  26. Les vers grecs sont d’Etienne Maniald ; les vers latins sont de Jean Guijon et d’un autre poète qui signe simplement R. L.
  27. M. de Saint-Marc assure que Mercure Trismégiste est antérieur à Abraham. Patrizzi s’est contenté d’en faire un contemporain de Moïse.
  28. On lit dans le Privilége (Avignon, 8 janvier 1575) : « Nostre amé et féal cousin François de Foix de Candalle, evesque d’Ayre, conseiller en nostre conseil privé, nous a faict remonstrer avoir cy devant composé, rédigé et mis par escript certains commentaires, tant sur les élémens de géométrie et mathématiques de Euclide Megarense, que sur les livres de Mercure Trismégiste, reveu et recogneu de nouveau iceux commentaires, ensemble les textes desdictz autheurs, et aux dicts commentaires adjousté beaucoup d’observations grandement utites et profitables à nos subjects… »
  29. En revanche, on y trouve une trés-longue et trés-belle pièce adressée a « Monseigneur François Monsieur de Foix de Candalle, conseiller du Roy en son conseil privé, qui contient l’éloge, non-seulement du traducteur d’Euclide, mais encore de tous ceux qui ont porté le nom de Foix (Les poèmes de Pierre de Brach, 1576, in-4o, fo 148-152. Le début de la pièce est plein de majesté :

     
    Ceux de qui les beaux vers, jusqu’aux terres estranges
    Vites vont et revont, comme hérauts des louanges,
    Peuvent éterniser le nom qu’ils ont chanté :
    Mais ne pouvant du tien allonger la mémoire,
    Je veux que de ton nom le mien prenne sa gloire,
    Et qu’il sacre mes vers a l’immortalité.


    — Il a été dit à tort dans la Revue de Gascogne (t. iii, p. 197) que Pierre de Brach fut le filleul de l’évêque François de Foix-Candalle. Le poète bordelais eut pour parrain, comme il le déclare lui-meme (Archives de la Gironde, t. i. p. 65), Monsieur de Favars. C’est le second fils de Pierre de Brach qui, selon ses termes (ibid., p. 63), « fut présenté au babtesme par Monseigneur François Monsieur de Foix de Candalle, evesque d’Aire, et madamoyselle Diane de Foix de Candalle, sa nièce. »

  30. Citons ici le Gallia christiana : « In collegio Aquitanico Burdegalæ, ubi fnndata est a Francisco cathedra pro mathematicis disciplinis tradendis, legitur hæc épigraphe æneæ tabulæ insculpta : Franciscus Flussas Candala illustrissimus princeps, Bojorum captalis, et episcopus Adurensis, in litterarum gratiam et matheseos illustrationem, mathematicam lectionem perpetuam, et solemnem in gymnasio Aquinatico instituit, atque annuo 500 librarum stipendio dotavit anno Domini MDXCI, IV cal. Aug. » À son tour, Montucla (t. i, p. 578) mentionne ainsi cette création : « Ce prélat géomètre fonda à Bordeaux une chaire de géométrie, et comme il s’était beaucoup adonné a la théorie des corps réguliers, il voulut qu’on ne pût être admis au concours qu’autant qu’on aurait trouvé quelque chose de nouveau sur ces corps. Cette loi était encore en vigueur au commencement de ce siècle ; car l’Académie des sciences fut, en 1703, prise pour juge d’une contestation élevée à ce sujet entre deux concurrents. » Voici ce que je trouve sur ce point dans l’Histoire de l’Académie royale des sciences, année 1703 (Paris, in-4o, 1705, p. 77) : « Il y a à Bordeaux dans le collége de Guyenne une chaire de mathématique fondée par François de Foix de Candalle. Il est dit par la fondation qu’en cas de vacance de cette chaire, elle sera donnée à celui qui sera jugé le plus digne par les experts qui seront choisis, et que chaque aspirant sera obligé de faire un jour une lecture publique où il démontrera une proposition de son invention, qui ne passe pas plus avant que le 9e livre des Élémens d’Euclide, et le lendemain une autre leçon où il démontrera aussi une proposition sur les corps solides et réguliers, qui soit de son invention, et qui se prouve par Euclide. Un aspirant ayant apporté deux propositions selon l’ordre prescrit, un concurrent lui contesta qu’elles fussent de son invention, et sur cette contestation les parties et les juges convinrent de s’en rapporter à l’Académie des sciences. Elle jugea qu’effectivement les deux propositions n’étaient pas nouvelles, et parce que l’exactitude qu’elle apporta à ce jugement consuma prés de deux séances, on a cru qu’il peuvait trouver place dans cette histoire. »
  31. J.-A. de Thou, moins bien informé que Gabriel de Lurbe, qui publiait la traduction française de sa chronique l’année même de la mort de Fr. de Foix, a prétendu qu’il avait rendu le dernier soupir au château de Cadillac. Cette erreur a été répétée par Hugues du Tems. (Clergé de France.)
  32. De Thou s’est trompé un peu plus encore, lui qui annonce que Fr. de Foix avait dépassé 84 ans. Scévole de Sainte-Marthe (Éloges des hommes illustres) s’est trompé bien davantage, car il a cru que l’évêque d’Aire était mort âgé de plus de 90 ans.
  33. Traduction d’Antoine Teissier dans les Éloges des hommes savans (t. iv, p. 188-190). De Thou a parlé encore de Fr. de Foix dans ses Mémoires, mentionnant les fréquentes visites qu’il lui rendit dans sa maison de Puy-Paulin, à Bordeaux, en 1582, et le dîner « assaisonné de savant propos » que ce prélat lui donna, la même années, dans son château de Castelnau-de-Médoc. M. Taine a reproduit (p. 55-57 de son charmant Voyage aux eaux des Pyrénées, 1855) le récit fait, pendant ce dîner, par Candalle — de son accession du pic du Midi. De Thou — il a soin de nous l’apprendre — connaissant tout le plaisir que son hôte éprouvait à causer de ces courses dans les Pyrénées, avait poliment amené l’entretien sur ce sujet.
  34. Christophe de Foix fut lui aussi un habile mécanicien si, comme je le crois, c’est à ce frère de François de Foix que s’appliquent ces lignes d’une lettre inédite du gouverneur de Bordeaux, Antoine de Noailles, au roi de Navarre (7 février 1557. Bibliothèque nationale, Fonds français, vol. 6908, p. 3 : «  Quand aux engins de Christophe Monsieur de Candalle, j’ay tant fait chercher du bois propre qu’enfin il s’en est trouvé en un navire duquel l’on s’aydera sans toucher à celuy de la maison de ville qui donnoit aux jurats si grand regret de le bailler. Et à la vérité ils avoient quelque raison…  » Dans une lettre du 28 février (ibidem no 5), Antoine de Noaille dit encore : «  Nos fortifications se continuent selon le moyen que nous en avons. La machine de l’invention de Christophe Monsieur de Candalle est dressée au boulevard royal…  » Qui nous donnera des renseignement sur cette machine ?
  35. Gabriel Naudé (Apologie des grands hommes accusés de magie, Paris, 1669 t. i p. 52) paraît s’être inspiré de ce passage de Fl. de Raymond, écrivain qu’il a grandement loué à la page 396 da tome ii.
  36. L’auteur de l’Anti-Christ ajoute (p. 765) que François de Foix exprima au Pape Grégoire XIII un avis autre que celui qui prévalut, comme, dit-il, « j’ay veu par ce qu’il envoya à Sa Sainteté, et par tes responses du jésuite Clavius lesquelles ensemble les répliques dudit sieur de Foix j’ay par devers moy. » Dans l’Essai sur la vie et les ouvrages de Florimond de Raymond, j’ai oublié de citer cette phrase, à l’endroit où j’ai mentionné quelques-uns des manuscrits de la riche bibliothèque du controversiste agenais.
  37. Le passage du roi de Navarre à Cadillac, en 1584, n’est pas indiqué dans le tableau des Séjours et itinéraire de Henri IV avant son avénement au trône de France, placé par M. Berger de Xivrey à la fin du tome ii du Recueil des lettres missives de Henri IV.
  38. Édition de M. Lud. Lalanne (1854), p. 61. Edition de MM. Réaume et de Caussade (1878), p. 45. Voir encore sur Fr. de Foix l’Histoire da la vie du d’Épernon par Girad (in-4o, 1730, p. 57-58). — L’Histoire généalogique des grands officiers de la couronne (t. iii, p. 384) donne à l’évêque d’Aire cet éloge : « Ce fut un prélat d’un grand savoir, qui préféra l’étude des belles-lettres aux honneurs de la cour »
  39. Voir, au sujet du prieuré de la Réole, les Lettres inédites de François de Noailles, évêque de Dax, pages 23-26 du tirage à part (Aubry, 1865)
  40. Bibliothèque Nationale, Fonds français 15554, p. 44. — À la page précédente du même volume, on trouve la lettre suivante du neveu de l’évêque d’Aire : « Sire, j’ai receu les lettres qu’il a pleu à V. M. m’envoyer me commandant par icelles sortir ces gens que j’ay mis au prieuré de la Réolle pour le maintenir et conserver à Françoys Monsieur mon oncle, lequel prieuré, Sire, vous voulez rester et demeurer à Monsieur l’evesque de Dacz, vostre ambassadeur en Levant. Je vous puys bien assurer que, à ma requeste, il n’y a homme dans ycelluy prieuré. Si mondict sieur oncle en y a, je ne sçay qui le mout à y en tenir. Tant y a, Sire, que je suys resolu vous aller très humblement baiser les mains et recepvoir les commandementz desquel il vous plaira m’honnorer. Je verray y allant Monsieur l’evesque d’Aire, mon oncle, et sçauray de luy l’occasion pour laquelle il s’est mis dans ledict prieuré afin que je en puisse randre conte certain à V. M. pour ayant entendu ce qui en est, il vous plaise en ordonner vostre volonté. Cependant vous baisant très humblement les mains, je prie Dieu, Sire, vous maintenir en très bonne santé et donner très longue et très prospère vie.
    De Castelnau de Barbarenx en Aslarac, ce premier d’avril 1572.
    Vostre très humble et très obéyssant suget et serviteur
    Henry de Foix »

    Henry de Foix fut tué, l’année suivante, au siége de Sommières. Son précoce trépas fut déploré par un poéte gascon, Jean de la Jessée : Gessei Mauvesii in obitum nobil. Henrici Flussatæ, comitis Candallæ, nænia. Paris 1573. Le poème est dédié à François de Foix, évêque d’Aire. La Gessée composa sur le même sujet un autre opuscule intitulé : le tombeau de Henri de Foix, et dédié au maréchal d’Anville, beau-frère du jeune comte de Candalle (Paris, 1573, petit in-8o de 12 feuillets).

  41. Fonds français, 1886. in-4ode 144 pages.
  42. François de Foix s’appuie souvent, dans son traité, sur les livres hermétiques. Il les cite ainsi, par exemple (p. 10) : « Comme l’a escript Mercure le tré-grand, disant que tous les premiers animaux avoient ésté crées ambisexes, ensemble l’homme… »
  43. Trois ans plus tard (31 décembre 1587), Henri III nomma François de Foix commandeur de l’ordre du Saint-Esprit. On conserve, à la Bibliothèque nationale, dans le fonds Saint-Esprit (3327, t. ix, f° 126), un portrait à l’encre de Chine de François de Foix. Ni ce portrait, ni aucun autre, ne sont mentionnés dans le catalogue iconographique du tome iv de la Bibliothèque historique de la France. — Henri III demanda vainement à la cour de Rome un chapeau de cardinal pour l’évêque d’Aire. « Le cardinal de Joyeuse, selon Amelot de la Houssaye (note de la page 297 du tome i des Lettres du cardinal d’Ossat, 1708), rendant compte à Henri III des instances qu’il avait faites à Sixte-Quint pour la promotion de M. de Candale, évêque d’Aire, au cardinalat : Je n’eus, dit-il, autre réponse de Sa Sainteté que colère et paroles facheuse, qui seront mieux teues qu’escrite. »
  44. Le traité de l’Eucharistie, dont aucun biographe de François de Foix n’a fait la moindre mention, est hérissé de citations grecques et hébraïques. J’avoue qu’il m’a paru peu intelligible, excepté dans la partie qui offre (à partir de la page 92) des Exemples de responses briefves qui peuvent estres faictes aulx objections proposées contre le Sainct Sacrement, par ceulx qui par faulses intelligences de la nature divine tendent à subvertir l’honneur et révérence qui luy est dheu par le vray fidelle. Il y a là trente-sept objections suivies d’autant de réponses. L’avocat du bon Dieu bat d’une manière écrasante l’avocat du diable. La Gascogne a un théologien de plus.
  45. Bibliothèque Nationale, Fonds français, vol. 20480.
  46. Ce testament a été cité par l’abbé Baurein, lequel nous apprend qu’il fut remit entre les mains du notaire Chadirac le 20 janvier 1593 (Variétés bordeloises, t. ii. p. 24). Mais le docte archiviste a commis une grosse erreur en disant qae François de Foix institua son héritière universelle Marie de Foix, vicomtesse de Riberac. On va voir que l’héritière universelle du prélat fut sa nièce Marguerite de Foix.
  47. Le nom de Jacqueline de Foix a été oublié dans la plupart des généalogies de la famille de Foix, notamment dans celle du Moréri de 1759. L’abbé Baurein, qui n’a pas connu Charles de Foix-Candalle, mentionne, en revanche, sa sœur Jacqueline (t.ii, p.24).
  48. Le Gallia Christiana nous a conservé l’épitaphe placée sur le tombeau de Fr. de Foix par sa sœur, Marie de Foix (qui avait été mariée en 1551 avec Guy d’Aydie, vicomte de Riberac.) Ejus cadaver insigni mausoleo, quod ex marmore et ære fabrefactum conspicitur in choro ædis Augustinianorum Burdigalæ, veteri Candalæ dynastarum a multis annis monumento, conditum est. Maria autem Candala soror, fraternæ caritas memor. pyramidem erexit, cui inscriptum hoc epitaphium ::« Francisco Fluss. Candalae principi B. R. P. N. genere et ingenio clarissimo, doctrina et virtute maximo, fratri carissimo ex oculis hominum, non ex memoria erepto, Maria Fluss Candala R. soror mœrens hoc monumentum posuit. In eodem cor illius clausit, ac suum quando esse desierit, una concludi voluit, ut cineres etiam fraternæ concordiæ spécimen præbeant, et concordes post fata jaceant, qui concordes semper vixerant. Vixit annos 81 menses 5 dies 20. Obiit anno salutis mdxciv. »
  49. Aujourd’hui chef-lieu de canton du département de la Dordogne, arrondissement de Riberac.
  50. Chef-lieu de canton du département du Lot, arrondissement de Cahors.
  51. Gaston de Foix, fils de Charles, seigneur de Villefranche.
  52. Commune du département de la Gironde, arrondissement de Bordeaux, canton du Carbon-Blanc.
  53. Marguerite de Foix, comtesse de Candalle, fille de Henri de Foix et de Marie de Montmorency, et petite-fille de Frédéric de Foix d’une part, du connétable Anne de Montmorency, d’autre part, mariée (7 août 1587) avec Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon, morte dans sa vingt-sixième année, en 1593, après avoir disposé en faveur de son mari de tout ce qu’il était possible de lui laisser.
  54. Chef-lieu de canton da département de la Gironde, arrondissement de Bazas.
  55. Chef-lieu de canton du même département, arrondissement de La Réole.
  56. Chef-lieu de canton du même département, arrondissement de Bordeaux.
  57. Château situé dans le même département, arrondissement de Lesparre, canton et commune de Pauillac.
  58. Château dans le même département, arrondissement de Bordeaux, canton de Castelnau, commune de Soussans.
  59. Commune du département de la Gironde, arrondissement de La Réole, canton da Targon.
  60. Scévole de Sainte-Marthe (p. 499 de la traduction de Guil. Colletet), usant de la figure de rhétorique nommée apostrophe, dit à ce sujet : « Mais surtout je ne sçaurois assez louer ce salutaire elixir, c’est ainsi que tu appelles ce merveilleux antidote, que tu trouvas avec une peine et une assiduité merveilleuse ; et ce qui rend encore ton intention plus utile et plus considérable, c’est ie soin que tu as pris de la communiquer à la postérité. Car prévoyant bien que les hommes pour curieux qu’ils soient des beaux secrets de la nature, négligeroient enfin la composition et l’usage de celui-cy pour sa grande despense, tu voulus obliger le public jusques au poinct qu’après luy avoir donné un si rare secret, tu le luy voulus conserver encore par une notable somme d’argent que tu destinas à cet effect, et que tu ordonnas de prendre tous les ans sur ton bien. » Rappelons ici que Dom Denis de Sainte-Marthe a inséré dans le Gallia Christiana un long fragment du Livre iv des Elogia, relatif à Fr. de Foix, disant : « Sed satius est ejus elogium a gentili meo Scævola Sammarthano elucubratum referre, quam in novo scribendo tempus terere. »
  61. Sic pour Meille, vicomte en Aragon, possédée par Jean de Fois, comte de Gurson, père de ce Germain-Gaston de Foix, marquis de Trans et comte de Garson, dont le fils, Louis, épousa cette Chartotte-Diane de Foix, célébrée en vers par Florimond de Raymond et par Pierre de Brach, en prose par Michel de Montaigne.
  62. Fr. de Foix avait achheté, le 25 février 1562, à pacte de rachat, la terre de Vayres à la reine de Navarre (Droits de peage et de passage dans la juridiction de Vayres, etc., par M. Léo Drouyn. Actes de l’Académie de Bordeaux, 1869, p. 355.) Mais il n’en était pas possesseur en 1592, comme le prouve le silence qu’il garde dans son testament au sujet de cette terre.
  63. Un peu plus loin (p. 237), Jean de Gaufreteau raconte, sous l’année 1582, que « les jurats de Bourdeaux et M. François de Candale eurent du mal meslé ensemble, et procedoit de ce que lediet [Monsieur] François se voutoit approprier la place de Puy-Paulin… » Je reproduis cet éloge (p. 212, sous l’année 1578) d’un érudit que je me suis contenté de nommer, à propos du Pimandre de Fr. de Foix : En cette année, un certain personnage, nommé Saint-Marc, grandement sçavant, et lequel estant sorti de l’ordre et société des jesuistes, s’estoit mis à la suite de M. de Sainct-Luc, gouverneur de Brouage, se faict, en cette année, signaler, faisant le cours en philosophie, avec des termes parfaictement délicats, dans le collége de Guienne, souls la principauté d’Elie Vinet, touts les plus doctes te venoyent escouter ; les jesuistes mesmes, je dis des principaux, estoyent fréquents en son auditoire. On le tenoit pour un aultre Aristote ; au moins le savoit-il tout sur le doigt. Il se vantoit que si les livres de ce grand philosophe et de Platon estoyent perdus, il les remettroit. » Sur Jean Puget de Saint-Marc on peut voir tout le chapitre xii (p. 321-345) de l’Histoire du collége de Guyenne, où M. Gaullieur a parlé avec enthousiasme « de cet homme si justement célèbre en son temps, si complément oublié aujourd’hui.