Traduction par Leonard Chodźko.
Collection G. Barba (p. 380).

Z DYMEM POZAROW.

Avec la fumée des incendies et du sang de nos frères, cette voix s’élève vers toi, Seigneur. C’est une plainte terrible, c’est un dernier soupir. De pareilles prières font blanchir les cheveux. Nos prières ne sont plus que des gémissements. La couronne d’épines s’est fixée sur notre front comme un signe de ta colère. Nos mains suppliantes s’élèvent vers toi.

Et nous, nous regardons dans le ciel si de ses hauteurs cent soleils ne tomberont pas pour confondre nos ennemis ! Tout est tranquille dans l’azur des cieux ; comme toujours, l’oiseau libre y voltige. Alors, dans l’égarement horrible du doute, avant que notre foi ne se réveille, nos lèvres blasphèment, bien que nos cœurs saignent. Aussi, juge-nous d’après nos cœurs, et non d’après nos paroles !

Combien de fois ne nous as-tu pas fustigés ? Et nous, avant que le sang de nos dernières blessures ne fût séché, nous nous écriions de nouveau : « Il s’est laissé fléchir, car il est notre Père, il est notre Seigneur ; » et, de nouveau, nous nous relevons plus sincères dans notre confiance. Et cependant, avec ta volonté, l’ennemi nous écrase de nouveau. Son rire, comme une pierre sur notre poitrine, nous crie : Où est donc ce Dieu, leur Père ?

Seigneur, Seigneur ! le monde a horreur des choses terribles que le temps nous apporte. Le fils a tué son père, le frère a tué son frère. Il y a parmi nous des masses de Caïns. Mais, ô Seigneur, ils sont innocents, bien qu’ils aient reculé notre avenir ; d’autres démons ont travaillé avec eux. De ton glaive flamboyant, punis seulement la main qui les a dirigés.

Regarde, dans le malheur, nous sommes toujours les mêmes. Comme les oiseaux des bois qui vont reposer dans leurs propres nids, nous nous élevons vers toi, vers les étoiles, par la prière. Préserve-nous, par ta main paternelle ; promets-nous de voir ses futurs bienfaits ; que le parfum de la fleur du martyre nous endorme, que l’auréole du martyre nous entoure !

Et, avec ton archange en tête, nous courrons à la lutte sanglante, et, sur le cœur palpitant de Satan, nous enfoncerons ton étendard victorieux. Nous ouvrirons nos cœurs à nos frères égarés ; le baptême de la liberté lavera leur faute. Alors, le vil blasphémateur entendra notre réponse : Il y avait, il y a un Dieu ! Amen.