Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée - 26

La Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs (الروض العاطر في نزهة الخاطر)
Traduction par Baron R***.
(p. 260-262).


Chapitre XIXe

Relatif à ce qui enlève la mauvaise odeur des aisselles et
des parties sexuelles de la femme et rétrécit ces parties.

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Sache, ô Vizir, que Dieu te fasse miséricorde ! que la mauvaise odeur de la vulve et celle des aisselles constituent, ainsi que l’ampleur du vagin, les plus grands de tous les maux.

Quand la femme veut faire disparaître cette mauvaise odeur, elle doit piler de la myrrhe rouge, qu’elle tamise, puis pétrir cette poudre avec de l’eau de myrte أسْ[1], et se frotter les parties sexuelles avec l’onguent ainsi fabriqué. Toute émanation désagréable disparaîtra de sa vulve.

Un autre remède est obtenu en pilant de la lavande, qui est pétrie ensuite dans de l’eau de rose musquée ورد الطيب. On en imbibe un morceau de laine avec lequel on frotte la vulve, de façon à l’échauffer. La mauvaise odeur ne résiste pas à l’action de ce remède.

Si le but à atteindre est de rétrécir son vagin, la femme n’a qu’à faire dissoudre de l’alun dans de l’eau et à se laver les parties sexuelles avec cette dissolution, qui pourra être avantageusement mélangée avec une infusion d’écorce de noyer, cette dernière substance ayant des propriétés très astringentes.

Un autre remède consiste à faire bouillir convenablement dans l’eau des caroubes خـروب[2], dont on a retiré les graines, et de l’écorce de grenadier قشر الرمّان. La femme prend un bain de siège dans la décoction ainsi obtenue, et qui doit se trouver à la température la plus élevée qui puisse être supportée ; quand le bain est refroidi elle le fait réchauffer et en reprend un nouveau. Elle répète plusieurs fois cette immersion. Le même résultat peut être obtenu en soumettant la vulve à des fumigations de fumier de bœuf.

Pour chasser la mauvaise odeur des aisselles, on prend aussi de l’antimoine[nde 1] et du mastic مصطكى qui sont pilés ensemble et mis ensuite, avec de l’eau, dans un vase en terre. Ce mélange est frotté contre les parois du vase jusqu’à ce qu’il devienne rouge ; il est alors propre à être appliqué, par friction, sur les aisselles auxquelles il enlève toute mauvaise odeur. On doit faire usage à plusieurs reprises de cet onguent, qui guérit radicalement. Ce remède est sûr et éprouvé.

On atteint le même but en pilant ensemble de l’antimoine (hadida) et du mastic qu’on met dans une poêle à frire, sur un feu doux, jusqu’à ce que ce mélange prenne la consistance du pain, et en frottant ensuite ce résidu sur une pierre, de façon qu’il abandonne la pellicule qui le couvre. On s’en frictionne alors les aisselles dont on est assuré de voir bientôt disparaître la mauvaise odeur.

  1. (e’’) Note de l’éditeur. Les textes consultés donnent pour la substance dont il est question ici, hadida حديدة, nom qui sert à désigner l’oxyde de cuivre qu’on trouve dans le commerce et qui, soumis à l’action du feu, pulvérisé et mélangé à de la noix de galle pilée, sert à teindre les cheveux en noir.
  1. (158) L’auteur désigne, ici sous le nom de ass, le myrtus communis de Linnée, dont le nom plus usuel est reund رنــد, qui sert aussi à désigner le laurier.
  2. (159) La caroube est le fruit du caroubier, arbre bien connu et dont les fleurs répandent une odeur très pénétrante qui se rapproche de celle du sperme de l’homme. Le fruit passe pour avoir des vertus apéritives et pectorales et les feuilles sont astringentes.