Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée - 10

La Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs (الروض العاطر في نزهة الخاطر)
Traduction par Baron R***.
(p. 63-65).


CHAPITRE IIIe

Des méprisables parmi les hommes

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Sache, ô mon frère, que Dieu te fasse miséricorde ! que l’homme méprisable aux yeux des femmes est celui qui est malpropre, d’un extérieur grossier et dont le membre est court, mince et mou.

Quand un homme pareil se rencontre avec une femme, il ne la coïte pas avec vigueur et de manière à lui procurer de la jouissance. Il se couche sur sa poitrine sans caresses préliminaires ; il ne l’excite pas, il ne l’embrasse pas et il ne l’étreint pas ; il ne la mord pas, il ne suce pas ses lèvres et il ne la chatouille pas.

Il monte sur elle avant qu’elle n’ait commencé à ressentir du plaisir, puis il lui introduit un membre mou, et encore n’est-ce qu’avec des peines infinies ! À peine a-t-il commencé qu’il est déjà exténué ; il remue une ou deux fois, puis il s’affaisse sur la poitrine de la femme pour éjaculer, et c’est là le comble de ses efforts ! Cela fait, il retire son membre et il s’empresse de descendre de dessus la femme.

Un homme pareil, a dit un auteur, est prompt à l’éjaculation et lent à l’érection ; après le tressaillement que procure la sortie du sperme, sa poitrine est lourde et sa croupe légère.

De pareilles qualités ne lui sont point une recommandation auprès des femmes.

Est aussi méprisable celui qui est perfide dans ses paroles ; qui, ayant fait une promesse ne la tient pas ; qui ne parle que pour mentir et qui dissimule à sa femme toutes les actions, excepté les adultères qu’il commet.

Celui-là ne peut être estimé des femmes, puisqu’il ne peut leur procurer aucun agrément.

On raconte qu’un homme nommé Abbès, dont le membre était extrêmement petit et mince, avait une femme d’une forte corpulence, qu’il ne parvenait pas à satisfaire dans le coït, à tel point qu’elle ne tarda pas à s’en plaindre à ses amies.

Cette femme possédait une fortune considérable, tandis, qu’Abbès était très pauvre, et leurs relations étaient telles que, lorsqu’il manifestait un désir à sa femme, il était certain de voir celle-ci ne pas lui accorder ce qu’il demandait.

Il alla trouver un jour un Sage et lui soumit son cas.

Le Sage lui dit : « Si tu avais un beau membre, tu disposerais de la fortune. Ne sais-tu pas que la religion des femmes est dans leur vulves ? Mais je vais t’enseigner un remède qui te tirera d’embarras.

Abbès s’empressa de composer le remède d’après la recette du Sage et lorsqu’il en eut fait usage, son membre devint gros et long. Quand sa femme le vit dans cet état, elles s’émerveilla ; mais ce fut bien autre chose quand elle ressentit, en fait de jouissance, tout autre chose que ce qu’elle avait éprouvé jusqu’alors : il se mit, en effet, à la travailler dans le coït d’une façon remarquable, tellement que pendant l’opération, elle fit entendre des râlements, des soupirs, des sanglots et des hurlements.

Dès que cette femme eut reconnu, en son mari, des qualités aussi remarquables, elle lui donna tout son bien, mettant sa personne, ainsi que tout ce qu’elle possédait, à son entière disposition.

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