Rodomontade amoureuse


CLAUDINE, avec le temps tes grâces passeront,
Ton jeune teint perdra sa pourpre et son ivoire ;
Le ciel, qui te fit blonde, un jour te verra noire,
Et, comme je languis, tes beaux yeux languiront.

Ceux que tu traites mal te persécuteront,
Ils riront de l’orgueil qui t’en fait tant accroire ;
Ils n’auront plus d’amour, tu n’auras plus de gloire ;
Tu mourras, et mes vers jamais ne périront.

Ô cruelle à mes vœux, ou plutôt à toi-même,
Veux-tu forcer des ans la puissance suprême,
Et te survivre encore au delà du tombeau ?

Que ta douceur m’oblige à faire ton image,
Et les ans douteront qui parut le plus beau,
  Ou mon esprit, ou ton visage.