Chefs d’œuvre lyriques (Malherbe)/54
Les Chefs d’œuvre lyriques de Malherbe et de l’école classique, Texte établi par Auguste Dorchain, A. Perche, , Tome i (p. 87-88).
La Maison de Ronsard
JE ne vois rien ici qui ne flatte mes yeux :
Cette cour du balustre est gaie et magnifique ;
Ces superbes lions qui gardent ce portique,
Adoucissent pour moi leurs regards furieux.
Le feuillage, animé d’un vent délicieux,
Joint au chant des oiseaux sa tremblante musique ;
Ce parterre de fleurs, par un secret magique,
Semble avoir dérobé les étoiles des cieux.
L’aimable promenoir de ces doubles allées,
Qui de profanes pas n’ont point été foulées
Garde encore, ô Ronsard, les vestiges des tiens.
Désir ambitieux d’une gloire infinie !
Je trouve bien ici mes pas avec les siens,
Mais non pas, dans mes vers, sa force et son génie.