H. Simonis Empis, éditeur (p. 209-218).
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XV

« — Non, tu ne m’aimes pas, s’écria-t-il

avec une vivacité agressive. Je l’ai vu tout de suite !… J’espérais te conquérir, mais, de jour en jour, au contraire, je te sens plus froide, plus

lointaine !… » (Page 212.)

Des jours s’étaient écoulés, plus paisibles que Charlette ne l’eût pensé.

Au milieu des réalités pénibles du début de l’intimité conjugale, des détails un peu vulgaires de la promiscuité de la vie à deux, le rappel de Hallis n’était plus revenu troubler la jeune femme. Elle s’était habituée à subir sans bonheur, mais sans répulsion, la passion de son mari. Et, aux instants de simple camaraderie, elle sentait grandir en elle une profonde, sérieuse amitié pour lui.

— Tu es tout pour moi ! lui répétait-elle, plongeant ses yeux dans les yeux du jeune homme, Page:Pert - Charlette.djvu/222 Page:Pert - Charlette.djvu/223 Page:Pert - Charlette.djvu/224 Page:Pert - Charlette.djvu/225 Page:Pert - Charlette.djvu/226 Page:Pert - Charlette.djvu/227 Page:Pert - Charlette.djvu/228 Page:Pert - Charlette.djvu/229 loureuse, et devenait de jour en jour plus imaginaire, plus irréelle. Ses élans d’autrefois aussi bien que ses ressentiments s’étaient endormis. Hallis devenait pareil à un dieu proscrit, secrètement adoré, que l’on sait ne devoir jamais approcher et que l’on pare de qualités impunément. D’ailleurs, elle n’avait point encore osé reprendre un de ses livres qui demeuraient tentation constante sous ses yeux pendant les longues heures qu’elle passait dans la bibliothèque, son refuge favori.

Enfin, Léon se leva, étouffa un bâillement.

— Il est tard !…

Et, ils revinrent vers le château, les bras toujours unis, quoique de minute en minute plus conscients du désaccord de leurs âmes.