Chapelets de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Sainte Vierge/Stabat Mater


STABAT MATER,
EN VERS FRANCAIS [1].
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Debout, près de la Croix, la mère des douleurs,
Quand son fils s'immolait pour le salut du monde,
Languissante, exhalait sa tristesse profonde
Et se fondait en pleurs.

Sous le poids de ses maux, gémissante, accablée,
Attachant sur la Croix ses regards maternels,
Un glaive pénétrant perçait de traits cruels
Son âme désolée.

Ô que le ciel sur elle appesantit ses coups !
Combien fut rigoureux ce sanglant sacrifice,
Lorsqu'elle vit, au fort du plus affreux supplice,
Son fils mourant pour nous !

Qui pourrait contempler les mortelles alarmes
Et la mer d'amertume où fut plongé son cœur ?

Qui pourrait voir pleurer la mère du Sauveur,
Et retenir ses larmes ?

Comment être témoin de ce dernier adieu,
Assister d'un œil sec aux douleurs du Calvaire,
Sur son fils expirant voir gémir une mère,
Et la mère d'un Dieu !

Pour fléchir du Très-Haut la justice irritée,
Un Dieu souffre la mort ; et les fouets des bourreaux,
Par la rage animés, font voler en lambeaux
Sa chair ensanglantée.

Une mère, témoin des maux qu'il va souffrir,
Aux tourments de la crainte abandonne son âme ;
Et son fils innocent, sur une croix infâme,
Rend le dernier soupir.

Mère du chaste amour, Vierge sainte, ô Marie !
Obtenez-moi le don de sentir vos douleurs :
Qu'en pleurant avec vous, de mes terrestres pleurs
La source soit tarie.

Des célestes ardeurs que mon cœur enflammé
Par votre exemple apprenne à s'immoler lui-méme.

Mère de mon Sauveur, ah, faites que je l'aime,
Et que j'en sois aimé.

Imprimez dans mon âme, en traits ineffaçables,
L'amour de votre fils, le zèle de sa loi,
Et des tourments d'un Dieu mort victime pour moi
Les traces adorables.

Qu'à cet objet chéri tout soit sacrifié :
Et puisse au dernier jour de mon pèlerinage,
La mort, en me frappant, trouver en moi l'image
D'un Dieu crucifié !

Puissé-je, en méditant ce consolant mystère,
Des profanes désirs voir s'éteindre le feu !
Puissé-je unir mes maux aux maux d'un Homme-Dieu
Et d'une Vierge-Mère !

Que de l'amour divin suivant les saintes lois,
Je méprise, enivré de ses chastes délices,
Du monde et de la chair les douceurs corruptrices,
Pour n'aimer que la Croix.

Mère du Rédempteur, vous êtes mon refuge :
De son juste courroux daignez me préserver ;
Désarmez sa vengeance, et faites-moi trouver
Mon Sauveur dans mon juge.

Qu'au jour de sa fureur la Croix soit mon appui ;
Et que, par elle, en paix voyant briller sa gloire,
Je puisse sur l'Enfer partager sa victoire,
Et régner avec lui.
Et régner avec lui. Ainsi soit-il.


Votre âme sera percée d'un glaive de douleur :

Afin que les pensées de plusieurs cœurs soient manifestées.


PRIONS.

Nous vous prions, Notre-Seigneur Jésus-Christ, de nous faire ressentir maintenant, et à l'heure de notre mort, les effets de l'intercession de la bienheureuse vierge Marie, votre mère, dont l'âme sainte, à l'heure de votre passion, a été percée d'un glaive de douleur : qui vivez et régnez, etc. Ainsi soit-il.


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  1. Cette traduction en vers du Stabat Mater est du comte de Marcellus (Marie-Louis-Auguste), pair de France.