Chansons rouges/Le Lys rouge

Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 153-159).


LE LYS ROUGE


À Anatole France.
Un Bourbon chante :

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r4 r8 f | bes c d c
bes c d c | bes4 bes8 d | \tuplet 3/2 { c4 c8 } \tuplet 3/2 { c4 c8 }
f, f f f | bes4 r8 f | bes c d c
bes c d c | bes4 bes8 bes | \tuplet 3/2 { a4 bes8 } \tuplet 3/2 { c4 g8 }
a bes a g | f4 \tuplet 3/2 { f8 f f }
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  ges \( f e f ges f | f4 f8 \) bes bes bes
% {page suivante}
ges ges ges bes bes bes | c4. f,8 f f 
ges f e f ges f | a4. f8 f f
ges ges ges a a a | c4. c8 r d
d4^\markup { REFRAIN \italic rallent Ronde } c8 c4 d8 | d4. (c4) f,8
f4 fis8 g4 a8 | a4.~ a8 r c | bes2.~ bes4. r4 r8
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\addlyrics {
Vint à fleu -- rir dans mon jar -- din de Fran -- ce
Un lys de neige, un beau lys de can -- deur.
Le peuple en lui met -- tait son es -- pé -- ran -- ce,
Et l’ho -- no -- rait comme un Grand Com -- man -- deur.
Mais un beau jour mon lys en Pa -- les -- ti -- ne
Pour la croi -- sade é -- mi -- gra flam -- bo -- yant.
Du sang des Turcs il re -- vint rou -- geoy -- "ant :"
C’é -- tait la loi de l’É -- gli -- se la -- ti -- ne.
"« Fleu" -- ris, grand lys, fleu -- "ris !"
Fleu -- ris rouge à Pa -- ris,
Fleu -- "ris ! »"
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I

Vint à fleurir dans mon jardin de France
Un lys de neige, un beau lys de candeur.
Le peuple en lui mettait son espérance :
Il se dressait comme un grand commandeur.

Mais un beau jour mon lys en Palestine
Pour la croisade émigra flamboyant.
Du sang des Turcs il revint rougeoyant :
C’était la loi de l’Église latine.
            Fleuris, grand lys, fleuris,
            Fleuris rouge à Paris,
                        Fleuris !

II

Vint à passer mon cousin d’Angleterre :
« Mon beau cousin, j’ai semé. Récoltez !
À vous mon lys, à vous ma bonne terre,
Si vous domptez mes sujets révoltés. »
Vint à passer la Pucelle lorraine :
« Sire le Roi, vos lauriers sont pâlis.
Voici mon bras pour sauver votre lys,
Voici mon sang pour défendre sa graine. »
            Fleuris, grand lys, fleuris,
            Fleuris rouge à Paris,
                        Fleuris !

III

Vint à passer la reine Catherine :
C’était la nuit de Saint-Barthélemy.
Le lys reprit sa couleur purpurine
Au sang français mieux qu’au sang ennemi.

Vint à passer le chef des dragonnades :
Le lys rougit de la Garonne au Rhin,
Tant qu’un beau jour le peuple souverain
Contre le lys tourna ses canonnades.
            Fleuris, grand lys, fleuris,
            Fleuris rouge à Paris,
                        Fleuris !

IV

Vint à passer près des marches du trône
Mon beau cousin, Philippe-Égalité.
Dans ma défaite il a pris ma couronne
Et mon beau lys, il l’a décapité.
Mais une goutte a jailli de sa tige,
Qui marque au front les traîtres pour l’exil.
Mon lys est mort sans regretter l’avril :
Mieux vaut la mort que perdre son prestige !
            Fleuris, grand lys, fleuris,
            Fleuris rouge à Paris,
                        Fleuris !