Chansons pour mon ombre (1907)/Aurore sur la Mer

Pour les autres éditions de ce texte, voir Aurore sur la mer.

Chansons pour mon ombreAlphonse Lemerre, éditeur (p. 69-70).

AURORE SUR LA MER


Je te méprise enfin, souffrance passagère !
J’ai relevé mon front. J’ai fini de pleurer.
Mon âme est affranchie, et ton ombre légère,
Dans les nuits sans repos, ne vient plus l’effleurer.

Aujourd’hui je souris à l’aube qui nous blesse.
Ô vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs,
D’une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse,
Ô vent du large ! emporte à jamais les douleurs !


Emporte tes douleurs au loin, d’un grand coup d’aile,
Afin que le bonheur éclate, triomphal,
Dans nos cœurs où l’orgueil divin se renouvelle,
Tournés vers le soleil, tes chants et l’idéal !