Chansons populaires du Canada, 1880/p258
sainte marguerite-pinpanipole
Il est singulier de voir comme les paroles les plus insignifiantes, accolées à quelques pauvres notes de musique, peuvent se répéter de pays en pays et de siècle en siècle. Je lisais, il y a quelques jours, que, dans le Berry, en France, on chante une berceuse dont les mots sont :
« Dodo, berline !
Sainte Catherine,
Endormez ma p’tite enfant
Jusqu’à l’âge de quinze ans !
Quand quinze ans seront sonnés,
Il faudra la marier. »
Au moment où je le lisais ces lignes, ici, à Québec, à mille lieues de la France, j’entendais une bonne d’enfants, qui chantait, dans une chambre voisine :
Sainte Marguerite,
Veillez ma petite !
Endormez ma p’tite enfant
Jusqu’à l’âge de quinze ans !
Quand elle aura quinze ans passé,
Il faudra la marier,
Avec un p’tit bonhomme
Qui viendra de Rome.
Pinpanipole qui « rencontre les gens du Roy, » nous vient aussi de France, très-probablement, et je serais curieux de savoir s’il s’y est conservé, ou s’il a émigré corps et biens pour venir amuser les petits Canadiens au berceau. On chante cette mélodie, qui n’est pas sans quelque mérite, en frappant successivement, du bout du doigt, les cinq doigts tendus d’un petit enfant à qui on fait ouvrir la main. Lorsque, à la fin du couplet, on dit : dehors ! dehors ! dehors ! on fait disparaître un des doigts de l’enfant sous sa main, en faisant mine de le dévorer, — ce qui, d’ordinaire fait rire le bambin aux éclats ; — puis on recommence le même petit jeu sur les quatre doigts qui restent ; et ainsi de suite, en faisant disparaître un doigt à la fin de chaque répétition du couplet.
Pinpanipole, un jour du temps passé,
Passant par la ville, rencontre les gens du Roy,
Beau pigeon d’or, les gens des allumettes,
Beau pigeon d’or, le p’tit cochon dehors !
Parlé : — Dehors ! dehors ! dehors !