Chansons populaires du Canada, 1880/p238

Texte établi par Robert Morgan,  (p. 238-253).


la guignolée


Ce chant de la Guignolée, si remarquable à cause de l’antiquité de son origine, a eu le privilège d’occuper l’attention de plusieurs de nos meilleurs écrivains canadiens. L’honorable monsieur P. J. O. Chauveau y a consacré quelques lignes dans une des charmantes « petites revues » de son Journal de l’Instruction Publique, et monsieur J. C. Taché, dans les Soirées Canadiennes, en a fait l’objet d’une notice intéressante que je reproduis ici :

« Ce mot La Ignolée, dit M. Taché, désigne à la fois une coutume et une chanson : apportées de France par nos ancêtres, elles sont aujourd’hui presqu’entièrement tombées dans l’oubli.

« Cette coutume consistait à faire par les maisons, la veille du jour de l’an, une quête pour les pauvres (dans quelques endroits on recueillait de la cire pour les cierges des autels) en chantant un refrain qui variait selon les localités, refrain dans lequel entrait le mot La Ignolée, Guillonée, la Guillona, Aguilanleu, suivant les dialectes des diverses provinces de France où cette coutume s’était conservée des anciennes mœurs gauloises.

« M. Ampère, rapporteur du Comité de la langue, de l’histoire et des arts de la France, etc., a dit au sujet de cette chanson : « Un refrain, peut-être la seule trace de souvenirs qui remontent à l’époque druidique. »

« Il ne peut y avoir de doute sur le fait que cette coutume et ce refrain aient pour origine première la cueillette du gui, sur les chênes des forêts sacrées, et le cri de réjouissance que poussaient les prêtres de la Gaule druidique : Au gui l’an neuf, quand La plante bénie tombait sous la faucille d’or des Druides.

« Dans nos campagnes, c’était toujours une quête pour les pauvres qu’on faisait, dans laquelle la pièce de choix était un morceau de l’échine du porc, avec la queue y tenant, qu’on appelait l’échignée ou la chignée. Les enfants criaient à l’avance en précédant le cortège : la Ignolée qui vient ! On préparait alors sur une table une collation pour ceux qui voulaient en profiter et les dons pour les pauvres.

« Les Ignoleux, arrivés à une maison, battaient devant la porte, avec de longs bâtons, la mesure en chantant : jamais ils ne pénétraient dans le logis avant que le maître et la maîtresse de la maison, ou leurs représentants, ne vinssent en grande cérémonie leur ouvrir la porte et les inviter à entrer. On prenait quelque chose, on recevait les dons dans une poche qu’on allait vider ensuite dans une voiture qui suivait la troupe ; puis on s’acheminait vers une autre maison, escorté de tous les enfants et de tous les chiens du voisinage, tant la joie était grande… et générale !

« Voici la chanson de La Ignolée, telle qu’on la chantait encore en Canada, il y a quelques années, dans les paroisses du Bas du Fleuve :

  
« Bonjour le maître et la maîtresse
Et tous les gens de la maison.
Nous avons fait une promesse
De v’ nir vous voir une fois l’an.
Un’ fois l’an… Ce n’est pas grand’ chose
Qu’un petit morceau de chignée.

« Un petit morceau de chignée,
Vingt-cinqSi vous voulez.
Si vous voulez rien nous donner,
Vingt-cinqDites-nous le.
Nous prendrons la fille aînée,
Nous y ferons chauffer les pieds !
La Ignolée ! La Ignoloche !
Pour mettre du lard dans ma poche !

« Nous ne demandons pas grand’ chose
Vingt-cinqPour l’arrivée.
Vingt-cinq ou trent’ pieds de chignée
Vingt-cinqSi vous voulez.

« Nous sommes cinq ou six bons drôles,
Et si notre chant n’ vous plaît pas
Nous ferons du feu dans les bois,
Vingt-cinqÉtant à l’ombre ;
On entendra chanter l’ coucou
On eEt la conlombe ! ”

« Le christianisme avait accepté la coutume druidique la sanctifiant par la charité, comme il avait laissé subsister les menhirs en les couronnant d’une croix. Il est probable que ces vers étranges :

  
Nous prendrons la fille ainée,
Nous y ferons chauffer les pieds !


sont un reste d’allusions aux sacrifices humains de l’ancien culte gaulois. Cela rappelle le chant de Velléda, dans les Martyrs de Chateaubriand : — « Teutatès veut du sang… au premier jour du siècle… il a parlé dans le chêne des Druides ! » (Soirées Canadiennes, — année 1863.)

L’air sur lequel se chantent ces fragments consiste en quelques phrases musicales sur lesquelles la poésie s’ajuste tant bien que mal, tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre de ces phrases, sans ordre régulier.

Cette coutume traditionnelle de courir la Ignolée, si bien décrite par M. Taché, finit par perdre beaucoup de son caractère. Il y a une vingtaine d’années, le maire de Montréal donnait à des jeunes gens, la veille du jour de l’an, des permis de courir la Ignolée, sans lesquels on s’exposait à avoir affaire à la police. Cette mesure de précaution n’empêchait cependant pas toujours les désordres : lorsque, par exemple, deux Guignolées se rencontraient, pour peu qu’on se fût grisé en chemin, il y avait bataille, et les vainqueurs grossissaient leurs trésors du butin des vaincus.

M. Adélard Boucher, m’écrivait de Montréal, l’an dernier :

« … Je suis loin d’oublier la Ignolée, qui se prononce ici, universellement, Guignolée. Malheureusement, toutes mes démarches, jusqu’à présent, n’ont abouti à rien d’utile. Tout le monde sait les premiers vers, rien de plus. L’usage s’en passe à Montréal comme à Québec. Jadis ce chant était suivi de quêtes en faveur des pauvres de la localité sérénadée. Aujourd’hui les artistes chanteurs se constituent eux-mêmes les pauvres, et transforment en copieuses libations les aumônes qu’il réussissent encore à prélever de leurs dupes. Ce secret dévoilé a refroidi, comme vous pouvez bien le penser, les sympathies des cœurs charitables, et, aujourd’hui, artistes et pauvres exploitent avec un mince succès « La Guignolée. » En attendant le texte fidèle de ce chant remarquable, en voici, de mémoire, à peu près la substance : »


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En France, dans le Vendômois, « tous les enfants courent les rues, le premier jour de l’an, et disent à ceux qu’ils rencontrent : « Donnez-moi ma gui-l’an-neu. » Dans le Maine, le peuple court aussi les rues, la nuit qui précède le premier jour de l’an, chante des chansons aux portes des particuliers, et les termine par demander quelque choses pour la gui-l’an-neu. » (C. Leber, Collection de pièces relatives à l’histoire de France, p. 37, t. III.)

On aimera sans doute à connaître une Guignolée française, et on lira avec intérêt l’article et la chanson qui suivent, tirés d’un almanach publié à Paris (L’Illustration, année 1855) :

la guillannée.

« La guillannée, gui, l’an néou ! gui ! l’an neuf ! se fait de la manière suivante dans les contrées méridionales. Le 31 décembre au soir, des groupes d’enfants, de jeunes gens, de mendiants, vont, à la lueur d’un flambeau, de porte en porte, aussi bien dans les campagnes que dans les villes, quêter un présent en l’honneur de l’an nouveau, en entonnant des complaintes ou des légendes en mauvais français, finissant toutes par ces mots ou par des équivalents : donnez-nous la guillannée !

« Les présents qui leur sont accordés consistent quelquefois en monnaie, le plus souvent en provisions de bouche, fruits, viande de porc, etc.

« Voici une des légendes chantées par les quêteurs :

  
« Le fils du roi s’en va chasser (bis)
Dans la forêt d’Hongrie ;
Ah ! donnez-nous la guillannée,
Monseigneur, je vous prie !

 

« Ayant chassé et rechassé, (bis)
Il n’a pas fait grand’ prie ;
Ah ! donnez-nous, etc.

« Il n’a trouvé qu’un nid d’oiseau, (bis)
Qui s’appelle la Trie.
Ah ! donnez-nous, etc.

« De cinq qu’il y a, prend le plus beau, (bis)
Et le porte à sa mie.
Ah ! donnez-nous, etc.

« Qui l’a gardé pendant sept ans (bis)
Dedans une gabie.
Ah ! donnez-nous, etc.

« Pendant sept ans il y est resté, (bis)
Menant bien triste vie.
Ah ! donnez-nous, etc.

« Va, retourne, petit oiseau, (bis)
Va, retourne à ta mie.
Ah ! donnez-nous, etc.

« Ainsi que lui, ne reviens pas (bis)
Dedans cette gabie.
Ah ! donnez-nous la guillannée,
Monseigneur, je vous prie ! »

Tous les auteurs français que j’ai pu consulter sur la matière s’accordent à donner une origine gauloise à la coutume et aux chansons désignées à la fois par ce mot de Guignolée ou Guillannée. Aujourd’hui encore, dans l’ancienne province du Perche, d’où sont venus les ancêtres d’un grand nombre de familles canadiennes, on appelle les présents du jour de l’an : les éguilas ; or la coutume druidique étant de distribuer le gui de l’an neuf « par formes d’étrennes, au commencement de l’année, » il est évident que de là vient ce nom de éguilas (ou éguilables, comme on dit à Chartres,) donné aux cadeaux du nouvel an.

Le gui est une plante parasite qui naît sur le chêne, sur le pommier, sur le prunier, sur l’acacia d’Amérique, sur le hêtre, sur l’yeuse, sur le châtaigner et sur plusieurs autres arbres. L’histoire de la puissance mystérieuse de cette plante est racontée en détail dans l’Edda des Scandinaves, le livre qui contient le plus de renseignements sur le culte druidique.

On sait que, environ six cents ans avant Jésus-Christ, les Cimbres on Kimris, qui habitaient la Crimée, firent éruption sur l’Europe septentrionale et occidentale et s’établirent successivement dans les divers pays compris entre la Scandinavie, les Alpes et les Pyrénées. Ce furent ces peuples qui apportèrent le druidisme dans la Gaule. Il paraît que l’olympe des Cimbres, comme l’olympe des Grecs et des Romains contenait une société à mœurs joliment douteuses. Quoi qu’il en soit, une nuit, Balder, qui était le soleil, ni plus ni moins, eut un songe qui lui annonçait que sa vie était en danger. Il raconte son fait aux autres dieux, qui font avec Balder alliance offensive et défensive. Une vraie brave femme de déesse qui avait nom Fréa, mariée à un dieu nommé Odin, fit faire serment au feu, à l’eau, au vent et à tout ce qui constitue les règnes animal, végétal et minéral de ne pas faire une égratignure au susdit Balder. Cela étant, tous les dieux se faisaient un amusement, dans leurs grandes assemblées, de lancer toute espèce de projectiles au fortuné Balder que rien ne pouvait blesser et qui prenait un singulier plaisir à cet amusement d’un nouveau genre. Malheureusement, il y avait de par l’olympe un vilain garnement, fourbe, hypocrite et envieux, au demeurant assez joli garçon, que ce jeu-là n’amusait pas ; il s’appelait Loke. Déguisé en vieille femme, il se rend au palais de Fréa. La déesse un peu curieuse et un peu parleuse, lui demande si elle sait ce qui occupe le plus le conseil des dieux. — Les dieux, répond la vieille, jettent des traits et des pierres à Balder. — Et ni les armes de métal ni les armes de bois ne peuvent lui être mortelles, ajoute Fréa, car j’ai leur serment. — Quoi ! dit la vieille, est-ce que toutes les choses qui existent vous ont fait le même serment ? — Oui, réplique Fréa, excepté pourtant un petit arbuste qui croît au côté occidental du Valhalla (palais d’Odin), et qu’on nomme Mistil Teinn (gui), à qui je n’ai pas voulu demander de serment parce qu’il m’a paru trop jeune et trop faible… La vieille en savait assez. Loke reprenant sa forme naturelle s’en va vite arracher l’arbuste par la racine et s’en revient de l’air le plus innocent du monde prendre sa place au milieu des dieux. Or, parmi ces dieux, il en était un nommé Hoder qui était aveugle. Loke s’approche de lui et lui dit : — « Pourquoi ne lancez-vous pas aussi quelques traits à Balder ? Prenez ceci et faites comme les autres ; je vais vous indiquer où il se trouve. » Hoder ayant donc pris le gui, et Loke lui dirigeant la main, « il le lança à Balder, qui en fut percé de part en part, et tomba sans vie ; et l’on n’avait jamais vu parmi les dieux ni parmi les hommes un crime plus atroce que celui-là…»

« La fable de Balder (le Bélen des Gaulois) dit M. B. Clavel, explique le motif de cette recherche solennelle du gui du chêne. On comprend qu’elle avait pour objet de priver le dieu mauvais, qui représentait chez nos pères le Loke des Scandinaves, des moyens de tuer Bélen (le soleil). »

« De nos jours encore, continue M. Clavel, il s’est conservé dans quelques lieux du voisinage de Bordeaux des vestiges de cette coutume druidique (la recherche du gui) : des jeunes gens bizarrement vêtus vont en troupe, le premier janvier, couper des branches de chêne, dont ils tressent des couronnes, et reviennent entonner des chansons qu’ils appellent guilanus. Il en est de même parmi les peuples du Holstein, en Allemagne, qui appellent le gui marentaken, rameau des spectres. Les jeunes gens y vont, au commencement de l’année, frapper les portes et les fenêtres des maisons en criant : Guthyl ! (gui). »xxx(Histoire des Gaules, p. 18.)

« Le grand sacrifice du gui de l’an neuf se faisait avec beaucoup de cérémonies près de Chartres, le sixième jour de la lune, qui était le commencement de l’année des Gaulois, suivant leur manière de compter par les nuits, ad viscum druidæ clamare solebant, dit Pline. »xxx(C. Leber, ouvrage déjà cité, p. 21, t. III.)

De toutes ces traditions nous n’avons importé, en Canada, que la mascarade du 1er janvier et le chant de la Guignolée ; mais dans plusieurs pays d’Europe, le gui ou rameau des spectres est encore un objet de vénération auquel on attribue une grande puissance. (Voir Mallet, Introduction à l’histoire du Danemark, t. I. — Henry, Histoire d’Angleterre, t. I, etc., etc.)

Il est une autre coutume, autrefois en grand usage en Canada, à laquelle on attribue également une origine païenne, et que l’on aurait christianisée comme la Guignolée : c’est celle des feux de la Saint-Jean… Tombée aujourd’hui dans l’oubli, cette coutume subsistait encore au commencement de ce siècle dans certains pays de l’Europe (en Irlande, en France, en Espagne) de même qu’en Canada.

Les feux de la Saint-Jean paraissent remonter à une époque plus éloignée que l’établissement du christianisme ; ils peuvent être considérés comme un reste de l’ancienne superstition et de la vénération que les Celtes avaient pour le feu, qui purifie tout, qui échauffe et consume tout. Les païens l’adoraient comme la source première de la vie et du mouvement de l’univers, le symbole visible de la divinité. On allumait ces feux en réjouissance de l’arrivée du soleil au solstice d’été qui commence les longs jours (fin de juin).[1]

On lit dans la vie de saint Éloi (mort en 659), que ce fervent apôtre travailla avec ardeur à déraciner les nombreuses superstitions qui régnaient à cette époque dans l’esprit des populations du nord de la France, comme de danser et chanter à la fête du 24 juin, « de faire sauter les femmes malades par dessus des charbons allumés la veille, pour obtenir une heureuse délivrance. »

Dans le Plaid du concile de Lestines ou Leptines, qui s’assembla en 742, d’après le désir de Karloman, duc des Français, on remarque un catalogue des superstitions païennes alors en usage, « entr’autres celle du feu de Nodfir, au mois de juin, allumé en frottant l’un contre l’autre des morceaux de bois, pour faire des feux de joie en l’honneur des dieux et des déesses ; l’attouchement des flammes ou de la fumée attirant de prétendues bénédictions. »

Le meilleur moyen de couper court à ce reste de paganisme était de transformer cette fête de la superstition en une fête chrétienne, et c’est ce que l’on fit.

M. LaRue a bien voulu me passer la petite note suivante touchant la cérémonie du dernier feu de la Saint-Jean dans sa paroisse natale :

« Il y a cinquante-cinq ou cinquante-six ans que le dernier feu de joie de la Saint-Jean a eu lieu à Saint-Jean de l’Île d’Orléans.[2] C’était la grande fête de l’Île ; le feu se faisait la veille de la fête et était précédé du salut. Les habitants des paroisses voisines s’y rendaient en foule, tous à cheval. Avant ce temps, les femmes s’y rendaient aussi, et à cheval, en trousse. Le bois du bûcher consistait en éclats de cèdre, toujours fournis par le même, Laurent Fortier, dont les enfants vivent encore à Saint-Jean. Le curé bénissait d’abord le bûcher, puis battait du briquet et y mettait le feu. Les désordres sans nombre qui accompagnaient la cérémonie l’ont fait abolir. »

Ainsi la Guignolée et les feux de la Saint-Jean rappellent deux cérémonies du culte que les Druides rendaient au soleil. L’une avait lieu au solstice d’hiver et l’autre au solstice d’été.

La première version de la Guignolée, que l’on va voir, a été recueillie dans le comté de Berthier, et la seconde dans les cantons de l’Est.





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\addlyrics { 
   Bon- jour le maître et la maî- tres- se Et tout le
   mond’ de la mai- son. Pour le der- nier jour de l’an-
   né- e La I- guo- lé, vous nous de- vez. Si vous vou-
   lez rien nous don- ner, di- tes- nous lé- e_: On em- mè-
   ne- ra seu- le- ment la fille ai- né- e.
   On lui fe- ra fair’ bon- ne chè- re, On lui fe-
   ra chauf- fer les pieds. 
}
A Bonjour le maître et la maîtresse
Et tout le mond’ de la maison.
(bis)
B Pour le dernier jour de l’année
La Ignolé’ vous nous devez.
(bis)
C Si vous voulez rien nous donner.
Si vous voulez riDites-nous lé-e
(bis)
On emmènera seulement
Si vous voulez riLa fille ainée.
D On lui fera fair’ bonne chère,
On lui fera chauffer les pieds.
(bis)
 
C On vous demande seulement
On vous demanUne chignée
(bis)
De vingt à trente pieds de long
On vous demanSi vous voulez-e.
 
D La Ignolé’, la Ignoloche,
Mettez du lard dedans ma poche !
(bis)
 
C Quand nous fûm’ s au milieu du bois,
Quand nous fûNous fûm’ s à l’ombre ;
(bis)
J’entendais chanter le coucou
Quand nous fûEt la conlombe.
 
A Rossignol et du vert bocage,
Rossignolet du bois joli.
(bis)
B Eh ! va-t’en dire à ma maîtresse
Que je meurs pour ses beaux yeux.
(bis)
C Toute fill’ qui n’a pas d’amant,
Toute fill’ Comment vit-elle ?
(bis)
Ell’ vit toujours en soupirant,
Toute fill’ Et toujours veille.
autre version
(Recueillie par M. le docteur J. A. LeBlanc )

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\addlyrics { 
   Bon- jour le maître et la maî- tres- se
   Et tous les gens de la mai- son. Nous a- vons
   pris u- ne cou- tu- me De v’nir vous voir u-
   ne fois l’an. U- ne fois l’an… C’est pas grand’
   chos’ Pour l’ar- ri- vé- e. Qu’un pe- tit
   mo- rceau de chi- gné’, Si vous vou- lez- e. 
}

 
Bonjour le maître et la maîtresse
Et tous les gens de la maison.
Nous avons pris une coutume
De v’ nir vous voir une fois l’an.

Une fois l’an… C’est pas grand’ chos’…
Une foisPour l’arrivée,
Qu’un petit morceau de chignée,
Une foisSi vous voulez-e.

  

La guignolé, la guignoloche,
Mettez du lard dans ma poche !
Et du fromage sur mon pain ;
Je reviendrai l’anné’ qui vient.
Si vous voulez rien nous donner,
Si vous Dites-nous lé-e ;
Nous prenderons la fille ainée,
Si vous Si vous voulez-e.

Nous lui ferons fair’ bonne chère,
Nous lui ferons chauffer les pieds.
....................
....................



  1. Dict. de Bécherelle, au mot feu.
  2. Ceci était écrit en 1865, date de la première édition de cet ouvrage.