Chansons en sabots/Le Bûcheron

Texte établi par Poésie-préface de Sullian-Collin, Georges Ondet, Éditeur, 1912 (p. 23-26).

bookChansons en SabotsThéodore BotrelGeorges Ondet, Éditeur1912ParisVLe BûcheronBotrel - Chansons en sabots, 1912.djvuBotrel - Chansons en sabots, 1912.djvu/1523-26

LE BÛCHERON

Musique de Théodore BOTREL

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I

Un frisson court à travers les orges
Un frisson cEt les maïs ;
On entend chanter les rouge-gorges
Un frisson cDans les taillis.
L’Ombre meurt… et c’est de la Lumière
Un frisson cLe gai réveil :
Bûcheron, ouvre donc ta chaumière
Un frisson cAu bon soleil !

Lève-toi ! l’aube est déjà levée !
Bûcheron, prends ta grande cognée,
Bûcheron, preMon gâs !
Bûcheron, pDans le mitan
BûcheroDe la forêt prochaine
Bûcheron, pLe vieux chêne
Bûcheron, preT’attend.

II

Ce géant, c’est toi qui vas l’abattre,
À son pied tToi, pauvre nain !
À son pied tu vins souvent t’ébattre,
À son pied tÉtant gamin ;
À son pied tu parlais à ta « Douce »,
À son pied tCœur frémissant…
Aujourd’hui, la sève t’éclabousse
À son pied tComme du sang :

Entends-tu, quand s’abat ta cognée,
Entends-tu cette voix désolée,
Entends-tu ceMon gâs ?
Entends-tu C’est la clameur
EntendsImmense et presque humaine
Entends-tu Du vieux chêne
Entends-tu ceQui meurt !

III

Bûcheron, quand sur l’arbre tu cognes,
Bûcheron, qSois sans remords ;
Il sera l’ami de nos besognes
Bûcheron, qEt de nos morts :
Dans la Glèbe ou sur la Mer bourrue
Bûcheron, qOu sur ton seuil
Il sera Berceau, Barque ou Charrue
Bûcheron, qOu bien… Cercueil !

Bûcheron, ramasse ta cognée !
En chantant rejoins ta maisonnée,
En chantant rMon gâs !
En chantantDans le soir d’or,
En chanSans révolte et sans haine,
En chantantLe grand chêne
En chantant rEst mort !…