Chansons en sabots/La Réponse de la Grand’mère

Texte établi par Poésie-préface de Sullian-Collin, Georges Ondet, Éditeur (p. 45-48).

 

RÉPONSE DE LA GRAND’MÈRE

(Suite de la Lettre du Gabier)
Musique de Théodore BOTREL

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  «_J’ai bien re -- çu, mon pe -- tit fieu,
  La lettre où tu me dis_: «_A -- dieu_!_»
  A -- vant de par -- tir en _cam -- pa -- gne, Et
  je dic -- te la let -- tre là Que
  tu li -- ras bien loin dé -- jà De la Bre -- ta -- gne.
  Je zik. Ta pau -- vre vieil -- le_!_» 
  
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I


« J’ai ben reçu, mon petit-fieu,
La lettre où tu me dis adieu
Avant de partir en campagne.
Et je dicte la lettre-là,
Que tu liras ben loin déjà
Que tDe la Bretagne !

II


Je suis fille d’un matelot,
J’ai mon homme et trois gâs dans l’eau…
— La vie est quelquefois bien rude ! —
J’en ai tant dit des « Au revoir ! »
Que je devrais bien en avoir
Que tPris l’habitude ;

III


Pourtant, j’ai le cœur plein d’émoi :
C’est qu’aussi je n’ai plus que toi,
Plus que toi, tout seul, en ce monde !
— Las ! que ferais-je, désormais.
Si je ne voyais plus jamais
Que tTa tête blonde ?

IV


Mais je console mes chagrins
En me disant que les marins
Ne meurent pas tous à la Guerre :
Vas-y gaîment, mon petit gâs…
Et reviens vite dans les bras
Que tDe ta grand mère !

V


Pense à moi souvent, très souvent ;
Et, chaque fois que le grand Vent
Viendra de la Côte bretonne,
Laisse-le te ben caresser :
Il t’apportera le baiser
Que tQue je lui donne.

VI


Je prierai la Vierge d’Arvor.
Ben que j’invoque, et mieux encor,
Sainte-Anne, lorsque je suis seule :
C’est Elle qui doit, dans les Cieux,
Protéger tous les Petits-Fieux,
Que tLa bonne Aïeule !

VII


Retiens ben ce que je te dis :
Celle à qui tu donnas, jadis,
L’anneau d’argent des accordailles
Sera fidèle à votre amour,
Et t’espérera jusqu’au jour
Que tDes épousailles !

VIII


Sans adieu, mon petit Yvon !
Je dicte ces mots, qui s’en vont
Sonner ben doux à ton oreille,
À ta cousine Lénaïk,
Et je signe : Veuve Rouzik,
Que tTa pauvre vieille ! »