Chansons en sabots/La Lettre du Gabier

Texte établi par Poésie-préface de Sullian-Collin, Georges Ondet, Éditeur (p. 41-44).


 

LA LETTRE DU GABIER


Musique de Théodore BOTREL

\language "italiano"

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textA = \lyricmode {
  «_Hier ma -- tin, no -- tre com -- man -- dant
  Nous a dit que le bâ -- ti -- ment S’en 
  al -- lait par -- tir à la guerre_: Par la pré -- sen -- te, vo -- tre fieu 
S’en vient vous di -- re son a -- dieu, Bon -- ne grand’ Mère_!…
J’au -- mer, Fi -- nit sa let -- tre_!_»
}
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I


« Hier matin, notre commandant
Nous a dit que le bâtiment
S’en allait partir à la guerre :
Par la présente, votre fieu
S’en vient vous dire son adieu,
S’en vi Bonne grand’mère !

II


J’aurais ben voulu, core un coup,
Mettre mes bras à votre cou,
Tout comme au temps de mon enfance ;
Mais, l’un et l’autre, oublions pas
Qu’à-présent votre petit gâs
S’en vi Est à la France !

III (ad lib.)


Les camarades du pays,
À leurs parents, à leurs amis,
Font aussi leurs adieux, ben vite,
Espérant que la lettre-ci
Vous trouvera vaillants, ainsi
S’en vi Qu’elle nous quitte.

IV


Paraît qu’on va voir les Chinois ;
J’espère ben qu’avant six mois
Ils seront battus par les nôtres !
Si l’on débarque, faudra voir :
Je saurai faire mon devoir
S’en vi Comme les autres !

V


Je veux être le mieux noté
Pour m’en revenir breveté,
Peut-être même quartier-maître !
Avec mes galons frais cousus…
Je rirais si vous n’alliez plus
S’en vi Me reconnaître !

VI


Si je meurs — dam ! faut tout prévoir ! —
Vous prierez pour moi, chaque soir,
Madame la Vierge Marie :
Dîtes-vous, dans votre chagrin,
Que je suis mort, en bon marin,
S’en vi Pour la Patrie !

VII


Voici qu’on sonne le départ !…
Embrassez, tout doux, de ma part,
Celle… à qui, chaque jour, je pense ;
Qu’elle me conserve son cœur :
Il sera, si je suis vainqueur,
S’en vi Ma récompense !

VIII


Adieu ! pour de bon cette fois…
D’autant que, vraiment, je ne vois
Plus rien autre chose à vous mettre…
Votre Yvon, élève gabier,
Qui, sans finir de vous aimer,
S’en vi Finit sa lettre ! »