Chansons en sabots/Bonheur manqué
BONHEUR MANQUÉ
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Quand je quit -- tai les pa -- y --
sans __ Qui veil -- laient sur mes jeu -- nes
ans __ Dans u -- ne bour -- gade en -- dor --
mi -- e, Je ne pleu -- rai pas les bons
vieux __ Mais Li -- son, l’en -- fant aux beaux
yeux __ Que j’ap -- pe -- lais «_ma bonne a --
mi -- e_!_» Je l’em -- me-
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Quand je quittai les paysans
Qui veillaient sur mes premiers ans
Dans une bourgade endormie,
Je ne pleurai pas les bons vieux
Mais Lison, l’enfant aux beaux yeux
Que j’appelais « ma bonne amie ! »
Je l’emmenai, le dernier soir,
À travers les champs de blé noir
Promener dans le clair de Lune
Et lui jurai, dans un baiser,
De m’en revenir l’épouser
Quand j’aurais trouvé la Fortune !
Mais à la chercher, comme un fou
De ci, de là…, je ne sais où,
Mon existence s’est passée ;
Et ce n’est que de loin en loin
Que je songeais au petit coin
Où m’ « espérait » ma fiancée !
Enfin, par un beau jour d’été,
Vieilli sans m’en être douté,
Je revins dans notre village :
Une petite fille en deuil
Jouait au soleil sur un seuil,
Près d’une vieille au doux visage.
Et la fillette, trait pour trait,
Me parut le vivant portrait
De ma camarade d’enfance :
C’était bien l’azur de ses yeux
Et l’or de ses cheveux soyeux
Et son sourire d’innocence !
« Ta maman, lui dis-je tout bas,
« Se nomme Lison, n’est-ce pas ?
— Maman ? Elle est au cimetière.
« Mais si Lison, certainement,
« N’était pas le nom de Maman…
« C’est celui de bonne Grand’mère ! »
Et, le cœur empli de remords,
Je me penchai vers les yeux morts
De l’aïeule assise à sa porte
Où, comme dans un vieux miroir,
Un court instant je crus revoir,
Notre Jeunesse à jamais morte !
Puis j’embrassai, comme jadis,
Un front d’enfant, et je partis
Très vite, sans tourner la tête…
Mais seul, au bout du grand chemin,
Très longtemps, le front dans la main,
J’ai sangloté… comme une bête !…