Chansons de route/La « petite maman »
LA « PETITE MAMAN »
Y’avait, chez nous, un p’tit gâs,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Y’avait, chez nous, un p’tit gâs
Qu’aurait voulu se fair’soldat…
Mais avait peur, en partant,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Mais avait peur, en partant,
De fair’pleurer sa p’tit’maman !
Elle était veuve d’un marin,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Elle était veuve d’un marin,
Et n’avait plus que ce gamin.
Ce grand câlin de seize ans,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Ce grand câlin de seize ans
Qui l’appelait : « Ma p’tit’maman »…
L’gâs soupira tant et tant
— Et lon lon laire, et lon lon la —
L’gâs soupira tant et tant
Dans son lit-clos, des nuits durant,
Qu’elle lui dit en souriant,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Qu’elle lui dit en souriant :
« Embrass’bien fort ta p’tit’maman ; »
« Embrass’-moi vite et va-t’en,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Embrass’moi vite et va-t’en.
Puisque la France, au « front », t’attend ;
Elle est ta Mère, mon enfant,
— Et lon lon laire, et lon lon la —
Elle est ta Mère, mon enfant,
Quand, moi, je n’suis qu’ta « p’tit’maman » !…