Chansons de la roulotte/Royal reception


ROYAL RECEPTION


OU


ZUT ALORS !… ÇA N’ÉTAIT PAS LUI !…










ROYAL RECEPTION



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  Le roi de Siam, en son pa- ys S’é- tant pa- yé nos tê- tes,
  An- non- ce qu’il vient à Pa- ris
  Se fair’ don- ner des fê- tes.
  «Un homm’ qui s’f… d’moi! Dit le peu-ple - roi,
  Voi- là quéqu’ chos’ de ra- re!»
  Et tout l’trem- ble- ment Du Gou- ver- ne- ment
  Va l’at- tendre à la ga- _ re.
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ROYAL RECEPTION [1]
ou
ZUT ALORS !… ÇA N’ÉTAIT PAS LUI !…

À gustave babin.


I

Le roi de Siam, en son pays
S’étant payé nos têtes [2],
Annonce qu’il vient à Paris
Se fair’ donner des fêtes.
« Un homm’ qui s’f… d’moi !
Dit le peuple-roi,
Voilà quéqu’ chos’ de rare ! »
Et tout l’tremblement
Du Gouvernement
Va l’attendre à la gare.

II

Voilà l’train. On s’rue… Apparaît,
Arrivant d’Outre-Manche,
Un typ’ dans l’genr’ de Montjarret,
Mais plus doré sur tranche.
Il reste interdit,
L’œil tout arrondi,
L’air anglais, mais honnête.
Puis il dit : « Charming !
All right ! Good morning !
’Am very fortunate… ! »



III

Un vieux professeur de siamois
Lui sort une harangue.
« What is it ? » fait-il, tout pantois
D’entendre un’ pareill’ langue.

— Mais c’est du siamois !
— Ah ! c’est du siamois ?
J’s’rais pas fâché d’ m’instruire.
Est-c’ qu’un d’ ces messieurs
S’rait assez gracieux
D’bien vouloir me l’traduire ? »…

IV

En carrosse vers son palais
On le mène avec pompe,
Quand, soudain, il crie en anglais :
« Mais ce cocher se trompe !…
Voyons, maladroit !
L’boul’vard et tout droit !
La route est bien plus courte. »
Puis, riant aux éclats :
« Il n’ connaît donc pas
Paris, c’t’ espèc’ de tourte ! »

V

Ministr’s, officiers, Président,
Le suivant en cohorte,
Il fait voir tout Paris pendant
Trois jours à cette escorte ;
Dit : « Voici l’Hôtel-
Dieu, la Tour Eiffel,
L’Opéra, la Colonne… »
Et, rue Condorcet,
Il montre Sarcey
Suivant un’ jeun’ personne.

VI

Comme on passait près du Hammam,
Hanotaux, très pratique,
Dit : « Parlons donc un peu du Siam ! »
L’autre trouv’ ça comique.
« Le Siam ? Oh ! la la !
Mais c’est pas par là !
C’est plus loin qu’ Constantine !
Mêm’ ça n’ m’étonnerait
Pas quand ça s’trouv’rait
Comm’ du côté d’la Chine ! »

VII

Sur quoi, chacun de s’écrier :
« Quel homme !… Quelle astuce !…
Vite faisons-le festoyer
Comme un souverain russe ! »
Ayant fait ainsi,
On lui dit : « Merci !…
Sans adieu ; bon voyage !
Au pied triomphant
De votre éléphant
Déposez notre hommage ! »

VIII

Mais, à ces mots, quel étonn’ment !
Le voilà qui s’emporte :
« Mon éléphant ? Comment ! comment !
Certes, ma femme est forte ;
D’un’ rotondité
Telle, en vérité,
Qu’on en voit à la foire ;
Enfin c’est un tas,
Mais j’vous permets pas
De vous payer sa poire !…

IX

Puis, d’abord, je n’ veux pas partir.
J’ vais d’ temps en temps à Londres ;
Mais j’ai mes ch’vaux rue des Martyrs.
Il n’ faudrait pas confondre.
Je suis John Parker,
Le premier piqueur
De Cherry Blossom house…
Enfin, c’est égal,
Vous r’cevez pas mal.
I thank you very much ! »


  1. Texte anglais. Prononcez : Royal Ricepsheune.
  2. On sait toutes les difficultés que nous avait créées en Extrême-Orient, à l’instigation de la Grande-Bretagne, cet asiatique d’éducation tellement anglaise qu’il avait l’air d’un groom de chez Maxim’s. « Ah ! quel anglo-siamois ! » s’écriait le consul de France à Bangkok, en expliquant la situation à M. Doumer qui venait d’arriver en Indo-Chine. À quoi M. Doumer, en sa qualité d’ancien hydropathe, répliqua finement : « Vous voulez dire : quel siamo d’Anglais ! »