Champs, usines et ateliers/Chapitre IV

CHAMPS, USINES ET ATELIERS
Chap. IV. Les possibilités de l'agriculture (suite)


CHAPITRE IV


Les Possibilités de l'Agriculture (suite)


La doctrine de Malthus. — Progrès de la culture du blé. — La Flandre orientale. — Jersey. — Les récoltes de pommes de terre, autrefois et aujourd'hui. — L'irrigation. — Les expériences du Major Hallett. — Le blé piqué.


Peu de livres ont exercé une influence aussi pernicieuse sur le développement général de la science économique que celle qu'exerça l’Essai sur le Principe de la Population de Malthus pendant trois générations successives. Comme tous les livres qui ont eu quelque influence, il parut à l'heure voulue et il résumait les idées qui avaient déjà cours parmi la minorité possédante. C'était précisément au moment où les idées d'égalité et de liberté, éveillées par les révolutions américaine et française, régnaient encore dans l'esprit des pauvres et où les classes riches étaient fatiguées de leurs excursions de dilettanti sur ces mêmes domaines, que Malthus vint affirmer, en réponse à Godwin, que l'égalité est chose impossible, que la pauvreté de tant de gens n'est pas due aux institutions, mais représente l'effet d'une loi naturelle. La population, écrivait-il, s'accroît trop rapidement, et les nouveaux venus ne trouvent pas de place au banquet de la nature ; aucun changement dans les institutions ne pourra modifier cette loi. Il fournissait ainsi aux riches une espèce d'argument scientifique contre les idées égalitaires, et nous savons que si tout pouvoir est fondé sur la force, la force elle-même commence à trembler dès qu'elle n'est plus soutenue par une ferme croyance en la légitimité de son droit.

Quant aux classes pauvres qui ressentent toujours l'influence des idées circulant à un moment donné parmi les classes aisées, cette doctrine leur enlevait l'espoir même d'une amélioration ; elle les rendait sceptiques devant les promesses des réformateurs sociaux, et jusqu'à ces temps-ci les réformateurs les plus hardis ont eu des doutes sur la possibilité de satisfaire les besoins de tous, puisqu'une amélioration du bien-être des travailleurs aurait pour résultat un accroissement immédiat de la population.


La science, jusqu'à ces derniers temps, est restée toute pénétrée des enseignements de Malthus. L'économie politique continue à baser ses raisonnements sur l'acceptation tacite de ces enseignements. Elle raisonne comme si l'impossibilité d'accroître rapidement les pouvoirs productifs d'une nation et de donner satisfaction à tous les besoins était prouvée. Ce postulat se dresse à l'arrière-plan de toute économie politique, classique ou socialiste ; il est au fond de toute théorie sur la valeur d'échange, les salaires, la vente de la force de travail, la plus-value, l'échange et la consommation. L'économie politique ne s'élève pas au-dessus de l'hypothèse que les choses nécessaires à la vie ne peuvent être produites qu'en quantités limitées et insuffisantes. Et toutes les théories ayant trait à l'économie sociale admettent ce même principe erroné. Presque tous les socialistes acceptent également ce postulat. Mieux encore, dans le domaine de la biologie elle-même, — cette science si profondément unie aujourd'hui à la sociologie, — n'avons-nous pas vu récemment la théorie de la variabilité des espèces recevoir un appui inattendu du fait d'avoir été reliée par Darwin et Wallace à l'idée fondamentale de Malthus, à savoir que les ressources naturelles font infailliblement défaut pour fournir les moyens d'existence aux animaux et aux plantes qui se multiplient rapidement.

Bref, nous pouvons dire que la théorie de Malthus, en revêtant d'une forme pseudo-scientifique les secrets désirs des classes possédantes, est devenue le fondement de tout un système de philosophie pratique, qui s'est emparé des esprits des gens cultivés et de ceux qui ne le sont pas, et qui réagit, comme le fait toujours la philosophie pratique, sur la philosophie théorique de notre siècle.

Il est vrai que le formidable accroissement de la puissance productrice de l'homme dans le domaine industriel, depuis qu'il a dompté la vapeur et l'électricité, a quelque peu ébranlé la doctrine de Malthus. La richesse industrielle s'est accrue avec une rapidité à laquelle ne peut être comparé aucun accroissement de population, et elle peut s'accroître bien plus rapidement encore. Mais l'agriculture est toujours considérée comme le boulevard de la pseudo-philosophie malthusienne. Les récents progrès de l'agriculture et de l'horticulture ne sont pas suffisamment connus ; et alors que nos jardiniers défient le climat et la latitude, acclimatent les plantes sub-tropicales, font plusieurs récoltes par an au lieu d'une seule et créent eux-mêmes le sol dont ils ont besoin pour chaque espèce de culture, les économistes n'en continuent pas moins à dire que la surface du sol est limitée, et encore plus sa puissance de production ; ils soutiennent toujours qu'une population qui doublerait tous les trente ans se verrait bientôt exposée à une disette des produits nécessaires à la vie.

Dans le chapitre précédent nous avons donné quelques faits et quelques chiffres pour montrer ce qu'on peut obtenir du sol. Mais plus on étudie ce sujet, plus on découvre de faits nouveaux et frappants, et plus les craintes de Malthus apparaissent sans fondement.

Pour commencer par un exemple emprunté à la culture en plein champ, celle du froment, nous constatons le fait intéressant qui suit. Alors qu'on entend dire à tout moment que la culture du blé ne rapporte pas, et que l'Angleterre réduit en conséquence d'année en année la surface de ses champs de blé, les paysans français augmentent constamment la surface consacrée à cette culture, et l'accroissement le plus considérable est dû aux familles de paysans qui cultivent elles-mêmes la terre qu'elles possèdent. Depuis la fin du XVIIIe siècle, ils ont presque doublé et la surface cultivée en blé et le rendement par hectare, de façon à quadrupler presque la quantité de blé récoltée en France[1].

En même temps la population n'a augmenté que de 41 %, de sorte que l'accroissement de la récolte annuelle de blé a été deux fois et demie plus rapide que celui de la population, bien que les progrès de l'agriculture aient été entravés pendant toute cette période par une série de sérieux obstacles : impôts, service militaire, pauvreté de la classe paysanne, et même, jusqu'en 1884, prohibition sévère de toutes sortes d'associations entre agriculteurs. Il faut aussi ajouter que pendant ces cent années, et surtout pendant le dernier demi-siècle, la culture maraîchère, l'arboriculture fruitière et les cultures industrielles ont pris un immense développement en France, de sorte qu'il n'y aurait aucune exagération à dire que les Français tirent maintenant de leur sol six ou sept fois plus qu'ils n'en obtenaient il y a un siècle. Les « moyens d'existence » tirés du sol se sont ainsi accrus au moins quatre fois plus rapidement que la population.

Mais les progrès accomplis par l'agriculture apparaissent plus nettement encore si l'on considère les rendements que l'on demandait et ceux qu'on demande aujourd'hui à la terre. Il y a quarante ans, les Français regardaient une récolte comme bonne quand elle s'élevait à 20 hectolitres par hectare ; mais on exige aujourd'hui du même sol 30 hectolitres, alors que dans les meilleures terres la récolte n'est bonne que si elle s'élève à 40 et 43 hectolitres ; parfois même on obtient 60 hectolitres par hectare[2].

Il y a des contrées entières, le grand-duché de Hesse, par exemple, où l'on n'est satisfait que si la récolte moyenne atteint 33 hectolitres. D'autre part, les fermes-écoles du centre de la France produisent annuellement sur de vastes étendues, 37 hectolitres à l'hectare, et un certain nombre de fermes du nord de la France produisent régulièrement chaque année de 50 à 60 hectolitres par hectare. Dans certains cas, avec des soins tout particuliers, on a même obtenu 71 hectolitres à l'hectare sur des surfaces limitées[3].

En fait, le professeur Grandeau considère comme démontré que, en combinant une série d'opérations, telles que la sélection des semences, l'ensemencement en lignes, l'emploi d'engrais appropriés, on peut élever le rendement bien au dessus de la moyenne, tout en réduisant les frais de production de 50 % par l'usage de machines peu coûteuses, pour ne pas parler des machines dispendieuses comme la charrue à vapeur, ou les pulvérisateurs qui fabriquent le sol requis pour chaque culture spéciale. On y a parfois recours aujourd'hui, et elles deviendront d'un usage général, dès que l'humanité éprouvera le besoin d'accroître dans de larges proportions sa production agricole.


Lorsque nous nous représentons les conditions extrêmement défavorables, faites actuellement à l'agriculture dans le monde entier, nous comprenons pourquoi des progrès sérieux dans ses méthodes n'ont jamais pu être accomplis sur de vastes étendues. Il nous faut nous contenter de noter l'avance obtenue sur des points séparés, particulièrement favorisés, où, pour une cause ou pour une autre, le tribut levé sur l'agriculteur, moins lourd qu'ailleurs, n'empêchait pas toute possibilité de progrès.

On peut en voir un exemple dans le district de Saffelare (Flandre orientale). Sur un territoire de 15.000 hectares, tout compris, une population de 30.000 habitants, tous paysans, non seulement trouve sa subsistance, mais réussit en outre à élever 10.720 bêtes à cornes, 3.800 moutons, 1815 chevaux et 6.550 porcs, à récolter du lin et à exporter différents produits agricoles[4].

Un autre exemple de même nature peut être emprunté aux îles anglo-normandes, dont les habitants n'ont, par bonheur, pas connu les bienfaits de la loi romaine et des latifundia, puisqu'ils vivent encore selon le droit coutumier de Normandie.

La petite île de Jersey, longue de treize kilomètres, et large de neuf, est encore aujourd'hui un pays de culture en plein champ. Mais, bien que sa surface ne soit que de 11.500 hectares, rochers compris, elle nourrit une population de 500 habitants par kilomètre carré, et il n'est pas un auteur s'occupant d'agriculture qui, après avoir visité cette île, n'ait apprécié le bien-être des paysans jersiais et n'ait loué les résultats qu'ils obtiennent dans leurs petites fermes de 2 à 8 hectares — et souvent même de moins de 2 hectares — au moyen d'une culture rationnelle et intensive.

La plupart de mes lecteurs seront probablement étonnés d'apprendre que le sol de Jersey, qui se compose de granit décomposé, est loin d'être d'une remarquable fertilité, et que son climat, quoique plus ensoleillé que celui des Îles Britanniques, présente bien des désavantages à cause du manque de chaleur solaire en été et des vents froids du printemps. Mais il en est pourtant ainsi, et au commencement du dix-neuvième siècle les habitants de Jersey vivaient surtout de produits alimentaires importés[5].

Les progrès réalisés récemment à Jersey sont entièrement dus à la somme de travail fournie par une population dense, à un système de propriété foncière, de transfert de la propriété et d'héritage très différent de ceux qui existent partout ailleurs, à la modération des impôts d'État, et au fait que les institutions communales ont été maintenues jusqu'à une époque toute récente, ce qui fait qu'un certain nombre de coutumes communales et d'entr'aide qui en sont dérivées sont encore bien vivantes à l'heure actuelle.

Quant à la fertilité du sol, elle est due en partie au goëmon cueilli en toute liberté sur la côte, mais surtout aux engrais fabriqués en Angleterre à Blaydon-on-Tyne, avec toutes sortes de déchets, — y compris des ossements apportés de Plevna et des momies de chats expédiées d'Égypte.

C'est un fait connu que depuis près d'un demi-siècle les paysans et les fermiers de Jersey cultivent les pommes de terre en primeur sur une grande échelle et qu'ils ont obtenu dans cette direction des résultats très satisfaisants. Leur principal but étant d'avoir leurs pommes de terre aussi tôt que possible, quand elles atteignent au pont de pesage de Jersey le prix de 400 à 500 fr. la tonne, on les cultive de façon à pouvoir commencer à les arracher, dans les endroits les mieux abrités, dès les premiers jours de mai ou même à la fin d'avril.

Tout un système de culture, commençant par la sélection des tubercules, les préparatifs pour les faire germer, le choix de terrains bien abrités et bien situés et d'engrais convenables, et finissant par la boîte où les pommes de terre germent et qui a tant d'autres applications utiles, tout un système de culture a été élaboré dans l'île à ce dessein par l'intelligence collective des paysans[6].

Dans les dernières semaines de mai et en juin, quand l'exportation bat son plein, toute une flotte de vapeurs font la navette entre cette petite île et différents ports d'Angleterre et d'Écosse. Chaque jour huit ou dix vapeurs entrent dans le port de Saint-Hélier, et vingt-quatre heures après ils sont chargés de pommes de terre et se remettent en route pour Londres, Southampton, Liverpool, Newcastle et l'Écosse. De 30.000 à 60.000 tonnes de pommes de terre, valant de 6.500.000 à 12.500.000 francs selon les années, sont ainsi exportées chaque printemps. Et si l'on tient compte de la consommation locale, nous voyons qu'on récolte au moins 60.000 à 70.000 tonnes, bien que la surface consacrée aux pommes de terre, primeurs ou non, ne soit pas supérieure à 2.500 ou 3.000 hectares. La moyenne du rendement est donc de 25 à 27 tonnes par hectare, alors qu'en Angleterre la moyenne est de 15 tonnes seulement, et il ne faut pas oublier avec cela que les pommes de terre hâtives ne donnent jamais des récoltes aussi fortes que les autres.

Dès que les pommes de terre sont arrachées, on prépare la seconde récolte de bettes ou de « blé de trois mois » (variété spéciale de blé à croissance rapide). On ne perd pas un jour. Le champ de pommes de terre peut n'avoir qu'un demi-hectare de superficie, mais dès que le quart en est débarrassé des pommes de terre, on l'ensemence à nouveau. C'est ainsi qu'on peut voir un petit champ divisé en quatre parcelles, dont trois sont ensemencées en blé à trois ou quatre jours d'intervalle, tandis qu'on arrache encore les pommes de terre sur la quatrième.

On a souvent décrit l'état admirable des prairies et des pâturages dans les îles anglo-normandes, et bien que la surface totale consacrée à Jersey aux racines, aux fourrages en assolements et aux pâturages permanents — foin et pâturage — soit inférieure à 4.500 hectares, on élève dans l'île plus de 12.300 têtes de bétail et plus de 2.300 chevaux pour les besoins agricoles et la reproduction seulement.

En outre, on exporte chaque année environ 100 taureaux et 1600 vaches et génisses[7], de sorte que, à l'heure actuelle, ainsi qu'on l'a fait remarquer dans un journal américain, il y a plus de vaches jersiaises en Amérique qu'à Jersey même.

Le lait et le beurre de Jersey sont renommés au loin, ainsi que les poires, que l'on fait venir en plein vent, mais dont chacune est protégée sur l'arbre par un capuchon, et, plus encore, les fruits et les légumes produits dans les serres. Bref, il suffira de dire que, dans l'ensemble, à Jersey on obtient en moyenne pour une valeur de 3125 fr. de produits agricoles par hectare.


Plus de 3.000 fr. de produits agricoles par hectare ; c'est là un résultat déjà satisfaisant. Mais plus on étudie les perfectionnements modernes de l'agriculture, plus on voit que les limites de la productivité du sol sont loin d'être atteintes, même à Jersey. Continuellement de nouveaux horizons nous sont révélés. Pendant la dernière moitié du dix-neuvième siècle la science — en particulier la chimie — et les progrès de la mécanique ont élargi et étendu la puissance industrielle de l'homme sur la matière morte organique et inorganique. Des prodiges ont été accomplis dans cette direction. Et maintenant c'est avec des plantes vivantes qu'on réalise des merveilles. Les hommes habiles à traiter la matière vivante et les savants qui s'occupent des organismes vivants manifestent l'intention de faire pour les cultures alimentaires ce que la mécanique et la chimie ont fait pour l'art de travailler et façonner les métaux, le bois et les fibres mortes des plantes. Presque chaque année nouvelle nous apporte un progrès nouveau, inattendu, dans l'art de la culture qui, durant tant de siècles, était resté stationnaire.

Nous venons de voir que, tandis que le rendement moyen des terres cultivées en pommes de terre est de quinze tonnes par hectare en Angleterre, à Jersey il est presque deux fois plus élevé. Mais M. Knight, dont le nom est bien connu des horticulteurs anglais, a fait produire à ses terres une récolte de 1150 hectolitres, soit 86 tonnes, à l'hectare. Et dans un récent concours agricole du Minnesota, on établit que sur un hectare on avait récolté 1000 hectolitres, soit 75 tonnes de pommes de terre.

Ce sont là incontestablement des récoltes extraordinaires, mais récemment le professeur français Aimé Girard entreprit toute une série d'expériences dans le but de trouver les meilleures conditions pour la culture des pommes de terre en France[8]. Il n'avait cure de ces récoltes pour expositions, obtenues à grands renforts d'engrais ; mais il étudia soigneusement toutes les conditions : les meilleures variétés, la profondeur du labourage, celle à laquelle il faut planter, la distance entre les plantes. Il entra alors en correspondance avec environ 350 cultivateurs de différentes parties de la France, les conseilla par lettres, et finalement les amena à faire des expériences. Suivant strictement ses instructions, plusieurs de ses correspondants firent des essais sur une petite échelle et ils obtinrent, au lieu des 7 tonnes et demie qu'ils étaient accoutumés à récolter, des récoltes qui auraient correspondu à un rendement de 50 à 90 tonnes par hectare. D'autre part, 90 cultivateurs expérimentèrent sur des pièces de terre de plus de 10 mètres carrés, et plus de 20 cultivateurs firent leurs expériences sur des surfaces plus étendues, variant de 120 ares à 11 hectares. Le résultat fut qu’aucun d'entre eux n'obtint moins de 30 tonnes à l'hectare, tandis que quelques-uns en récoltaient 50 tonnes, et la moyenne, pour les 110 cultivateurs, fut de 35 tonnes.

Cependant l'industrie exige des récoltes de plus en plus considérables. En Allemagne et en Belgique, on distille beaucoup d'eau-de-vie de pommes de terre. Aussi les distillateurs cherchent-ils à obtenir la plus grande quantité possible de fécule par hectare. En Allemagne, on a fait dans ce but des expériences sur une grande échelle, et on a obtenu les rendements suivants : 22 tonnes et demie par hectare pour les espèces pauvres en amidon, 35 tonnes pour les bonnes variétés et 81 pour les meilleures variétés de pommes de terre.

Sept tonnes et demie à l'hectare et 81 tonnes, telles sont donc les chiffres extrêmes fournis par l'expérience. Et on est obligé de se demander ce qui exige le moins de travail, pour labourer, planter, cultiver et arracher les tubercules, et la moins forte dépense en engrais : de faire produire 75 tonnes à 10 hectares de terre ou de les faire produire à 2 hectares ? Si le travail n'entre pas en considération, tandis que chaque centime dépensé en semis et en engrais est chose d'importance, comme c'est malheureusement très souvent le cas pour le paysan, il choisira forcément la première méthode. Mais, est-ce bien la plus économique ?


D'autre part, j'ai relevé plus haut que dans le district de Saffelare et à Jersey on réussit à élever cinq bêtes à corne pour deux hectares consacrés aux racines et aux fourrages verts, tandis qu'ailleurs il faut cinq ou six hectares pour atteindre le même résultat. Mais on peut obtenir mieux encore au moyen de l'irrigation avec des eaux-vannes, ou même avec de l'eau pure. En Angleterre, les fermiers se contentent de 4 à 5 tonnes de foin par hectare, et dans la partie de la Flandre dont il est question 6 tonnes de foin par hectare sont considérées comme une bonne récolte. Mais dans les prairies irriguées des Vosges, de Vaucluse, etc., quinze tonnes de foin sont devenues la règle, même dans un sol ingrat, et ce chiffre représente trois fois plus que la nourriture annuelle d'une vache laitière, qu'on peut estimer à cinq tonnes. Tout compté, les résultats de l'irrigation ont été si satisfaisants en France que de 1862 à 1882 on n'a pas irrigué moins de 550.000 hectares de prairies,[9] ce qui signifie que la ration de viande annuelle d'au moins 1.500.000 personnes a été ainsi ajoutée aux revenus du pays. En fait, dans la vallée de la Seine, la valeur des terres a été doublée par l'irrigation ; dans la vallée de la Saône, elle a quintuplé, et elle a décuplé dans certaines landes bretonnes[10].

L'exemple du district de la Campine en Belgique est classique. C'était un territoire des plus stériles : des sables marins amoncelés en dunes irrégulières par le vent et retenus seulement par les racines de la bruyère. L'hectare en était vendu de 13 à 20 francs, je dis vendu et non loué. Mais aujourd'hui ce sol est capable, grâce au travail des paysans flamands et à l'irrigation, de nourrir deux vaches par cinq hectares, et le fumier du bétail est utilisé pour améliorer encore la terre.

Les prairies irriguées des environs de Milan sont un autre exemple bien connu. Près de 9.000 hectares sont irrigués par les eaux des égouts de la ville, et leur rendement moyen en foin est de 20 à 23 tonnes. Dans certains cas, pour quelques prairies on arrive au chiffre fabuleux — fabuleux aujourd'hui, mais tout à fait normal demain — de 43 tonnes par hectare, ce qui représente presque la nourriture de dix vaches par hectare et neuf fois la production des bonnes prairies d'Angleterre[11].

Cependant en Angleterre même on a aussi des exemples d'irrigation au moyen des eaux-vannes : on en trouve dans les expériences de Sir John Lawes à Rothamsted et surtout à Craigentinny, près d'Edinbourg, où pour citer Ronna, « la croissance du ray-grass est activée au point qu'il atteint son plein développement en un an au lieu de trois ou quatre. Semé en août, il donne une première récolte en automne, puis, à partir du printemps suivant, il fournit une coupe de dix tonnes à l'hectare tous les mois, ce qui, dans les quatorze mois, représente plus de 140 tonnes de fourrage vert par hectare[12] ».

À Lodge Farm on récolte de 100 à 130 tonnes de fourrages verts par hectare, après les céréales, et sans nouvelle fumure. À Aldershot, on obtient d'excellentes récoltes de pommes de terre, et à Romford (Breton's Farm) le colonel Hope a obtenu en 1871-72 des récoltes qu'on croirait invraisemblables, de pommes, de terre et de différentes racines[13].

On peut donc dire que, si aujourd'hui on consacre un hectare et plus à l'élevage d'une bête à cornes, et si, en certains endroits seulement, on arrive à élever cinq bêtes à cornes sur deux hectares cultivés en plantes fourragères, prairies et pâturages, on possède déjà dans l'irrigagation, qui, bien comprise, rapporte au bout de peu de temps, le moyen d'élever deux et trois fois plus de bétail par hectare sur bien des points du territoire.

D'autre part, les récoltes considérables de racines qu'on obtient aujourd'hui — il n'est pas rare de faire produire à un hectare de 180 à 270 tonnes de betteraves — fournissent un autre moyen fort important d'augmenter le nombre des bestiaux, sans diminuer la surface actuellement consacrée aux céréales.


Une autre innovation en agriculture, qui est pleine de promesse et renversera probablement plus d'une idée courante, doit être mentionnée ici. Je veux parler du traitement quasi-horticole de nos céréales, déjà pratiqué en grand en Extrême-Orient et qui commence également à réclamer notre attention en Europe.

À la première Exposition internationale de 1851, le Major Hallett, de Manor-House, à Brighton, exposait une série de céréales des plus intéressantes sous le nom de « pedigree cereals ». En cueillant les meilleures plantes de ses champs, et en soumettant leurs descendants à une sélection soigneuse d'année en année, il avait réussi à produire de nouvelles variétés de froment et d'orge. Chaque grain de ces céréales, au lieu de donner seulement deux ou quatre épis, ce qui est la moyenne dans les champs de blé, en donnait de dix à vingt-cinq ; et les plus beaux épis, au lieu de porter de 60 à 68 grains, en avaient en moyenne un nombre double.

Pour obtenir des variétés aussi prolifiques, le Major Hallett ne pouvait pas semer à la volée ses grains sélectionnés. Il les plantait séparément, en lignes, à vingt-cinq ou trente centimètres les uns des autres. De cette façon, il constatait que chaque grain, disposant de tout l'espace nécessaire pour le tallage[14], produisait dix, quinze, vingt-cinq, et même jusqu'à quatre-vingt-dix et cent épis, selon le cas ; et comme chaque épi renfermait de 60 à 120 grains, des récoltes de 500 à 2500 grains, sinon plus, pouvaient être produites par chaque grain planté séparément. Il exposa même au congrès d'Exeter de l’Association britannique trois pieds de froment, d'orge et d'avoine provenant chacun d'un seul grain, et qui avaient, le froment, 94 tiges, l'orge, 110 tiges, et l'avoine, 87 tiges[15]. Le pied d'orge, qui avait 110 tiges, donna donc environ de 5000 à 6000 grains provenant d'un seul. Un croquis consciencieux de cette plante avait été




exécuté par la fille du Major Hallett qui le publia dans ses brochures[16].

D'autre part, en 1876, un pied de froment, portant « 105 épis poussés sur une seule racine et sur lesquels se développaient à la fois 8.000 grains », était exposé au Maidstone Farmers' Club[17].

Les expériences de Hallett sont donc basées sur une double méthode : 1° une sélection des semences a pour but de créer de nouvelles variétés de céréales, comme par la sélection on crée de nouvelles races de bétail ; 2° on accroît la production de chaque graine et du sol lui-même, dans des proportions considérables, en plantant les semences séparément et à une grande distance les unes des autres, afin que chacune ait assez d'espace pour le complet développement de la jeune plante, qui, dans nos champs de blé, est ordinairement étouffée par ses voisines[18].

Le double caractère de la méthode du Major Hallett, — création de nouvelles variétés prolifiques, et semis des graines, une à une à distance l'une de l'autre — semble cependant, autant que je puis en juger, ne pas avoir été compris jusqu'à ces derniers temps. La méthode a été, le plus souvent, jugée d'après les résultats, et quand un fermier avait expérimenté le « froment Hallett » et constaté qu'il ne mûrissait que tardivement dans sa localité, ou ne donnait qu'un grain moins beau que telle ou telle autre variété, il ne s'occupait généralement plus de la méthode[19].

Cependant les succès ou les échecs du Major Hallett dans la création de telle ou telle variété ne doivent point influencer le jugement qu'on doit porter sur la méthode de sélection elle-même ou sur la méthode des semis à grande distance. Des variétés créées sur les dunes de Brighton, exposées au vent, peuvent convenir ou ne pas convenir à telle autre localité. En effet, de récentes recherches physiologiques donnent une telle importance à l'évaporation dans la maturation des céréales, que là où l'évaporation est moins rapide que sur les dunes de Brighton, il faut recourir à d'autres variétés et les créer d'après les besoins[20].

J'ajouterai aussi qu'il faudrait faire des essais sur des blés tout autres que les blés anglais pour obtenir des variétés prolifiques, par exemple sur le blé hâtif de Norvège, le « blé de trois mois » de Jersey, ou même l'orge de Iakoutsk qui mûrit avec une rapidité étonnante. Et maintenant que des horticulteurs aussi expérimentés dans l'art de créer et de croiser les espèces que Vilmorin, Carter, Sherif, W. Saunders au Canada et tant d'autres ont pris l'affaire en main, nous pouvons nous attendre à de nouveaux progrès. Mais la création d'une variété, et la plantation des grains, piqués en lignes bien espacées, d'une variété appropriée de froment sont deux choses bien distinctes.

Cette dernière méthode a été expérimentée scientifiquement par M. Grandeau, directeur de la station agronomique de l'Est, et par M. Florimond Dessprèz à la station d'expériences de Capelle ; et dans les deux cas les résultats ont été des plus remarquables. Dans cette dernière station on appliqua pour le choix des semences une méthode qui est en usage en France. Dès maintenant, quelques fermiers français parcourent leurs champs de blé avant que la moisson commence, choisissent les plantes les plus robustes qui portent deux ou trois tiges d'égale longueur et ornées de longs épis bien fournis de grains, et ils cueillent ces épis. Puis ils détachent avec des ciseaux les deux extrémités de chaque épi et n'en gardent que le milieu qui contient les plus grosses graines. Avec une quinzaine de litres de grains, ainsi sélectionnés, ils ont pour l'année suivante la quantité nécessaire de semences de qualité supérieure[21].

M. Dessprèz procéda de cette façon. Puis les graines furent plantées une à une, en lignes, à vingt centimètres les unes des autres, à l'aide d'un outil imaginé à cet effet et rappelant le rayonneur dont on se sert pour planter les pommes de terre. Les lignes, également distantes de vingt centimètres, furent alternativement réservées aux grosses graines et aux petites. Dix centiares furent plantés de cette façon avec des graines provenant d'épis hâtifs et d'épis tardifs. On obtint alors des récoltes correspondant, pour la première série à 75 hectolitres, et pour la seconde à 81 hectolitres par hectare. Même les petites graines, hâtives et tardives, donnèrent encore respectivement 63 hectolitres et 56 hectolitres[22].

Le rendement fut donc plus que doublé par la sélection des semences et par leur plantation à vingt centimètres de distance les unes des autres. Dans les expériences de Dessprèz le rendement était en moyenne de 600 grains par grain semé.

Le professeur Grandeau, Directeur de la Station Agronomique de l'Est, a lui aussi, expérimenté depuis 1886 la méthode du Major Hallett, et il a obtenu des résultats analogues. « Dans un sol convenable », écrit-il, « un simple grain de blé peut donner jusqu'à cinquante tiges et cinquante épis, sinon plus, et couvrir ainsi un cercle de trente-trois centimètres de diamètre[23]. »

Mais comme il semble ne pas ignorer combien il est difficile de convaincre les gens des faits les plus simples, M. Grandeau a publié les photographies de carrés, sur lesquels des pieds de froment isolés ont poussé dans différents sols différemment engraissés, et même dans du simple sable de rivière enrichi par des engrais, il en conclut que, avec un traitement approprié, on pourrait aisément obtenir de 2.000 à 4.000 grains pour chaque grain planté. Les jeunes plantes, provenant de graines plantées à vingt-cinq centimètres les unes des autres, couvrent tout l'espace, et le champ d'expérience prend l'aspect d'un excellent champ de blé, comme on




peut le voir sur une photographie donnée par M. Grandeau dans ses Études agronomiques.

En fait, les 310 litres nécessaires pour la nourriture annuelle d'un homme étaient réellement




produits à la station de Tomblaine par une surface de deux ares.

Nous pouvons dire ainsi, que là où nous consacrons actuellement à la culture des céréales trois hectares, un seul serait suffisant pou produire la même quantité de nourriture si on recourait aux semis espacés. Et on ne voit pas pourquoi on n'admettrait pas la méthode des semis espacés, aussi bien qu'on a admis celle des semis en lignes, bien que, à l'époque où ce système fut introduit pour remplacer le semis à la volée, il rencontrât une forte opposition.

Alors que les Chinois et les Japonais semaient depuis des siècles leur blé en lignes au moyen d'un tube de bambou adapté à la charrue, les spécialistes européens combattaient naturellement cette méthode, sous le prétexte qu'elle demanderait trop de travail. C'est la même objection que l'on fait aujourd'hui à la méthode des semis espacés. La plupart des écrivains professionnels la traitent par le mépris, quoique tout le riz cultivé au Japon soit piqué et même repiqué. Cependant tout homme qui pensera au travail dépensé pour labourer, herser, clôturer, sarcler trois hectares au lieu d'un seul, et qui calculera la dépense d'engrais nécessaire, reconnaîtra qu'il est bien préférable de travailler un hectare que trois ; et nous ne parlons pas des possibilités d'irrigation, ni de la machine à piquer les graines qui sera imaginée dès qu'il se présentera des clients pour la demander[24].

Qui plus est, il y a tout lieu de croire que cette méthode elle-même est sujette à un nouveau perfectionnement au moyen du repiquage. Les céréales seraient alors traitées comme le sont les légumes en horticulture. Telle est, du moins, l'idée qui commence à se faire jour depuis que les méthodes de culture des céréales appliquées en Chine et au Japon sont mieux connues en Europe[25].

L'avenir, — un avenir très proche de nous, je l'espère, — montrera toute l'importance d'une telle méthode de culture des céréales. Mais point n'est besoin de spéculer sur cet avenir. Déjà, dans les faits mentionnés en ce chapitre, nous avons une base expérimentale pour améliorer de bien des façons nos méthodes actuelles de culture et augmenter considérablement nos récoltes.

Il est évident que dans un livre qui n'est pas destiné à être un manuel d'agriculture, je ne peux que donner quelques aperçus permettant au lecteur de penser par lui-même sur ces matières. Mais le peu qui a été dit suffit pour montrer que nous n'avons pas de motif de nous plaindre du surpeuplement et que nous n'avons pas à nous en effrayer pour l'avenir. Nos moyens d'obtenir du sol tout ce dont nous avons besoin, sous un climat et sur un terrain quelconques, ont été récemment perfectionnés si rapidement que nous ne pouvons aujourd'hui prévoir la limite de la production d'une surface déterminée du sol. Cette limite recule à mesure que nous étudions mieux la question. Chaque année la dérobe de plus en plus à nos yeux.



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  1. Les recherches de Tisserand peuvent être résumées dans le tableau ci-dessous :
    Années Population
    en millions
    d'habitants
    Hectares
    ensemencés en blé
    Rendement
    moyen en hectolitres
    par hectare
    Récolte
    en hectolitres
    1789 27-0 4.000.000 8 32.000.000
    1831-41 33-4 5.350.000 13.5 70.000.000
    1882-88 38-2 6.960.000 16 113.000.000
  2. Grandeau, Études agronomiques, 2e série, Paris, 1888.
  3. Risler, Physiologie et Culture du Blé, Paris, 1896. En considérant l'ensemble de la récolte du blé en France, nous voyons que les progrès suivants ont été réalisés. En 1872-81, la récolte moyenne était de 14,8 quintaux par hectare. En 1882-90, elle atteignait 16,9 quintaux. Augmentation de 14 % en dix ans. (Prof. C. V. Garola, Les Céréales, pp. 70 et suiv.)
  4. O. de Kerchove de Denterghen, La petite Culture des Flandres belges, Gand, 1878.
  5. Voir Appendice J.
  6. On ne saurait trop insister sur ce fait que le développement de cette branche de la culture a eu un caractère collectif. On peut aussi faire venir des pommes de terre primes en beaucoup d'endroits de la côte méridionale anglaise, sans parler de la Cornouaille et du South Devon, où les pommes de terre sont déjà obtenues en petites quantités par quelques cultivateurs aussi tôt qu'on les obtient à Jersey. Mais tant que cette culture restera l'œuvre de cultivateurs isolés, les résultats en seront nécessairement inférieurs à ceux auxquels arrivent les paysans jersiais grâce à leur expérience collective. Pour les détails techniques concernant la culture de la pomme de terre à Jersey, voir un article d'un cultivateur de Jersey dans le Journal of Horticulture des 22 et 29 mai 1890.
  7. Voir Appendice J.
  8. Voir les Annales agronomiques, 1892 et 1893, ainsi que le Journal des Économistes, février 1893, p. 215.
  9. Barral, Journal d'agriculture pratique, 2 février 1889 ; Boitel, Herbages et Prairies naturelles, Paris, 1887.
  10. L'augmentation des moissons due à l'irrigation est des plus instructives. Dans la Sologne, terre improductive entre toutes, l'irrigation a fait passer la récolte de foin de 2 tonnes par hectare à 8 tonnes ; dans la Vendée, — de 4 tonnes de mauvais foin à 10 tonnes d'excellent foin. Dans l'Ain, M. Puris, ayant dépensé 19.000 fr. pour irriguer 92 hectares et demi (environ 200 fr. par hectare), obtint une augmentation de 207 tonnes d'excellent foin. Dans le sud de la France, on obtient facilement par l'irrigation une augmentation nette de près de 4 hectolitres de blé par hectare. Pour la culture maraîchère, on a obtenu une plus-value de 750 à 1.000 fr. par hectare. (Voir H. Sagnier, « Irrigation », dans le Dictionnaire d'Agriculture de Barral, t. III, p. 339).
  11. Dictionnaire d'Agriculture, même article. Voir aussi Appendice I.
  12. Ronna, Les Irrigations, vol. III, p. 67. Paris, 1890.
  13. Le professeur Ronna donne les chiffres suivants (rendement par hectare) : 70 tonnes de pomme de terre, 40 tonnes de bettes, 260 tonnes de betteraves, 275 tonnes de carottes, de 20 à 50 tonnes de choux de différentes espèces, etc. Des résultats des plus remarquables semblent également avoir été obtenus par M. Goppart dans la culture des fourrages verts pour ensilage. Voir son livre, Manuel de la culture des maïs et autres fourrages verts, Paris, 1877.
  14. « Peu de temps après que la plante se montre au-dessus du sol, elle commence à pousser de nouvelles tiges distinctes, et dès leur apparition une racine adventive se développe sur chacune pour la soutenir ; et tandis que les nouvelles tiges s'étalent sur une certaine surface, leurs racines prennent sous terre un développement correspondant. Ce phénomène, nommé tallage, continue jusqu'au moment où les tiges prennent une direction verticale. » Moins les racines ont été gênées dans leur développement par une végétation trop dense, et plus les épis seront beaux. Cf. Major Hallett, « Thin Seeding » (Semis espacés).
  15. Article sur « Les Semis espacés et la sélection des semences », lu au Club des Fermiers du Centre (Midland Farmers' Club), le 4 juin 1874.
  16. « Pedigree Cereals », 1889. Article « Semis espacés », cité plus haut. Extraits du Times, etc. 1862. Le Major Hallett a publié, en outre, plusieurs articles dans le Journal of the Royal Agricultural Society et un autre dans le Nineteenth Century. Grâce à l'amabilité de la Co-operative Wholesale Society, il m'est possible de reproduire ce dessin que j'emprunte à un article que j'avais inséré dans l'Annuaire de cette société pour 1897.
  17. Agricultural Gazette, 3 janvier 1870. En Nouvelle-Zélande, on a obtenu aussi quatre-vingt-dix épis contenant chacun une moyenne de 132 grains.
  18. Il résulte d'un bon nombre d'expériences (relatées dans l'excellent ouvrage du Professeur Garola, Les Céréales, Paris, 1892), que lorsque des graines en bon état (sur lesquelles, dans des expériences préalables, la perte n'est pas plus de 6 %), sont semées à la volée à raison de 500 par mètre carré, 148 seulement viennent à bien. Chaque plante donne en pareil cas de deux à quatre tiges et de deux à quatre épis ; mais environ 360 graines sont entièrement perdues. Si l'on sème en lignes, la perte n'est pas aussi grande, mais elle est encore considérable.
  19. Voir les remarques du Professeur Garola sur le « Blé Hallett » qui, soit dit en passant, semble être bien connu des fermiers de France et d'Allemagne. (Les Céréales, p. 337). Ayant visité la ferme du major Hallett, j'ai trouvé qu'il faisait un commerce assez sérieux avec les graines prolifiques ainsi obtenues.
  20. D'autre part, le blé Hallett ne doit pas être semé plus tard que la première semaine de septembre. Ceux qui voudraient tenter des expériences sur le blé piqué doivent avoir grand soin de faire leurs essais en plein champ, et non dans un coin de potager, et de semer de bonne heure.
  21. Parmi les agriculteurs les opinions diffèrent cependant sur cette méthode de sélectionner les semences.
  22. Le rendement en paille était de 105 et 96 quintaux par hectare dans le premier cas, et de 74 et 61 quintaux dans le second cas (Garola, Les Céréales). Dans son article signalé plus haut sur les « Clairsemis », le major Hallett cite une récolte de 97 hectolitres à l'hectare obtenue en plantant les graines en quinconce à vingt-trois centimètres les unes des autres.
  23. L. Grandeau, Études agronomiques, 3e série, 1887-88, p. 43.
  24. Voir Appendice K.
  25. Voir Appendice L.