Cham - Albums du Charivari/Cham au Salon de 1861

Journal le Charivari (1p. 41--).



DE 1861


— Monsieur le membre du jury, vous pouvez sortir !
— Bien sûr ?… il n’y a pas de danger ?
— Non, monsieur, je ne vois aucun peintre rôder par là !



MAISON MARTINET
172, rue de rivoli, et rue vivienne, 41

— Pardon, monsieur, est-ce que nous n’avons pas besoin de prendre de correspondance pour voir les tableaux ?

— Pour quoi faire ?

— Dame ! paraît qu’on leur a mis des lettres comme aux omnibus !

— Comment ! Mme  Plumichon a son portrait à l’Exposition ! Pas possible qu’une seule lettre ait pu lui suffire ! on a dû la mettre dans le double V.

Le chef des eunuques venant à l’Exposition dans l’espoir d’empêcher le public de regarder les Mystères du sérail révélés avec tant de vérité et de talent par Mme  Brown.

— M. Ingres est pour la ligne.

— Quelle ligne, mon ami ? car maintenant les peintres sont par lettre, comme les lignes d’omnibus !

— Ils ont refusé mon tableau ! Ventrebleu ! il faut que je me soulage ! Commissionnaire, laissez-moi vous donner une volée, je vous la payerai comme une course.

— Le jury vous a refusé mon portrait ! il est donc mauvais ?

— Non, madame, ils ont dit que vous tiendriez trop de place.

— Ah ! mon dieu ! comme ce peintre te regarde ! Tu ressembles probablement à quelque membre du jury de l’Exposition.

Arrivée à l’Exposition du portrait du général.
peint par m. baudry.
Marat met Charlotte Corday en pénitence dans un coin, pour lui apprendre à venir déranger les gens quand ils sont au bain.
tableau de m. holtzapffel.
« En ce temps-là il n’y avait plus d’enfants ! » et probablement plus de pain ni viande ! car le peintre a représenté un enfant qui mange ses livres, ses plumes et son encrier.
tableau de m. jeaneon.
Abraham s’habille en zouave pour se rendre à la fontaine ; mais bah ! Rebecca le reconnaît tout de même.
tableau de m. dumaresq.
Militaires attendant l’infirmier.

— Mon ami, il est très insolent ce peintre ! prends son numéro !

— Tiens, vous vous connaissez donc en peinture, vous autres femmes, pour admirer les Eugène Lami ?

— Tu sais bien que j’adore les bijoux.

La mode des robes à queue faisant une révolution dans la forme des cadres.

— Mon ami, par là ! j’aperçois encore des batailles de Solférino !

— Mais, malheureuse, et par ici donc ! il y en a encore bien plus !

— Ah ! mon ami, quel malheur qu’on ait gagné cette bataille-là !

— Militaire, on ne passe pas derrière le tableau de M. Yvon !

— Mais, gardien, c’est la bataille de Solférino ! je vas pour tourner les Autrichiens !

À 1 heure de minuit les soldats de M. Pils sortent de leur cadre pour se donner une tripotée avec les soldats de M. Yvon.

— Dis donc, Dumanet, quels crétins que tous ces peintres ! c’est nous autres qui sommes obligés de leur trouver des sujets !

m. gérôme.
Alcibiade ayant conduit son chien chez Aspasie, cette malheureuse bête dissimule sa queue le plus possible pour empêcher qu’il ne vienne à l’esprit de son maître de la lui couper ce jour-là !
m. gérôme.
Un augure, en proie à une violente colique, reçoit la visite d’un de ses collègues qui lui offre un clyso-pompe qu’il a sur sa tête.

— Eh bien ! Adolphe, vous n’aurez pas bientôt fini de dévisager les portraits de M. Dubuffe ?

— Maman, je veux me marier, moi, na !

m. matout.
Un lion dévorant deux esclaves pour leur voler plus facilement leur chaîne.
m. hamman.
Marie de Médicis supplie son fils Louis XIII de changer de chapelier.
m. hugard.
Glace à la pistache.
m. rivoulon.
Le général Herbillon, sur le point de livrer la bataille de la Tchernaïa, trouve la vallée encombrée par des champignons vénéneux qui le gênent dans sa marche.
m. lévy.
Mercure, toujours galant, apporte une poupée de vingt-cinq sous à Junon, pour le jour de sa fête.
m. marchal.
Dans une brasserie allemande, un jeune homme profite de son état d’ivresse pour demander la main d’une jeune fille, qui la lui accorde dans la crainte de le voir tomber.
À l’exécution brillante de ce tableau, on voit que l’on n’a pas affaire à de la petite bière.
M. LÉOPOLD DE MOULIGNON.

(Un œil suffisant à l’usage de trois personnes.)
Voilà à quoi l’on arrive quand on s’entend bien à l’économie.
M. GUSTAVE DORÉ.

Dante et Virgile n’osant plus patiner sur le lac du bois de Boulogne, effrayés par la vue de nombreux accidents.
M. GIRAUD.

Bohémienne de Séville grattant une jambe qu’elle a dans la banlieue.
M. JEANÉON.

Trois zouaves ayant parfaitement le sentiment de leur malpropreté hésitent cependant à prendre un bain de rivière.
M. MÉRINO.
Cervantes lisant Don Quichotte à M. Hyacinthe du théâtre du Palais-Royal.
M. GLAIZE.
Samson ayant eu son épaule démise par M. Glaize, les Philistins tâchent de la lui remettre en place.
M. LOYEUX.
Un monsieur surpris par un coup de sonnette au moment où il allait lire une lettre.
M. PONCET.
Jeune homme jouant du galoubet en attendant le tailleur qui doit lui apporter ses habits.
M. GIRAUD.
Henri IV grondé par un moine qui le surprend les doigts dans son nez.
M. GIRARD.
À VENDRE : un assortiment de bonnets de coton ; fait de la peinture et tout ce qui concerne la bonneterie.
M. GRENET.
Un cerf cherche à découronner sa tête pour reboiser une forêt à laquelle il porte de l’intérêt.
M. MANZANO.
Seigneur Louis XIII faisant cadeau d’un sommier élastique à la supérieure d’un couvent.
M. HAMON.
Ayant trop regardé un jeu de quilles, une malheureuse femme met au monde trois enfants avec des boules au lieu de têtes.
M. HAMON.
Un escamoteur fait voir le buste de M. Ingres à des enfants qui annoncent de grandes dispositions pour le dessin.
M. SCHÜTZENBERGER.
Un chasseur se dérobe par la fuite aux poursuites d’un lièvre qui lui donne la chasse depuis plusieurs heures.
PEINT PAR M. BIARD.
Un monsieur se promenant dans la grande marmite des Invalides un jour de soupe aux herbes.
TABLEAU DE M. THOREN.
Un raout de chevaux de fiacres.
Un cheval respire l’haleine d’un petit chien pour s’assurer s’il n’aurait pas mangé de son avoine.
TABLEAU DE M. CHARLES L’ÉTOILE.
Mère de famille prenant une paire de pincettes pour friser son enfant qui s’y refuse obstinément.
PEINT PAR M. PENGUILLY L’HARIDON.
Judas Iscariote tombe dans la fosse de Martin du Jardin des Plantes et fait tous ses efforts pour s’en tirer.
TABLEAU DE M. ISAMBERT.
Une dame essaye sa brosse sur un mur avant de s’en servir pour recoller la tête d’une de ses amies.
TABLEAU DE M. SOUBRE.
En train de prendre un bain de pied, Abd-el-Kader se voit enlever ses serviettes par des houris furieuses de ce qu’il ait sauvé des chrétiens.
TABLEAU DE M. PENGUILLY L’HARIDON.
St  Jérôme calcule ce qu’il lui faudra de rouleaux de papier pour coller dans sa chambre à coucher.
TABLEAU DE M. PILS.

— Mon ami, je t’en prie, emmenons un de ces turcos dîner à la maison avec nous !

— Mais ma chère, c’est de la peinture de M. Pils !

— Allons-donc ! je vois bien qu’ils sont vivants !

TABLEAU DE M. HAMMAN.
François Ier sortant de son lit après une forte maladie de croissance.
TABLEAU DE M. MAISON.
Ste  Geneviève priant pour des religieux qui s’amusent à essayer la force de leur poignet au lieu de lire leur bréviaire.
TABLEAU DE M. COURBET.
Cavalier conduisant au plus vite son cheval chez un oculiste pour qu’il lui remette son œil en place.
TABLEAU DE M. MAY.
Dernier jour de Christophe Colomb.
Christophe Colomb profite de son dernier jour pour perfectionner son écriture.
L’empereur du Brésil offrant un livret du musée à prix réduit. Les Économistes lui ont élevé ce monument. SCULPTURE DE M. DORIOT.
Sapho sauvée par sa crinoline.
SCULPTURE DE M. FREMIET.
Sur le point de partir pour le bal masqué, le jeune Achille, déguisé en ours, est surpris par son précepteur le Centaure Chiron qui s’empresse de lui administrer une bonne danse.
SCULPTURE DE M. VILAIN.
Marius songeant sérieusement à se mettre dans une maison d’orthopédie pour tâcher de s’y faire redresser la taille.