Chairs profanes/Sonnets guerriers/Chasseur
Pour les autres éditions de ce texte, voir Chasseur.
II
CHASSEUR
Le long d’un boulevard morne et détrempé, dont
Les gaz piquent de points de feu les brouillards denses,
Il marche avec le plus possible d’élégances
Vers la gare qu’on voit s’illuminer au fond.
Son ombre sur les murs s’agite en folles danses,
Des femmes alentour, vagues, viennent et vont
Admirant le semblant d’or du cuivre et les ganses
Qu’il porte et la façon de plaire qu’elles ont.
Pour lui, ses jambes, qu’un trop long sabre embarrasse,
Tournent dans le fourreau des bottes, non sans grâce
Son torse se balance en des airs nonchalants
Alors qu’à son schako bleu pâle dont la chaîne
Luit doucement sous l’or d’une clarté prochaine,
Les plumes de coq se frisent de souffles lents.