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Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 24).
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RÉVEIL

À Laurent Tailhade


Un rêve que suscite un espoir illusoire
Ainsi qu’un bel été dispense son azur,
Au cœur pauvre que doit élire le Futur
A donné tout ce qu’il pouvait donner de gloire.

On a tenu l’Armide nue aux seins d’ivoire,
Dont la lèvre est aussi saignante qu’un vin pur.
Alors que vous venaient des lointains, roulés sur
Les mers, les cris d’un peuple acclamant la Victoire.

Hélas ! voici l’instant farouche du réveil,
Les yeux s’ouvrant dans la nuit de notre soleil
Tout effarés de ne voir plus la douce Armide ;

Voici la vie, hélas ! revenue, et la main
Tendue encore à l’or fréquent d’un songe vain,
Qui se referme avec tristesse sur le vide.