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Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 27).

PAYSAGE

À Léon Vanier


C’est la cour d’un château qui n’est plus habité.
Le sol de marbre rose, où l’herbe pousse aux fentes,
Reçoit l’ombre des toits d’ardoise aux douces pentes,
Et réverbère l’or d’un magnifique été.

L’œil-de-bœuf, au-dessus du porche dévasté,
S’enguirlande d’un vain feuillage et sous leurs mantes
De lierre, les murs ont des allures dormantes
Où l’on dirait que mon ennui s’est reflété.

Le ciel indifférent éblouit de sa gloire
Cette cour d’un château dont nul ne sait l’histoire ;
Un arbre y laisse choir sa semence et ses fleurs.

Et le seul bruit, près d’un bassin que l’herbe encombre,
C’est parfois d’un essaim de pigeons roucouleurs,
Qu’on voit s’éparpiller à terre avec une ombre.