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Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 29).

OPULENCE

Quand la table nue a quitté son drap de givre
La rue en qui le soir instaure son décor
De fête, ta rue ample aux lointains fleuris d’or
Parle de folle orgie aux repus fiers de vivre.

Or lui va, la tête en rumeur, et les sens ! — ivre
D’un sang dont il ne veut calmer la fièvre, encor
Qu’il sache tout couloir sombre une route à suivre
Vers une alcôve tiède où se garde un trésor.

Tel, il va dans la rue où s’enfle la fanfare
Du vice, alors qu’aux murs, fouetté de vent, s’effare
Le gaz, agitant des reflets qu’on voit courir.

Et pour garder l’orgueil des vins, des viandes rouges,
Avare, jusqu’en l’or incendié des bouges,
Il écarte la Chair triste qui vient s’offrir.