Chairs profanes/Idylles/I

Pour les autres éditions de ce texte, voir Idylles I.

Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 7).
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I

Après l’échange des caresses, tous les deux
Se sont endormis là, dans les avoines folles,
Leur lèvre, frêle fleur d’amour, ouverte aux molles
Tiédeurs qu’épanche un ciel adorable autour d’eux.

Tout se tait, seuls, au loin dans les pâtis herbeux,
Où les coquelicots, émus de vents frivoles,
Piquent la pourpre éclatante de leurs corolles,
Quelques gémissements longtemps traînés de bœufs.

Maïs voici que Chloé rouvre les yeux et, douce,
Parmi le soleil dont l’or igné l’éclabousse,
S’accoude sur Daphnis léger qui rêve encor,

Le contemple un moment dans sa gloire d’éphèbe,
Toute nue, au milieu des fruits mûrs de la glèbe
Et l’éveille d’un long baiser sur ses cils d’or.