Chairs profanes/Crépuscule

Pour les autres éditions de ce texte, voir Crépuscule.

Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 22).

CRÉPUSCULE

À Francis Poictevin


À travers l’or brun des feuillages, l’horizon
S’éclaire de lueurs pâles. La perspective
Des toits où va tomber la nuit définitive
Se voile d’une opalescente exhalaison.

Le fleuve large en sa dolente inclinaison
Sous mille ponts de pierre aux solides ogives
Roule avec le bruit de cailloux que ses flots ont
L’image de la Ville assise sur ses rives.

Un long frisson s’éveille en toute frondaison
Sur la berge, où la rouille a versé son poison.
Aux toits, un long filet de vapeur rousse tremble.

Et dans le ciel pesant, de cuivre, à ce qu’il semble,
Les oiseaux, c’est parmi les nuages de fer
Les feuilles mortes qu’éparpille un vent d’hiver.