Imprimerie de Dubuisson (p. 8).

JEANNE


 
Ma belle Jeanne, ah ! cache-leur tes larmes,
Cache ton cœur, ne montre que dédain
Pour ces railleurs qui de tout font des armes,
Et sans esprit d’un géant font un nain.

Jeanne, souris, pour ces amis charmante,
Loin de pleurer, près d’eux il faut chanter,
Tout chacun fuit l’être qui se lamente,
Chacun pour soi, l’on veut argumenter.

Philosophie, en sagesse s’habille.
Et ce grand mot, qui marche en conquérant,
Le cœur s’en sert comme d’une béquille,
S’en fait vertu, mais n’est qu’indifférent.

Pleure tout bas. Du moins si ta souffrance
Est sans témoins, quand ton beau front brûlant
Se rafraîchit, quand revient l’espérance,
Seule tu peux fixer l’astre brillant.

Le calme, enfant, crois que nul ne le donne.
C’est le bonheur de ceux qui n’en ont plus ;
Pour le trouver, quand tout nous abandonne.
Fuyons le monde et ces soins superflus !