H. Fournier Éditeur (p. 220).

Dorothée ; la figure d’Anselme n’exprimait pas non plus une grande satisfaction. Il est évident que l’éternelle réponse de la jeune fille commence à les fatiguer tous deux. De la résolution qu’ils vont prendre dépendra leur succès. Tâchons de savoir ce qu’ils méditent. (Stenn rentre.)

Stenn. — Décidément il faut en finir. Mon moyen est excellent. J’irai, s’il le faut, jusqu’au suicide.

Le Chœur. — Fichtre !

Stenn. — Qui me parle ?

Le Chœur. — C’est nous, ami Stenn, nous sommes le chœur antique ; notre emploi est de consoler, de raffermir le héros, et de lui donner d’excellents conseils.

Stenn. — C’est le ciel qui vous envoie. Figurez-vous que j’adore mademoiselle Dorothée, la fille de Liehmann, le riche marchand.

Le Chœur. — Connu.

Stenn. — J’ai un rival qui se nomme Anselme. La petite ne veut pas se prononcer entre nous ; j’ai trouvé une ruse qui l’y forcera.

Le Chœur. — Voyons.

Stenn. — Je quitte la ville dès ce soir, et je vais m’établir à une vingtaine de lieues d’ici. Chaque jour j’écrirai une lettre à Dorothée. Je commencerai par des plaintes tendres, je continuerai par des lamentations, et je terminerai par des menaces de mort. Il faut effrayer les jeunes filles pour en être aimé. Dorothée ne résistera pas à mon éloquence ; elle donnera en plein dans le roman ; sa tête s’exaltera, et je l’épouserai. Que pensez-vous de ce projet ?

Le Chœur. — Euh ! euh ! euh !