Catéchisme français et républicain/01

chez Debarle (p. III-VI).


AVANT-PROPOS.

EN parcourant les annales du monde, on seroit tenté de croire que l’homme n’a été placé sur la terre que pour y devenir la proie du mensonge et de l’imposture. Partout les prêtres lui ont prêché une doctrine absurde, extravagante, meurtrière : et si les lumières de la philosophie ne fussent venues dissiper les épaisses ténèbres, dont depuis des milmilliers siècles, la superstition a couvert le globe, nous livrerions encore nos biens aux ministres des cultes, soit par crainte des peines de l’enfer, soit par celle de la métempsycose.

Ces rêveries sont enfin dissipées, et le républicain, qui ne prodigue son encens qu’au Dieu de la Liberté, ne fléchit pas le genou devant les idoles du vice et de l’hypocrisie : le génie de la Liberté éclaire l’esprit autant qu’il elève l’âme et forme le cœur.

Ce changement subit, qui s’est fait dans nos maximes politiques, exige une nouvelle éducation. Il est tems qu’on apprenne aux enfans ce qu’ils ont à faire en ce monde ; après avoir employé plusieurs siècles à les instruire des chimères de l’autre. Tel est le but de ce petit Cathéchisme ; et s’il est éloigné d’atteindre au but qu’un homme libre doit se proposer, il est au moins plus raisonnable que celui que nos curés de village mettoient autrefois sous les yeux des enfans.