Guilland-Verger (p. lxxxviii-ci).

CHAPITRE X.

Joachim Périon. — Les protestants à Cormery, en 1562. — Les bénédictins de Saint-Maur. — La révolution ; dispersion des moines.

Joachim Périon, l’honneur de l’abbaye de Cormery et un des hommes les plus savants de son siècle, mourut à Cormery, le 18 juillet 1557, à l’âge de 59 ans[1]. S’il faut en croire Chalmel (Hist, de. Touraine, t. iv, p. 374), il serait né à Preuilly ; selon d’autres historiens, auxquels nous sommes porté à accorder plus de confiance, il naquit aux environs de Cormery, de parents nobles mais pauvres[2]. Le nom des Périon se retrouve plus d’une fois dans les pièces du cartulaire de Cormery, et fut joint même à un petit domaine situé au milieu des terres de l’abbaye[3], Dès son enfance, Joachim Périon se distingua par une tendre piété, une humeur douce et franche, un caractère sérieux, des manières polies, par une aptitude remarquable pour les sciences et les lettres, et par un amour passionné pour l’étude. À l’exemple des érudits de tous les âges, digne prédécesseur des illustres bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, il partageait son temps entre les exercices de la vie monastique et le travail qu’il prolongeait souvent dans la nuit. Malgré ses talents et son ardeur, il n’aurait jamais réussi à conquérir la place distinguée qu’il occupa parmi les savants, sans la protection de Denis Briçonnet, évêque de St-Malo et abbé de Cormery. Envoyé à Paris, le jeune moine fit de rapides progrès à l’école des maîtres, au milieu desquels il mérita de s’asseoir en devenant docteur en théologie et professeur de grec et d’hébreu. Il ne fut pas ingrat envers son bienfaiteur. L’oraison funèbre qu’il composa en l’honneur de Denis Briçonnet, et qui fut imprimée en 1587, sous ce titre : de laudibus Dionysii Briçonnetti, episcopi Macloviensis ; Éloges de Denis Briçonnet, évêque de St-Malo}}, est un véritable monument de reconnaissance[4].

Joachim Périon fut constamment fidèle à l’esprit de son état. Encore enfant, il avait été revêtu de l’habit austère des bénédictins, et à peine parvenu à l’adolescence , en 1517, il fit profession à Cormery. Plus tard, il devint prieur claustral, la plus haute dignité à laquelle les réguliers pussent alors atteindre. L’abbaye de Cormery, comme tant d’autres en France, depuis le concordat intervenu en 1515, entre François Ier et Léon X, était tombée dans les mains d’abbés commendataires. Sous la direction immédiate de Périon la régularité fut toujours florissante. Nous ne ferons pas ici le catalogue des nombreux ouvrages sortis de sa plume ou édités par lui[5] ; qu’il nous suffise de dire ici qu’on lui doit la rédaction du Cartulaire de Cormery. Ce précieux volume était resté inédit jusqu’à ce jour. Il se trouve parmi les manuscrits de la bibliothèque municipale de Tours , sous le n" 738. C’est un livre grand in-folio d’une belle écriture du xvie siècle, de 176 feuillets ou 352 pages, relié en veau et bien conservé. Nous publions ce Cartulaire, composé de 150 pièces, sans compter les commentaires, qui n’ont pas paru assez intéressants pour être imprimés. Tous les éléments de l’histoire de l’abbaye et de la ville de Cormery ont été empruntés au Cartulaire dont nous avons revu le texte avec le plus grand soin. La plupart des chartes, surtout les plus anciennes offrent des faits curieux et des détails historiques jusqu’à ce jour peu connus ou même ignorés. Nous sommes heureux d’avoir enrichi les annales de notre province de plusieurs pages nouvelles, grâce au recueil formé par le savant prieur de Cormery[6].

Joachim Périon entreprit ce travail en 1550, comme il nous l’apprend lui-même dans l’épître dédicatoire placée en tête du manuscrit. Son exemple fut suivi plus tard par Dom Yves Gaigneron, sous-prieur du monastère qui nous laissé la Chronique de Cormery écrite en 1666. Ce volume manuscrit existe à la bibliothèque de Tours, spus le n° 713. C’est seulement un abrégé du Cartulaire. Quoique Dom Gaigneron écrivît plus d’un siècle après la mort de Périon, il n’a relaté aucun des événements accomplis dans la dernière moitié du xvie siècle et dans la première amitié du xviie.

Denis Briçonnet, dont nous venons de louer la libéralité en faveur de Périon, ne fut pas moins généreux à l’égard de son monastère. Né à Tours en 1473, il entre de bonne heure dans l’état ecclésiastique et fut abondamment pourvu de riches bénéfices par la faveur de son père Guillaume Briçonnet. En 1520 (1521, n.s), il échangea avec René du Puy l’évêché de Lodève pour l’abbaye de Cormery. : Cette ’permutation se fit avec l’agrément du roi François Ier et du pape Léon X. Denis Briçonnet avait gagné les bonnes grâces du Souverain Pontife, pendant un séjour de trois années qu’il fit à Rome, chargé d’importantes négociations près la cour romaine. Le nouvel abbé de Cormery avait une vive affection pour la Touraine où il avait vu le jour, et il se plaisait beaucoup sur les rives charmantes de l’Indre. Il tenait de sa famille le goût de la bâtisse. Sa sœur, Catherine Briçonnet, femme de Thomas Bohier, contribua fortement à la construction du château de Chenonceaux. Cette grande entreprise, personne ne l’ignore, fut fatale à l’opulente famille des Bohier. L’abbé de Cormery se contenta de rebâtir et de meubler, avec un soin tout artistique le délicieux castel de Montchenin situé dans une position ravissante, où l’on respire un air pur, et où il établit sa résidence ordinaire. Plus tard, il nomma son neveu François Bohier, déjà doyen de la cathédrale de Tours, son coadjuteur à l’évêché de Saint-Malo, avec future succession.

En 1523, Denis Briçonnet étant parti pour Paris afin de rencontrer son frère Guillaume, évêque de Meaux, la peste éclata tout à coup à Cormery. Le germe de cette terrible épidémie fut apporté probablement de Tours, où le fléau sévissait depuis quelque temps[7]. Les ravages en furent affreux. Cinq cents habitants de la ville et douze moines de l’abbaye furent emportés.

Nous savons que l’abbé de Cormery fit exécuter des travaux considérables aux bâtiments de l'abbaye. Malheureusement les détails historiques manquent. On voyait paraître alors les œuvres délicates de la renaissance française, dont la brillante école de Tours enrichit notre pays. Les fenêtres de l’église abbatiale furent garnies de vitraux peints. Ces verrières furent faites à grands frais ; on y dépensa, dit naïvement le chroniqueur, une si grosse somme d’argent qu’elle aurait suffi à bâtir un grand édifice. Deux tableaux, l’un pour l’autel du Crucifix, l’autre pour celui de Sainte-Anne, furent peints par un artiste bénédictin, nommé Simon Godeau. Une croix d’argent, des chandeliers d’argent, des vases sacrés, un riche bâton à l’usage du grand chantre et d’autres objets furent acquis. Denis Briçonnet songeait à agrandir les bâtiments conventuels et à les relier entre eux ; déjà même les fondations en étaient jetées, quand la maladie vint interrompre la réalisation d’un si beau projet. La mort vint le frapper et non le surprendre, le 18 décembre 1535, dans son manoir de Montchenin. Son corps a été enseveli dans le chœur de l’église abbatiale.

Nous ne devons pas omettre ici deux traits propres à peindre les mœurs du temps. Les habitants de Cormery avaient gardé un si cruel souvenir du passage des Anglais, et ils en appréhendaient si fort le retour que plusieurs d’entre eux avaient obtenu la permission de se bâtir leurs maisons dans la clôture du monastère. Derrière les remparts de l’abbaye ils étaient à l’abri des violences ; exercées par les bandes d’aventuriers. Mais la présence de tant de personnes séculières n’était guère favorable au maintien de la discipline monastique. Denis Briçonnet acheta ces maisons et les fit démolir.

Le même prélat, en 1554, signa avec Gilles Berthelot, seigneur d’Azay-le-Rideau, une transaction en vertu de laquelle le prieur d’Azay, dépendant de Cormery, céda son droit de justice ainsi que les droits qu’il possédait sur les marchés et boucheries de la ville, en recevant à titre de compensation les revenus assis sur deux domaines à Azay et à Cheillé.

Denis Briçonnet eut pour successeurs, en qualité d’abbés commendataires de Cormery, le cardinal Jean du Bellay, Jacques de Jaucourt, Charles de Lorraine, plus connu sous le nom de cardinal de Guise, et le cardinal Robert de Lenoncourt. Celui-ci se démit de l’abbaye de Cormery en 1557, l’année même où mourut Joachim Périon. La France était alors, fort agitée. Avant de fermer les yeux à la lumière, Périon dut voir les premières tentatives du protestantisme en Touraine. La réforme, on l’a souvent répété, ne fut d’abord qu’un cri de guerre. Derrière des prétextes religieux se cachaient des vues politiques. Bientôt des princes et des seigneurs mécontents, aussi mauvais protestants qu’ils avaient été mauvais catholiques, se mirent à la tête du mouvement et entrèrent en campagne. Une foule de gens sans aveu accourut se ranger à leur suite. Les désordres prirent bien vite des proportions effrayantes. En 1562, année néfaste pour la Touraine, les huguenots se rendirent maîtres de Tours et de toute la province. Toutes les églises furent livrées au pillage, les monastères furent dévastés et les ecclésiastiques poursuivis. L’abbaye de Cormery n’eut pas un meilleur sort que les autres : le trésor fut volé ; les vases sacrés, les reliquaires, les croix, les chandeliers d’argent furent emportés. Les ossements des saints furent jetés sur le pavé], les tableaux déchirés, les ornements, sacerdotaux lacérés ou brûlés. On eut surtout à regretter les magnifiques présents faits à l’église par Jean du Puy, abbé de Cormery de 1400 à 1507, mort en 1517. La pièce principale était un grand bas relief en argent doré, du poids de cent marcs, chaque marc du prix de quinze livres.

Trois marcs et demi d’or avaient été employés en outre à la dorure. Au-dessus étaient huit châsses, dont quatre en vermeil et quatre en argent. Le tout était entouré d’une grille de fer pesant 335 livrés et élégamment travaillée. Chaque livre de fer n’avait pas coûté moins de 15 deniers tournois. Jean du Puy avait encore donné deux statues en argent, l’une de saint Paul et l’autre de saint Benoît. Le tout était l’œuvre de Papillon, orfèvre à Tours, et fut achevé en 1514.

Le monastère de Cormery eut de la peine à se remettre dés suites de cette terrible invasion ; les pertes qu’il éprouva dans ses biens furent irréparables. Aussi la régularité eut-elle à en souffrir. Enfin, après un siècle de souffrance, l’abbaye fut agrégée à la congrégation de Saint-Maur. Cette union eut lieu en 1662, moyennant un concordat intervenu entre Henri de Béthune, archevêque de Bordeaux, abbé de Cormery, et dom Bernard Audebert, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur résidant à Paris dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. « Elle avait pour but, suivant le texte du concordat, de faire revivre la régularité déchue par le laps du temps et le malheur des guerres civiles[8]. » Il avait été statué dans le même acte que sur le revenu total de l’abbaye cinq mille livres seraient prélevées d’abord annuellement pour la nourriture et l’entretien de la communauté.

Les religieux avaient la jouissance des bâtiments, jardins et dépendances du monastère. En outre, sept cents livres étaient destinées à l’entretien des ornements et livres d’église, ainsi qu’aux réparations ordinaires, des lieux réguliers. Enfin trois prieurés, savoir ceux de Truyes, de Vontes et de Sainte-Hélène, en Normandie, furent réunis à la mense conventuelle.

Ces arrangements occasionnèrent la rédaction d’un état général du revenu temporel de l’abbaye de Cormery. Nous en avons trouvé la copie dans le registre où est transcrit le concordat de 1662 ; il porte la date de 1673. En voici la reproduction exacte :

1. Le logis abbatial et le jardin, vulgairement appelé le Parc, le tout dans l’enclos des grandes, murailles de l’abbaye, avec les cours, la fuye, la grande écurie et la tour Saint-Jean, dont n’a pas été faite estimation.
2. Les lieux réguliers, dont n’a pas été faite estimation.
3. Dixme des blés et vins sur les paroisses de Cormery, Truyes, Esvres, St-Branchs et Tauxigny, estimée 300 livres.
4. Le clos de Fougeray, contenant quatre arpents, estimé 30 livres.
5. Le clos de Gatassier, en la paroisse de Truyes, contenant quatre arpents, estimé 30 livres.
6. Le château et la seigneurie des Étangs, avec les prieurés de Bossée et Bournan, le droit de justice, profit des fiefs, rachapt, lots et ventes, bâtiments, terres labourables, prés, pâtureaux, bois de haute futaie, taillis, etc., estimé 1,800 livres.
7. Rentes de Cormery, consistant en 840 boisseaux de froment, 22 boisseaux de seigle, 135 boisseaux d’orge, 38 boisseaux d’avoine, 16 boisseaux de mouture, 35 chapons, 24 livres, 11 sols en argent, le tout estimé 1,030 livres.
8. La métairie d’Aubigny et le buisson d’Aubigny, 200 livres.
9. Dixme et terrage du lieu d’Aubigny, 200 livres.
10. Le lieu et métairie de Montchenin, 400 livres.
11. Dixme et terrage du lieu de Montchenin, 150 livres.
12. La métairie de la Gitourie (néant).
13. Le péage ou billettes de Cormery, 120 livres.
14. Le parc et le bois appelé Bault, avec les fours banaux, 360 livres.
15. Les defès et pêches de Cormery avec les îles de Fresay, 40 livres.
16. Dixme d’Arsay, près Loudun, 600 livres.
17. Dixme de Coussay, près Mirebeau, 650 livres.
18. Dixme des Roches-St-Paul, près Chinon, 750 liv.
19. Dixme et terrages de Tauxigny, dont les granges s’appellent la Gaudinière, Penouelle, Meigneux et la Brosse, avec le tiers de Celle d’Armansay, 300 livres.
20. Dixme et terrage de Louans, 100 livres.
21. Dixme et terrage de Veigné, 200 livres.
22. Dixme de Truyes, 100 livres.
23. Dixme des chanvres et lins de Cormery ; 60 livres.
24. Dixme des agneaux et cochons de Cormery, 50 liv.
25. Dixme des nongles ou filets de porcs, 10 livres.
26. Dixme des Pins, près Véretz, 40 livres.
27. Le clos du Roy, 6 livres.
28. La halle et minage, 150 livres.
29. Vingt-deux setiers de blé sur les grands moulins d’Azay-le-Rideau, 180 livres.
30. Deux muids de froment, et deux muids de seigle dus par le chapitre de St-Martin de Tours, 260 livres.
31. Les moulins banaux de Cormery, plus le pré Gigon, 700 livres.
32. Les prés de Vonte, contenant 10 arpents. 120 liv.
33. Neuf arpents de prés situés aux Délés, 324 livres.
34. Le pré du Chesneau, contenant deux arpents, 80 livres.
35. Le pré long, contenant huit arpents et demi, 340 livres.
36. Un arpent et trois quartiers de pré, 70 livres.
37. Le pré Martin, 90 livres.
38. Le pré Misière Jean, proche les moulins d’Esvres, 12 livres.
39. Un arpent de pré et la fontaine situé au pré Moré, 40 livres.
40. Le pré Cornu, 40 livres.
41. Trois quartiers de pré aux Îles-des-Forges, sous les Birottes, 35 livres.
42. Le pré Maugis, 20 livres.
43. Le pré de la Gravelle en la prairie de Vaugrignon, 25 livres.
44. Dix arpents en la paroisse de Veigné et le pré Jalmin, 360 livres.
45. En la même paroisse au pré Martin sept quartiers, 15 livres.
46. En la même paroisse au pré Boyer, 13 arpents, 340 livres.
47. Au pré de l’Effondrée, 9 arpents, 324 livres.
48. Le pré Blet, sur la rivière d’Eschandon, proche la Roche-Farou, 40 livres.
49. Le pré proche le pont Giraud, 30 livres.
50 ; Quarante cinq chaînées de pré, proche le moulin de Rechesne, 20 livres.

À peine installés à Cormery, les bénédictins de Saint-Maur firent refleurir la régularité et toutes les vertus monastiques. La réputation de cette illustre congrégation est assez répandue pour qu’il ne soit pas besoin d’en"rappeler les titrés. Les travaux scientifiques auxquels son nom est attaché lui assurent à jamais la reconnaissance du monde civilisé.

Les moines de Cormery s’appliquèrent à réparer les pertes que les troubles et les guerres avaient fait subir à l’abbaye. Ils y réussirent au moyen d’une sage administration. En 1679, ils achetèrent l’île de la Binoche, près des moulins de Cormery. Plusieurs domaines firent retour successivement aux anciens propriétaires ; et ces acquisitions, grâce à de prudentes économies, ne grevèrent jamais la communauté. En 1691, les moines réunis en Chapitre résolurent de rebâtir en partie le monastère et notamment le dortoir et autres lieux réguliers. La dépense fut considérable car ils empruntèrent 5,000 livres en 1693, et en 1698, une autre somme de 6,000 livres. À la fin du xviie siècle, il y eut en France un véritable renouvellement matériel de toutes les vieilles abbayes bénédictines. L’archéologie n’eut peut-être pas beaucoup à s’en applaudir, quoique les religieux de Saint-Maur eussent en architecture des idées grandes et généreuses. C’est à Cormery que fut construit un escalier d’une structure ingénieuse, qui servit de modèle au grand escalier de Marmoutier, démoli par la révolution et resté célèbre dans nos contrées.

L’histoire de l’abbaye de Cormery ne nous présentera plus désormais aucun fait notable à recueillir. Jusqu’à la révolution de 1789, fidèles à l’esprit de leur institut les moines prieront, travailleront, étudieront et édifieront. Lorsque la révolution viendra brutalement frapper à leur porte et les chasser de leur pieux asile, ils ne feront entendre aucune parole de malédiction ; ils se disperseront sans murmurer. Mais, ils ne quitteront pas avec indifférence le cloître témoin de leurs vertus : en franchissant, pour n’y plus revenir, le seuil de leur tranquille retraite, ils étaient profondément tristes, mornes, silencieux, et plusieurs versaient des larmes. La population de Cormery n’a point oublié cette scène touchante ; les vieillards, qui viennent de disparaître, racontaient avec émotion les suprêmes adieux que les moines adressèrent à leur chère et illustre abbaye de Cormery.

Pour nous qui, remontant le cours des âges, avons vécu quelques instants par la force des souvenirs, avec les pieux hôtes de Saint-Paul de Cormery, nous leur payerons en finissant un juste tribut d’admiration mêlée de regrets. D’une abbaye célèbre durant dix siècles, il ne reste plus aujourd’hui que d’informes débris. Mais au-dessus des ruines pour la consolation de nobles cœurs, planent des souvenirs de piété, de dévouement, de charité, qui assurent à Cormery, dans la conscience des hommes et dans la mémoire reconnaissante du peuple, une glorieuse immortalité !



  1. Le dix-huictiesme jour de juillet au dict an mil-vc Cinquante-sept, décedda religieulx notable et de grande mémoire frère Joachim Perion, homme fort regretté et plainct pour l’ample et singullière erudicion et sçavoir d’icelluy ; il estoit docteur en théologie, interprecteur du Roy, et ausmonier de céans. Il est inhumé en nostre monastère devant la chapelle de Monsieur sainte Jean. Signé : Cuereau. (Extrait du mss. 728 de la Biblioth. de Tours.)
  2. On lit dans une note écrite au bas du feuillet prélim. du mss. 128, que Périon naquit dans la ville même de Cormery.
  3. Le 16 février de chaque année on célébrait l’obit de Pierre Périon, qui avait donné à l’abbaye une rente de 27 sous S deniers assise sur un pré situé près du bourg de Truyes.
  4. Cette oraison funèbre est éditée à la fin de l’Histoire généalogique de la maison des Briçonnets, par Guy Bretonneau, 1620.
  5. On le trouve dans la notice biographique qui lui est consacrée au t. iv de l’Histoire de Touraine, par Chalmel.
  6. Voici l’inscription qui avait été gravée sur la tombe de J. Périon. « Siste viator gradum et mirare : jacet etenim sub hoc vili de ardesia tumulo, qui plusquam marmoreum auieumve meruit sepulohrum Jonchimus Perionius, hujus quondam cœnobii monachus, tanta conspicuus pietale dum viveret, ut clientes post mortem habuerit pluiimos, tanta doctiina celebris ut sequaces illius eliamnum existant innumeri. Vixit semper ciiculla contentus humili, sapientium omnium piorumque judicio purpura coccoque dignissimus. Vivat in cœlis, in æternum victurus in doctis, ad finem usque seculorum. Amen. » (Chronic. Cormaric., fol. 169.)
  7. Voy. le très-intéressant ouvrage de M. le docteur Alex. Giraudet, intitulé : Des anciennes pestes de Tours, In-8° 1834.
  8. La copie de ce concordat se trouve aux archives du département d’Indre-et-Loire en tête d’un registre intitulé : Recueil d’actes, etc., et que nous indiquons plus bas sous le no 10. Deux copies authentiques de ce même concordat sont dans la liasse 1 H. Abbaye de Cormery.