Carnot (Arago)/11
Carnot sentit la convenance, le besoin, de montrer envers les armées nationales une déférence dont jadis les gouvernements absolus pouvaient se croire dispensés, lorsque leurs soldats étaient enrôlés à prix d’argent : chaque année il devait dérouler à la face du pays le tableau détaillé des batailles livrées par nos légions et des résultats qu’elles avaient produits. Voici comment se terminait le récit de la campagne de dix-sept mois, pendant laquelle les troupes de la République ne déposèrent pas les armes un seul instant :
27 victoires, dont huit en bataille rangée ;
120 combats de moindre importance ;
80,000 ennemis tués ;
91,000 prisonniers ;
116 places fortes ou villes importantes prises, dont trente-six après siége ou blocus ;
230 forts ou redoutes emportés ;
3,800 bouches à feu ;
70,000 fusils ;
1,900 milliers de poudre ;
90 drapeaux.
Qu’on nous dise, si on l’ose, après avoir lu ce tableau, que la statistique n’est jamais éloquente !