Déom Frères (p. 219-224).



postface




Lied

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Je ne sais qu’une ballade,
Celle que, de l’aube au soir,
Je chante au cœur du malade :
La ballade de l’espoir.

C’est la chanson suggestive
Aux paroles de velours,
Le merveilleux leit motive
Qui calme et guérit toujours.

Subtile thérapeutique
Où tout l’art est contenu ;
Vague science psychique
Qui nous ouvre l’inconnu.

Perdu ! dit le morticole.
Sauvé ! dit le médecin.
Je suis de la vieille école
Qui croit encore au divin.

— Il ne faut pas que tu meures !
Homme, il faut vivre : c’est mieux.
Il ne faut pas que tu pleures !
Mère, regarde les cieux.

La volonté souveraine
Violente le trépas :
Le sang rebat dans la veine.
Et le mourant ne meurt pas.

La névrose est asservie
Par douceur et par raison.
Le malade, boit la vie
Dans la coupe du poison.

Moi, je suis le sous-oracle,
Qui, pour un rien, pour si peu,
Collabore au grand miracle
De la nature et de Dieu.

Vienne la phase critique,
J’ordonne d’aller quérir
Ce porteur de viatique
Qui sait l’art de bien mourir.

Si, parfois, les agonies…
— Récitez le chapelet
Et dites les litanies.
Pourtant, si le ciel voulait !

Je ne sais qu’une ballade,
Celle que, de l’aube au soir,
Je chante au cœur du malade
La ballade de l’espoir.

Sur les êtres de souffrance,
Pour qu’ils en boivent le miel,
Ô tendre, ô douce espérance,
Effeuille les fleurs du ciel.

Telle la guirlande rose,
Qu’un jeune peintre du Nord,
Comme une couronne pose
Sur une tête de mort.


Nérée Beauchemein


ACHEVÉ D’IMRIMER
le 24 mai mil neuf cent
par Déom Frères, Éditeurs
1877, rue Ste-Catherine
montréal.