Cantique (André Fontainas)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 57-58).


Cantique


Vous avez la beauté des antiques statues
Et la grâce est en vous jointe à la majesté ;
Vos formes, de splendeur et d’orgueil revêtues,
Expriment l’amour calme et la sérénité.

Vous êtes la déesse impassible et riante ;
Vous avez la blancheur des marbres fabuleux ;
Et le chœur amoureux des ramiers s’oriente
Suivant les flammes d’or de vos larges yeux bleus.

Votre front élevé que couronnent les roses
M’apparaît lumineux comme un rapide éclair.
Parmi des floraisons d’iris et de lauroses,
Le cygne au blanc plumage étincelle dans l’air.

Votre marche est pareille aux lentes harmonies
Qui semblent embrasser, en se développant,
L’espace illimité des plaines infinies
Et dont le flot rhythmique à travers tout s’épand


Les célestes senteurs de cinname et de myrrhe
Volent autour de vous et parfument vos chairs ;
La clarté des ciels purs allume votre rire
Et des rayons divins flambent dans vos yeux clairs.

Je vous aime, ô Déesse ! et ma voix vous implore :
Pour vous forcer à voir, et même à m’écouter,
Je veux, comme la voix d’une lyre sonore,
Religieusement la contraindre à chanter.

Je veux que mon amour vous soit une auréole
Qui ne vous brûle pas de ses doutes amers ;
Je veux que le respect réside en ma parole
Plus profond que les cieux et que les vastes mers !