Candide, ou l’Optimisme/Beuchot 1829/Préface de l’Éditeur

Candide, ou l’Optimisme
Chez Lefèbvre, Libraire (Tome 33p. 12-14).

Candide parut au plus tard en mars 1759. Le roi de Prusse en accuse réception par sa lettre du 28 du mois d’avril.

Voltaire en avait envoyé le manuscrit à la duchesse de La Vallière, qui lui fit répondre qu’il aurait pu se passer d’y mettre tant d’indécences, et qu’un écrivain tel que lui n’avait pas besoin d’avoir recours à cette ressource pour se procurer des lecteurs.

Beaucoup d’autres personnes furent scandalisées de Candide, et Voltaire désavoua cet ouvrage, qu’il appelle lui-même une coïonnerie. Il ne faut pas, au reste, prendre à la lettre son titre d’optimisme. L’optimisme, dit-il ailleurs[1], n’est qu’une fatalité désespérante. Voltaire écrivit, sous le nom de Mead, une lettre relative à Candide, qui fut insérée dans le Journal encyclopédique, du 15 juillet 1789 : on la trouvera dans les Mélanges, à cette date.

C’est à Thorel de Campigneulles, mort en 1809, qu’on attribue une Seconde partie de Candide, publiée en 1761, et plusieurs fois réimprimée à la suite de l’ouvrage de Voltaire, comme étant de lui. On l’a même admise dans une édition intitulée : Collection complète des Œuvres de M. de Voltaire, 1764, in-12. L’édition de Candide, 1778, avec des figures dessinées et gravées par Daniel Chodowicky, contient les deux parties. Le Remerciment de Candide a M. de Voltaire (par Marconnay) est de 1760.

Linguet publia, en 1766, la Cacomonnade, histoire politique et morale, traduite de l’allemand, du docteur Pangloss, par le docteur lui-même, depuis son retour de Constantinople, in-12 ; nouvelle édition, augmentée d’une lettre du même auteur, 1766, in-12. Un arrêt de la cour royale de Paris, du 16 novembre 1822 (inséré dans le Moniteur du 26 mars 1825), ordonne la destruction de la Canonnade, ou Histoire du Mal de Naples, par Linguet, Ce n’est pas la première fois que les ouvrages condamnés sont mal désignés dans les jugements. L’arrêt de la cour du parlement, du 6 août 1761, ordonne de lacérer et brûler le tome XIII du Commentaire de Salmeron, qui n’a que quatre volumes.

Candide en Danemarck, ou l’Optimisme des honnêtes gens, est d’un auteur qu’on ne connaît pas.

Antoine Bernard et Rosalie, ou le Petit Candide, a paru en 1796, un volume in-i8.

Le Voyage de Candide fils au pays d’Eldorado, vers la fin du dix-huitième siècle, pour servir de suite aux aventures de M, son père, an XI-1803, a deux volumes in-8°.

Le chapitre xxvi de Candides été imité, en 1815, par Lemontey, dans un article intitulé : Le Carnaval de Ve nise, J’ai renoncé à reproduire ce petit morceau, lorsque j’ai vu l’annonce des Œuvres de Lemontey, où sans doute on le trouvera.

J.-J. Rousseau prétendait[2] que c’est sa Lettre sur la Providence qui a donné naissance à Candide ; Candide en est la réponse. Voltaire en avait fait une de deux pages où il bat la campagne, et Candide parut dix mois après. Ce que Rousseau appelle sa Lettre sur la Providence , est sa lettre à Voltaire du 18 août 1756 ; la réponse de Voltaire est du 21 septembre 1766 ; Candide ne vit le jour que vingt-sept à vingt-neuf mois plus tard.

  1. Homélie sur l’athéisme. Voyez les Mélanges, année 1767 ; et aussi, tome XII, une des notes du troisième Discours sur l’homme.
  2. Lettre de J. J. Rousseau au prince de Wirtemberg, du 11 mars 1764.