Camille Desmoulins (Crevel)

camille desmoulins (Création, février 1924)
Feuilles éparsesL. Broder (p. 27-28).

 

CAMILLE DESMOULINS



Veste Jonquille et pantalon nankin
du linge blanc. La ville est propre
sur une chaise Desmoulins
devient le Roi du beau jardin.
Les mots sont des oiseaux et pennés d’aujourd’hui.
L’espoir duvet tendre les enveloppe.
Seront-ils aigles, vautours ou bien flamants.
Après avoir erré par tous les coins du ciel
trop tard ils se poseront
bleus, blancs, rouges
ciel, linge, sang
et croiront
claquant des ailes à tout pignon
donner l’infini aux inquiets
le bonheur aux simples
la gloire aux cruels.
Palais Royal où Desmoulins ne savait pas
il ne songeait guère à vos couleurs
fiers oiseaux qu’il libérait.

Il ouvrait toutes les cages.
Le ciel de France était si sage.
Le dessin des allées faisait un bon devoir,
Tout était beau ; c’était le soir
les femmes pensaient à l’amour
et à des luttes où la sueur de l’homme prend l’odeur de son sexe.
Désirs en arabesque
même les fleurs sentaient la chair.
Or Desmoulins ne s’était souvenu
que du linge très frais à son front fatigué
du linge transparent qui fait la peau plus blanche…
Et pour sa tête haute, le ciel, tout le ciel était descendu.


1924