Calligrammes/Merveille de la guerre
MERVEILLE DE LA GUERRE
Que c’est beau ces fusées qui illuminent la nuit
J’ai reconnu ton sourire et ta vivacité
Comme c’est beau toutes ces fusées
Mais ce serait bien plus beau s’il y en avait plus encore
Il me semble assister à un grand festin éclairé à giorno
C’est un banquet que s’offre la terre
Elle a faim et ouvre de longues bouches pâles
Qui aurait dit qu’on pût être à ce point anthropophage
Et qu’il fallût tant de feu pour rôtir le corps humain
il n’avale que les âmes
Ce qui est une façon de ne pas se nourrir
Et se contente de jongler avec des feux versicolores
Quelques cris de flamme annoncent sans cesse ma présence
C’est moi qui commence cette chose des siècles à venir
Ce sera plus long à réaliser que non la fable d’Icare volant
Je lègue à l’avenir l’histoire de Guillaume Apollinaire
Qui fut à la guerre et sut être partout
Dans les villes heureuses de l’arrière
Dans tout le reste de l’univers
Dans ceux qui meurent en piétinant dans le barbelé
Dans les femmes dans les canons dans les chevaux
Au zénith au nadir aux 4 points cardinaux
Et dans l’unique ardeur de cette veillée d’armes
Et ce serait sans doute bien plus beau
Pouvaient m’occuper aussi
Mais dans ce sens il n’y a rien de fait