Cache-Cache (Hélène Swarth)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 263-264).


Cache-Cache


Dans l’ancienne maison à laquelle s’attache
Le riant souvenir de leurs jeux enfantins,
Ils aimaient à jouer le soir à cache-cache,
En étouffant le bruit des rires argentins.

Ils allaient se blottir dans les petits coins sombres,
Au fond des corridors, à la cave, au grenier,
Glissant le long des murs comme feraient des ombres,
Et l’on cherchait longtemps avant d’être au dernier.


Ô jeu de cache-cache ! ô gaîté franche et pure !
Qui nous rendra l’enfance et les beaux jours anciens ?
L’aînée avait sa longue et blonde chevelure
Ainsi que la portaient les rois mérovingiens.

Un des jeunes garçons toujours était près d’elle
Et l’on eût dit, à voir ces deux adolescents,
Que Paul et Virginie à ce couple fidèle
Avaient légué l’amour et les vœux innocents.

Quand, se tenant la main, ils se cachaient ensemble,
Pour bien se dérober aux chercheurs curieux
Elle, naïvement, comme un voile qui tremble,
Sur leurs deux fronts penchés répandait ses cheveux.