C’est d’une jeune fille

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 256-257).


C’EST D’UNE JEUNE FILLE


C’est d’une jeune fille, allons gai,
C’est d’une jeune fille
De Saint-Martin-des-Prés,
Ma luron, ma lurette,
De Saint-Martin-des-Prés
Ma luron, ma luré.

Son amant va la voir
Bien tard après souper.

Il la trouva seulette
Sur son lit qui pleurait.

Lui a demandé : Belle,
Qu’avez-vous à pleurer ?

— J’ai beau pleurer, dit-elle,
Si pleurs me servaient ;

J’ai ouï de vos nouvelles
Que v’alliez nous quitter.

— Ceux qui vous l’ont dit, belle,
Vont dit la vérité !

Les chevaux sont aux portes
Tout sellés, tout bridés.

Faut plus que la gaulette
Pour les faire marcher.

Quand il fut sur les landes
Entend cloches sonner.

Il demande à son page :
— Qu’ont les cloch’ à sonner ?

— C’est le glas de la belle
Qui vient de trépasser.

— Prête-moi, camarade,
Ton épée pour me tuer.


— Faut-il pour une fille
Qu’un garçon se tuerait !

J’allons à la Hollande
J’en trouverons assez,

Des petites et des grandes,
Des brunettes à charmer.

Sur le mot de son page
L’amant s’est consolé !

(Recueillie dans les Côtes-du-Nord en 1855.)