Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère/Pommes Belle-Fleur

Les pommes Belle-fleur.

Sans nous préoccuper des nombreuses variétés de pommes qui portent improprement ce nom, nous avons tenu à mettre en regard les deux véritables variétés de Belle-Fleur souvent encore confondues entr’elles.

Il n’y a pas d’autres pommes Belle-Fleur que celles représentées par la planche ci-contre, reproduction très fidèle de deux spécimens types que nous avons fournis nous-même à notre artiste. L’une est la Belle-Fleur de France encore nommée grosse et double Belle-Fleur. L’autre est la Belle-Fleur de Brabant ou petite Belle-Fleur.

Le fruit de la première est gros et devient souvent très gros ;

n°1 Belle Fleur de Brabant. n°2 Belle Fleur de France.

il est aussi large que haut, ne devient jaune qu’à l’extrême maturité, est fortement lavé et un peu strié de rouge du côté du soleil et couvert de lenticelles grises très espacées.

Le pédoncule est court, charnu, assez profondément implanté.

Le calice est large et irrégulier et se trouve placé dans une cavité large et profonde, formée de quelques côtes peu prononcées donnant une forme un peu étoilée au fruit, surtout dans les très gros exemplaires.

La chair est blanche, verdâtre à l’intérieur, très verte sous la peau, ferme, juteuse, un peu grossière et devenant neigeuse à la fin de la maturité, qui a lieu ordinairement en décembre et janvier, mais qui se retarde facilement. Il y a peu, et souvent pas de pépins parfaits.

Les rameaux sont d’un blanc grisâtre, trapus et vigoureux.

Les feuilles sont amples, grossièrement dentées et très étoffées.

L’arbre en général est vigoureux et forme une couronne régulière un peu aplatie.

Cette variété est à juste titre très répandue dans les vergers de ferme des Flandres et y figure sous des noms assez divers. La pomme si bien connue et si estimée par les marchands de fruits sous le nom de Berglander dans les environs de Grammont, n’est autre chose que la Belle-Fleur de France. Dans quelques fermes on l’appelle, en flandrisant le nom, Belfleurders ; dans d’autres Belflanders, Berflanders et de là est venu le nom de Berglanders. Tous les pommiers de ces différents noms sont donc l’excellente Belle-Fleur de France.

La petite Belle-Fleur ou Belle-Fleur de Bradant a, comme son nom l’indique, un fruit le plus souvent petit, quelquefois moyen, vert olive et jaune à la maturité, fortement teinté d’un fond rouge vif, traversé par des stries cramoisies très marquées. Il est conique et toujours de forme régulière.

Le pédoncule est court et enfoncé.

Le calice est assez large, placé dans une cavité peu profonde, quelquefois même à fleur du fruit.

La chair est blanche, ferme, croquante, très juteuse et relevée d’un goût anisé et ne devenant jamais farineuse ; elle renferme de gros pépins qui sont souvent libres dans leur cavité et font le grelot. Le bois est court, trapu et prend une direction horizontale.

Par l’aspect particulier que leur donne sa couronne en parasol, on distingue l’arbre de loin, entre mille. À cause de la difficulté de la faire végéter verticalement, on ne peut greffer cette variété qu’à la hauteur de la couronne, sur un sauvageon vigoureux, ou sur une autre variété greffée au pied du sauvageon.

Cette variété, fertile par excellence et à juste titre si estimée, n’est pas encore répandue autant qu’elle le mérite. Cultivée sur paradis et sur doucin, elle ne serait pas du tout déplacée dans les jardins, autant pour sa bonne qualité que pour sa longue conservation. Par cette dernière propriété, elle est le pendant de la pomme Court-pendu.

En donnant le portrait et la description de ces deux excellentes variétés de pommes, nous avons voulu les retirer du chaos de confusion où elles se trouvent avec une quantité de fruits médiocres qu’on a affublés de leur nom. Nous avons encore voulu empêcher par là que désormais on les confonde entr’elles et enfin nous avons visé à les vulgariser de plus en plus dans les vergers.

Fréd. Burvenich.