Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Séance du 19 mai 1834


Séance du 19 mai 1834.


présidence de m. michelin.

M. Virlet tient la plume comme secrétaire, et donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.

M. le président proclame ensuite membres de la Société :

MM.

Bayfield (Henry-William), commodore de la marine royale d’Angleterre à Québec (Canada), présenté par MM. Boué et Michelin.

Devonshire Saull (William), membre des Sociétés géologique et astronomique de Londres, également présenté par MM. Boué et Michelin.

Gueymard, ingénieur en chef des mines à Grenoble, présente par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont.


dons faits à la société.

La Société reçoit les ouvrages suivans :

1o De la part de M. Roberton, la Théorie de la terre, par M. Delamétherie ; seconde édition, corrigée et augmentée d’une minéralogie. 5 vol. in-8o. Paris, 1797.

2o De la part de M. Nérée Boubée, son Bulletin d’histoire naturelle de France, 4e section (botanique). in-8o, 20 p.

3o De la part de M. Léonhard, son Mémoire sur plusieurs phénomènes géologiques de la contrée située autour de Meissen (Einige geologische Erscheinungen in der Gegend um Meissen). in-8o, 24 pages avec 2 planches.

4o M. Huot fait hommage à la Société d’une lettre autographe de Patrin, datée de Barnaoul.

5o M. Michelin offre aussi à la Société, pour sa collection d’autographes, une lettre de M. le comte de Lacépède, et deux signatures de MM. Valmont de Bomare et de Lamarck.

La Société reçoit aussi les roches et fossiles suivans :

1o De la part de M. le docteur Roberton :

A. Une belle Ammonite des terrains oolithiques de Saint-Vigor (Calvados).

B. Une Pholadomie avec ligament, du terrain oolithique des environs de Bayeux.

2o De la part de M. Farines, pharmacien à Perpignan, quarante-neuf espèces de coquilles fossiles des marnes tertiaires du département des Pyrénées-Orientales, dont il recommande la détermination à la Société, pour qu’elle lui soit transmise avec les numéros d’ordre qui se trouvent sur chaque espèce, ainsi que cela a déjà été fait précédemment.

Le président prie M. Deshayes de vouloir bien se charger encore de déterminer ces espèces.

3o Enfin, de la part de M. Huot, sept échantillons de la craie supérieure de Port-Marly et de Bougival, où M. de Beaumont et lui viennent de découvrir simultanément des milliolites. M. Huot fait observer que, parmi ces échantillons, il y en à qui semblent pétris de madrépores, et que d’autres, au contraire, ressemblent tout-à-fait à du calcaire d’eau douce.

À ce sujet recommence la discussion de la dernière séance. M. Élie de Beaumont rappelle que, dans les localités du Dauphiné, de la Provence, de la Savoie et de la Suisse, citées pour les fossiles d’espèces analogues à celles du bassin parisien, il n’y a que deux systèmes au-dessus du calcaire jurassique ; l’un contient les fossiles du terrain crétacé inférieur (montagne des Fis) ; l’autre, les fossiles qui ont fait le sujet de la discussion de la dernière séance. Lorsque les deux systèmes sont superposés l’un à l’autre, il y a passage entre eux, de sorte qu’on ne peut supposer qu’il se soit écoulé un long intervalle entre les deux dépôts.

M. Deshayes demande à M. de Beaumont si ce passage au contact des deux systèmes ne serait pas comparable à ce qui a été observé en Sicile, par MM. Hoffman et C. Prévost entre la craie et le terrain tertiaire. Il faut se souvenir, ajoute M. Deshayes, que l’opinion de MM. Hoffman et Prévost sur le terrain intermédiaire entre la craie et les couches tertiaires, était fondée sur les mêmes raisons, le mélange des fossiles et le passage insensible d’un terrain à l’autre dans la nature minéralogique des couches ; il y a donc une analogie parfaite entre les deux exemples cités, et cependant M. C. Prévost a reconnu lui-même que cette opinion n’était point suffisamment démontrée[1].

M. de Beaumont réplique que les roches du terrain crétacé inférieur sont solides, de sorte qu’on ne peut supposer que leur surface ait été remaniée après coup, ainsi que la chose paraîtrait avoir eu lieu dans les localités citées de la Sicile.

M. Deshayes pense que si ces couches sont solides aujourd’hui, elles pourraient bien ne pas l’avoir été lorsqu’elles formaient le fond de mer qui reçut le dépôt des terrains tertiaires ; c’est une question qui lui paraît valoir la peine d’être examinée avec quelque attention.

M. Deshayes ajoute que, M. de Beaumont admettant deux systèmes, il ne comprend pas pourquoi il admet deux choses pour dire ensuite qu’elles n’en font qu’une. S’il y a en effet deux systèmes, si ces deux systèmes sont quelquefois séparés, si, lors de leur séparation, on trouve dans l’un et dans l’autre des espèces fossiles différentes, il y a là des raisons suffisantes aux yeux des zoologistes pour séparer en deux formations tout ce grand ensemble de calcaires que M. Élie de Beaumont réunit en une seule formation.

M. de Beaumont répond que, dans la Provence, le Dauphiné, la Savoie, la Suisse, on ne trouve pas de couches qu’on puisse rapprocher par leurs fossiles de la craie blanche de Meudon. À cause de la liaison successive de toutes les couches, l’époque de la craie blanche doit être représentée par quelque chose, et ce ne peut être que par les couches où se trouvent les fossiles déterminés par M. Deshayes, fossiles qui se trouvent principalement dans les couches inférieures d’un vaste système de calcaires, de marnes schisteuses et de grès qui font suite immédiate au terrain crétacé inférieur ; les fossiles tertiaires commencent même, dans ces contrées, dans le terrain crétacé inférieur. Il existe des Cérithes avec les fossiles du terrain crétacé inférieur (Hamites, Turrilithes, Ammonites) au col de Tanneverge (Savoie). M. Brongniart cite une Cérithe parmi les fossiles de la Perte du Rhône (Savoie) ; il en cite deux parmi les fossiles de la montagne des Fis, au milieu des Ammonites, Scaphites, Turrilithes, qui y caractérisent si bien l’assise supérieure du terrain crétacé inférieur, et, en les citant, il ajoute (Annales des mines, 1re série, tome VI, page 567) cette remarque, qui devient capitale pour la discussion actuelle : « Cerithium, deux espèces ; elles sont écrasées, mais parfaitement reconnaisables pour être de véritables Cérithes, et l’une d’elles est tellement semblable au Cerithium mutabile de Beauchamp près Paris, que je ne puis, jusqu’à présent, voir aucune différence entre elles. » Les fossiles d’espèces identiques avec celles du bassin tertiaire de Paris ayant commencé à exister dans ces contrées pendant la période du terrain crétacé inférieur, il n’est pas étonnant qu’il s’en trouve une plus grande proportion dans les couches contemporaines de la craie blanche supérieure. Quant à la différence entre les fossiles des couches de la période de la craie blanche supérieure dans le nord et le midi de la France, on peut en rendre raison par la diversité des parties du globe avec lesquelles communiquaient les mers qui, pendant cette période, baignaient le nord et le midi de la France.

Puisque dans les lieux cités par M. de Beaumont, réplique M. Deshayes, les couches ne contiennent pas les fossiles de la craie, mais bien ceux du calcaire grossier, il est naturel de conclure qu’elles sont du même âge géologique.

Si la liaison des couches semble à M. de Beaumont une raison suffisante pour croire que, dans la formation crayeuse du midi de l’Europe, le calcaire grossier ou des couches contenant les mêmes fossiles sont l’équivalent de la craie blanche du nord, il faudrait que toutes ces couches fussent toujours en contact et dans les mêmes rapports ; mais dès qu’elles se séparent en deux systèmes qui très souvent ne sont pas en contact, dès que ces systèmes se séparent comme à Valognes (la craie inférieure et le calcaire grossier), précisément au point où les fossiles eux-mêmes n’ont plus entre eux la moindre analogie, il semble naturel à M. Deshayes de conclure, comme précédemment, qu’il y a réellement deux formations là où les géologues n’en reconnaissent qu’une seule, parce qu’ils se laissent trop facilement guider, selon lui, par l’analogie de structure des roches.

M. Deshayes répète encore une fois qu’il a été le premier à déclarer et à démontrer par des exemples que les genres ne sont point caractéristiques des terrains, mais seulement les espèces ; il importe peu qu’il y ait des Cérithes dans la craie, puisque l’on sait actuellement que ce genre descend plus bas dans la série géologique. Ce qu’il est très important de constater, c’est la ressemblance ou la différence entre les espèces des différentes formations.

Au sujet de la citation faite par M. Brongniart, d’une espèce de la craie de la Perte du Rhône tout-à-fait semblable à une de Beauchamp près Paris, M. Deshayes dit qu’il a eu si souvent l’occasion de relever des erreurs analogues au fait cité, non seulement dans les travaux du savant auteur de la Géologie des environs de Paris, mais encore dans ceux de plusieurs autres personnes, qu’il s’est décidé définitivement à n’admettre parmi les analogues, que ceux qu’il a pu vérifier avec tous les moyens qu’il possède de se former une opinion fondée.

M. Deshayes fait observer qu’il faudrait, pour qu’il discutât la question des environs de Gap sous le rapport purement géologique, qu’il eût visité les lieux, ce qu’il n’a pas fait ; il n’a donc pu l’envisager que comme zoologiste, et sa conclusion est, dans ce cas, aussi rigoureusement déduite des faits que celle qui l’a conduit à placer dans l’âge du calcaire grossier de Paris les dépôts de Valognes, de Blaye, de la Belgique, de Castel-Gomberto, de Raguse et de tout le bassin de Londres, c’est-à-dire, qu’ayant trouvé que les fossiles de Gap sont semblables à ceux de Paris comme ceux de Valognes, etc., etc., il a conclu naturellement que les couches de Gap qui contiennent ces fossiles sont du calcaire grossier et non de la craie et encore moins du lias, comme l’a dit M. Gueymard ; il l’a dit indépendamment des faits géologiques, laissant au temps et à de nouvelles observations le soin d’infirmer ou de confirmer une conclusion qui a été reconnue jusqu’à présent juste pour tous les points précédemment cités.

M. de Beaumont fait ensuite observer que, parmi les échantillons offerts à la Société par M. Huot, il y a des polypiers et quelques autres fossiles qui ont été recueillis dans la craie du port de Marly près Saint-Germain-en-Laye ; il prend occasion de ce fait pour communiquer à la Société la coupe des assises supérieures de la craie à Bougival et au port de Marly.

À Meudon, l’argile plastique repose directement sur la craie blanche ordinaire ; mais à Bougival et au port de Marly, les assises supérieures de la craie présentent une manière d’être exceptionnelle.

À Bougival, dans le chemin dit de la Princesse, qui conduit à Louveciennes, on trouve au-dessous du calcaire grossier et de l’argile plastique :

1° Une couche de 0 m,40 d’un calcaire jaunâtre, dur, presque compacte, contenant divers fossiles brisés, des polypiers et de petits fossiles multiloculaires qui paraissent être des Milliolithes ;

2° Une couche de 0 m,60 d’une marne argileuse, dont l’aspect extérieur rappelle celui des marnes lacustres ;

3° Une couche d’un mètre d’un calcaire blanchâtre, en partie dur, et presque compacte, en partie d’une consistance sableuse, renfermant beaucoup de petits débris de fossiles roulés, des grains d’oolithe, de petits fossiles multiloculaires analogues à des Milliolithes, des coquilles turriculées, etc ;

4° Craie grossière, jaunâtre, quelquefois dure, contenant des polypiers et des coquilles turriculées ;

5° Craie blanche ordinaire.

Dans la carrière du port de Marly, on trouve au-dessous du calcaire grossier et de l’argile plastique :

1° Une couche de 0 m,50 d’un calcaire jaunâtre, dur, presque compacte, contenant différens débris organiques parmi lesquels on distingue aussi de petits fossiles multiloculaires qui paraissent être des Milliolithes ;

2° Une couche de deux mètres de marnes verdâtres renfermant un grand nombre de rognons tuberculeux d’un calcaire blanc, compacte, crible de petits nids de spath calcaire ; le tout rappelle certaines parties des formations lacustres ;

3° Une couche de trois mètres de puissance d’un agglomérat calcaire composé en grande partie de débris plus ou moins roulés de divers fossiles, et surtout de polypiers plus ou moins encroûtés par un gluten calcaire ; quelques parties présentent une structure oolithique, d’autres sont presque compactes ; dans beaucoup de points, on distingue les mêmes petits fossiles multiloculaires, que dans la couche de calcaire supérieur ; la partie inférieure de la couche est beaucoup plus grossière que la partie supérieure ;

4° Craie blanche ordinaire.

M. de Beaumont pense que ces couches, qui, à Bougival et au port de Marly, forment comme l’écorce de la craie, doivent être rapprochées du calcaire pétri de fossiles encroûtés d’un dépôt calcaire qu’il a observé, posé immédiatement sur la craie blanche, dans la vallée située entre Vigny et Longuesse (Seine-et-Oise), et les couches d’un caractère anomal que M. Graves a observées sur la craie à Saint-Germain-Laversine (Oise). Il croit que ces différens dépôts peuvent être les représentans de la craie supérieure de Maestricht ; il les cite en partie pour montrer que la liste des fossiles du terrain crétacé supérieur du nord de la France pourrait bien être encore très incomplète.

Le secrétaire lit ensuite la notice suivante, de M. Coulier, intitulée : Description du Séismomètre, appareil destiné à faire connaître la force et la direction des tremblemens de terre.

« La Seismométrie est la science qui embrasse tous les phénomènes vulgairement connus sous la dénomination de tremblemens de terre, sous les rapports de la fréquence, de la durée, du plan suivant lequel ils ont lieu, de la force, etc., etc.

« Au point où sont parvenues les sciences physiques et mathématiques il était remarquable qu’on ne se fût pas encore bien sérieusement occupé de cette branche de philosophie naturelle, pour la soumettre à une investigation plus précise.

« Quand on pense aux fâcheux accidens que les tremblemens de terre ont occasionnés, tant dans l’ancien que dans le nouveau monde, à Lisbonne, en Calabre, au Pérou, etc., on doit en quelque sorte être étonné de ce silence de la science ; en effet, il n’a encore été présenté aucune méthode analytique, ni aucun instrument qui aient pour but d’envisager ces grands phénomènes sous le point de vue dont je parle, et qui servent, ou à indiquer plus exactement les élémens de l’oscillation terrestre, ou bien à faire connaître d’avance, par une sorte de prédiction, l’instant de leurs manifestations.

« Ce silence a d’autant plus lieu d’étonner, que, depuis quelques années, les tremblemens de terre se sont fait sentir dans des contrées telles que la France et l’Angleterre, où on n’en avait, de mémoire d’homme, été inquiété ; si, à la vérité, on a cherché, dans quelques publications, à en expliquer les causes, ou à démontrer leur liaison avec les phénomènes volcaniques, ç’a été purement sous le rapport théorique et spéculatif, nullement sous celui de l’analyse scientifique.

« Aucun instrument n’est capable de donner, avec une certaine précision, la force et la direction, quoique les annonces du phénomène qui nous occupe, soient ordinairement accompagnées des indications de sa force et de sa direction. Cependant l’histoire rapportée par M. Biot, qui observa dernièrement les oscillations du sol, à Paris, et le silence absolu de M. Babbage (Traité de l’Économie des machines) prouvent que ces élémens, ainsi donnés, n’ont d’autre valeur mathématique que celle de l’appréciation ou de l’approximation.

« C’est pour obtenir ces données avec plus de précision, que j’ai construit un appareil que je viens de présenter à l’Académie des sciences, et auquel j’ai donné le nom de Séismomètre, appareil que chacun comprendra sans difficulté.

« Persuadé que la Société de géologie daignera accepter cette description avec indulgence, je m’empresse de la mettre sous les yeux de ses membres, afin qu’ils puissent juger du mérite de l’appareil ; je la ferai brièvement précéder de quelques remarques générales, nécessaires pour arriver à la solution elle-même du problème.

« Dans une longue suite d’observations sur les mouvemens d’une pile galvanique construite d’après le système de Zamboni, feu M. Le Baillif eut occasion de remarquer que les arrêts ou adhérences du disque oscillateur sur l’un des deux disques verticaux, annonçaient constamment un grand phénomène atmosphérique ou terrestre ; et, à sa prière, j’en tins pendant près de dix ans l’observation écrite. Rarement l’annonce donnée par la pile, manquait d’être vérifiée plus tard par celle du phénomène, à jour et souvent à heure désignés ; presque toujours ce phénomène était un tremblement de terre. Il paraîtrait donc, d’après cela, que la pile de Zamboni, construite avec la délicatesse et la perfection que le modeste et savant Le Baillif apportait dans ses instruments, suffirait pour annoncer d’avance les oscillations du sol ; il serait donc à désirer que cette petite machine fût l’objet de remarques suivies dans nos établissemens publics.

« Je ne prétends certainement pas affirmer que cet appareil soit capable d’annoncer toujours d’avance le phénomène ; mais ayant vu se vérifier pendant dix ans les annonces de la pile, il doit m’être permis de croire que la suite de ses observations ne serait pas inutile pour la science, et qu’elle pourrait probablement conduire à d’heureux résultats.

« Cependant il ne suffirait pas même aujourd’hui de prédire en quelque sorte les tremblemens de terre ; la curiosité doit être sans bornes à cet égard, et nous porter évidemment à étudier leur force, leur direction, leur durée et le plan général suivant lequel les ondulations ont lieu ; car, d’après la remarque de M. Babbage, elles peuvent aussi bien être exactement parallèles à l’horizon, ou de bas en haut, que dans tout autre sens. L’appareil dont j’ai l’honneur d’entretenir la Société de géologie est principalement destiné à faire connaître la force et la direction des mouvemens du sol, et je remarque que sur les deux autres élémens, l’un est donné par la montre, et l’autre est encore à mon avis impossible à observer ou à calculer dans le plus grand nombre des cas ; cependant le pendule horizontal pourrait donner cette force jusqu’à un certain point.

« Peu de mots suffiront pour montrer jusqu’à quel point j’ai pu atteindre le double but que je me suis proposé.

« Qu’on se représente un segment de sphère, garni de ses niveaux, divisé dans la surface en un nombre de divisions correspondant à celui des rhumbs de vent ; qu’on imagine aussi ce segment avec une cavité à son sommet, qui communique aux divisions du segment lui-même, par des ouvertures particulières, et enfin qu’on se figure cette cavité remplie d’une certaine quantité de mercure ; n’est-il pas évident, dès lors, que si un mouvement quelconque est imprimé à la base de l’appareil, le métal cèdera à cette force d’impulsion, sera chassé de l’espace qu’il occupe, pour passer par les ouvertures de la cuvette, suivre les sillons du segment et arriver aux divisions du limbe dans lequel sont pratiqués des espaces pour les recevoir ? Ces parties de métal, ainsi chassées, seront plus ou moins grandes, dirigées suivant l’angle du mouvement, et nécessairement proportionnelles à la force de la secousse. On pourra facilement, alors, déterminer cette dernière par la mesure du métal écoulé. Ainsi les divisions qui auront reçu le métal détermineront la direction, et la quantité écoulée étant enlevée avec une pipette, et mesurée dans un tube gradué ou pesé, donnera la force comparative du phénomène, au moyen d’une table facile à construire : il va sans dire que l’instrument doit être placé dans le méridien, au moyen de la boussole qui la surmonte.

« Il a été fait, contre ce petit appareil, une objection à laquelle il était difficile de répondre, celle du cas où une ondulation semblable à celles qui renversèrent Lisbonne et Acapulco le mettrait hors d’usage… Il faut convenir que l’instrument, tombant à terre avec l’édifice, deviendrait tout-à-fait inutile ; mais hors ce cas, très rare heureusement, l’appareil déterminera avec précision tous les phénomènes du genre, depuis les plus petites secousses jusqu’à celles qui videraient entièrement la cuvette de métal contenu.

« Cette dernière description succincte suffira, je l’espère, pour faire comprendre à ceux qui sont familiers avec les instruments de physique, le moyen mécanique mis ici en usage pour résoudre un problème de physique important ; et sans entrer dans de plus longs détails sur les théories auxquelles ce moyen peut conduire, sans même chercher s’il ne serait pas possible de combiner l’instrument d’une manière plus heureuse, je pense que ce petit exposé suffira pour ceux qui s’occupent de météorologie et des sciences qui s’y rattachent, et qu’ils y distingueront une différence notable avec les aiguilles aimantées, dont l’observation des vibrations avait fait entrevoir, il y a quelque temps, la possibilité d’atteindre le résultat que je crois avoir obtenu. »



  1. Bull. de la Sac. géol. T. III, p. 183.