Buffon et les critiques de l’Histoire naturelle

BUFFON ET LES CRITIQUES
DE L’HISTOIRE NATURELLE


Les trois premiers volumes de l’Histoire naturelle générale et particulière, avec la Description du Cabinet du Roi, en partie par M. de Buffon, en partie par M. Daubenton, parurent en 1749. Le Journal des Savans, en avait annoncé la publication imminente dès l’année précédente et avait indiqué le plan de l’ouvrage. Il devait comprendre quinze volumes in-4o, à publier d’année en année, et faire connaître l’histoire complète des animaux, des végétaux et des minéraux. C’était une sorte d’encyclopédie des sciences de la nature que l’on offrait au public. Les cinq premiers volumes devaient être consacrés à la terre, à l’homme et aux animaux les plus élevés, quadrupèdes, amphibies et cétacés. Les suivans devaient traiter : le sixième, des poissons, le septième, des coquillages, crustacés et insectes de mer, le huitième, des reptiles, des insectes, des animaux microscopiques, le neuvième, des oiseaux[1]. Les tomes x, xi et xii devaient être réservés aux plantes et au système de végétation ; les trois derniers, aux minéraux.

Ce programme ne put être rempli : il excédait les forces d’un seul homme. Une simple compilation eût déjà exigé un temps et des efforts considérables. Mais il ne s’agissait pas ici de compiler. Il fallait tout examiner, tout revoir, tout décrire d’après la nature, en ayant sous les yeux les exemplaires du Cabinet du Roi, c’est-à-dire d’une collection déjà très étendue, et que des soins incessans devaient amener à être la plus riche du monde. L’œuvre resta donc incomplète. Vainement Buffon consacra à l’accomplissement de cette tâche, qu’il s’était imposée dès sa nomination à l’intendance du Jardin du Roi, en 1739, près de cinquante années de l’existence la plus laborieuse, la plus régulièrement tournée vers cet unique objet. Il ne put mener à terme, dans les trente-six volumes qui s’échelonnèrent d’année en année, jusqu’au moment de sa mort, que l’histoire naturelle de l’homme et des quadrupèdes, avec la collaboration de Daubenton pour la partie anatomique ; — l’histoire des oiseaux, avec la collaboration de l’abbé Bexon et de Gueneau de Montbeillard ; — et enfin, l’histoire des minéraux, pour laquelle il se fit aider par Faujas de Saint-Fond. Les éditeurs firent achever la partie relative aux animaux par Lacépède, qui donna, en 1789, l’histoire des quadrupèdes ovipares et des serpens, et de 1789 à 1803, celle des poissons. Ce sont ces quarante-quatre volumes, dont huit au moins n’appartiennent pas à Buffon, qui forment l’édition princeps de ses œuvres.

Le premier volume de cette édition de 1749 contenait une introduction, un discours sur la manière de traiter l’histoire naturelle, et l’histoire et théorie de la terre ; les deux autres traitaient de l’homme et des quadrupèdes. C’était la première fois qu’une œuvre de ce genre était offerte au public lettré. Jusque-là, les traités généraux d’histoire naturelle, les systèmes de la nature, ne s’adressaient qu’aux naturalistes de profession. Les deux plus complets qui eussent paru depuis Aristote et Pline, celui de Conrad Gessner, le Pline de l’Allemagne, et celui de l’illustre Bolonais Aldrovande, étaient écrits en latin. L’histoire naturelle n’appartenait pas au domaine des idées générales ; elle ne faisait point partie d’un patrimoine intellectuel commun aux hommes cultivés ; elle restait l’occupation d’un petit nombre de savans formant un monde fermé, se connaissant d’un pays à l’autre, mis au courant de leurs travaux respectifs, informés des progrès de leur science, mais n’ayant que peu de tendance à mêler à leur affaire des étrangers et des profanes. Un petit nombre d’ouvrages, comme les mémoires de Réaumur sur les insectes, clairs, élégans, remplis de détails curieux, ou celui de Trembley sur l’hydre d’eau douce, qui est de 1744, avaient rompu ce cercle de la spécialité scientifique, et commencé de répandre parmi les gens du monde le goût des choses de la nature.

Le livre de Buffon, si séduisant par sa forme parfaite et si intéressant par les grands problèmes qu’il agitait relativement à l’origine du globe terrestre et des autres planètes, à la constitution de l’écorce solide, des mers, des montagnes et des fleuves, à la place de l’homme dans la nature, au développement de ses facultés, à la variété de ses races, fut accueilli avec autant d’admiration que de surprise. On dirait, dans le langage d’aujourd’hui, que sa publication fut un succès de librairie sans précédent. L’édition première fut enlevée en six semaines : elle fut suivie d’une seconde, puis d’une troisième en moins d’une année, et, dans le même délai, traduite en anglais, en allemand et en hollandais. Le livre était dans toutes les mains, et selon les propres expressions de Cuvier, qui lui-même en avait eu des témoignages certains, on le trouvait « sur la toilette des femmes et dans le cabinet des littérateurs. »


I


L’enchantement fut universel, sauf dans le camp des naturalistes. Buffon n’en faisait point partie. Ses études, d’après ce que l’on en savait, avaient été tournées d’un autre côté, vers les mathématiques et la physique. Il avait alors 42 ans, et il semblait que ce fût bien tard pour débuter dans un ordre de science qui, plus que tout autre, exige un esprit jeune et une vocation précoce. La seule annonce de l’ouvrage avait provoqué la défiance des naturalistes. « Ce projet me semble d’autant plus hardi, écrivait à ce sujet l’illustre Malesherbes, que M. de Buffon n’avait pas encore paru dans le monde savant comme naturaliste ; il était déjà célèbre par plusieurs mémoires lus à l’Académie sur différens sujets d’agriculture, de physique et de géométrie, et par une traduction très estimable ; mais ces différentes connaissances me paraissaient autant de diversions à l’étude de la nature. »

Malesherbes avait raison. Buffon s’était classé comme mathématicien. Il avait été nommé membre adjoint de l’Académie des Sciences dans la section de géométrie, le 3 juin 1733, n’ayant pas encore 26 ans. Il avait montré, dès sa jeunesse, quelque aptitude pour les mathématiques ; il avait appris au collège les élémens d’Euclide, étudié ensuite le traité des sections coniques et le binôme de Newton. À Angers, un oratorien, le P. de Landreville, l’avait entretenu dans ce goût de l’analyse et de la géométrie. À Genève, en 1730, il avait fréquenté un professeur renommé, Gabriel Cramer, et il avait dû au commerce et à l’amitié de ce savant une partie des connaissances qu’il avait acquises dans le calcul des probabilités. On trouve dans ses œuvres un essai d’arithmétique morale, qui n’est autre chose qu’une application de ce calcul, dont on peut dire, sans vouloir en apprécier le fond, qu’il est écrit dans la plus sobre, la plus précise et la plus belle langue mathématique. Il avait traduit en français, en 1740, le Traité des Fluxions de Newton, et ce fut là l’occasion d’une discussion avec le célèbre géomètre Clairaut, dans laquelle il eut l’avantage[2]. Clairaut, en effet, avait attaqué Newton et ses commentateurs au sujet du mouvement de l’apogée de la lune. Buffon, qui était visé, se défendit et, en définitive, d’une manière assez victorieuse pour que Clairaut se rétractât et supprimât de son mémoire les parties qui attaquaient directement les commentateurs.

Buffon n’a pas montré moins d’activité dans le domaine de la Physique. On connaît de lui treize ou quatorze mémoires qui se rattachent à différens chapitres de cette science, et dont la plupart furent lus à l’Académie des Sciences. On peut citer particulièrement celui qui a pour objet la propagation de la chaleur dans les différens corps, travail auquel un illustre mathématicien, Fourier, qui a appliqué le calcul à la solution de ce problème, aimait à rendre justice. Un autre encore, qui n’est pas sans mérite, roulait sur les couleurs accidentelles et les ombres colorées. Il a exécuté et fait exécuter, dans ses hauts fourneaux de Buffon, une longue série d’expériences sur les propriétés du fer, sa ténacité, et sur sa métallurgie. Dans un autre ordre d’idées, on lui doit des recherches sur la force du bois et sur les moyens d’en augmenter la résistance et la durée. Il a publié enfin, en collaboration avec son confrère Duhamel du Monceau, inspecteur de la marine et très savant agronome, un mémoire sur la croissance du bois, et des observations sur les différens effets que produisent sur les végétaux les grandes gelées de l’hiver et les petites gelées du printemps.

Il faut faire une place spéciale, dans cette énumération des travaux de Buffon, à des expériences très célèbres sur les miroirs ardens.

On connaît l’histoire fameuse d’Archimède, lançant, disent les anciens, le feu du soleil sur la flotte ennemie et la réduisant en cendres, lorsqu’elle approcha des remparts de Syracuse, à la portée d’un trait. Le même exploit, au témoignage de Zonaras, fut accompli au siège de Constantinople en 544, par Proclus qui brûla de même la flotte de Vitalien. Ces récits, longtemps acceptés comme vrais, ont été contredits par Descartes et par quelques physiciens modernes qui les ont traités de fables, par suite de l’impossibilité où auraient été les anciens de réaliser pratiquement les conditions de cette expérience que la théorie, en revanche, permet parfaitement de concevoir, au moins dans son principe. On refusait à l’art des anciens et même à l’industrie des modernes la possibilité de construire des miroirs d’assez longs foyers et assez parfaitement travaillés pour concentrer en un même point la chaleur suffisante à enflammer le bois des navires. À la vérité, quelques auteurs, parmi lesquels le physicien Du Fay, qui fut le collègue et l’ami de Buffon, et son prédécesseur dans l’intendance du Jardin du roi, avaient suggéré l’idée qu’il n’était pas nécessaire de recourir à des miroirs courbes et que des miroirs plans, en nombre convenable et convenablement dirigés, assureraient probablement la réussite.

Buffon adopta cette idée des miroirs à facettes et la réalisa. Il fit construire, par l’habile mécanicien Passamant, une sorte de charpente, dans laquelle pouvaient s’enchâsser un grand nombre de glaces étamées rectangulaires, de six pouces sur huit, individuellement mobiles, de manière à pouvoir amener l’image fournie par chacune d’elles à tomber sur le même point. Grâce à ce dispositif, Buffon prouva la possibilité des exploits d’Archimède et de Proclus en les reproduisant. Le 10 avril 1747, dans le Jardin du Roi, il enflamma une planche de hêtre à cent cinquante pieds de distance, au moyen d’un miroir de 128 facettes. Avec un miroir de 234 facettes il réussit à fondre des assiettes d’argent à quarante-cinq pieds de distance.

Buffon fut aussi l’un des savans les plus empressés à accueillir les idées de Franklin sur la foudre et l’électricité. Les belles et dangereuses expériences qui consistent à soutirer le fluide des nuées en temps d’orage, il les raconte à son ami le président de Ruffey, dans l’été de 1752, et il lui indique les moyens, d’ailleurs très simples, de les répéter. « C’est moi, écrit-il, qui les ai fait connaître et exécuter le premier… L’abbé Nollet meurt de chagrin de tout cela. » Ces curieuses épreuves, Franklin les a indiquées comme possibles, dans ses lettres à Collinson. Les lettres sont publiées ; Buffon les connaît ; il s’empresse d’exécuter l’ingénieuse expérience. Il pose le premier paratonnerre dans son habitation de Montbard le 19 mai 1752. Ce n’est que le 22 juin de la même année que Franklin à son tour, au moyen d’un cerf-volant capte l’électricité des nuages.


II


Toute cette activité déployée par Buffon dans le domaine des sciences physiques ne lui assure aucun crédit auprès des naturalistes contemporains. Au contraire, elle leur parait « une diversion » à l’étude de la nature. C’est précisément le mathématicien, le physicien, l’écrivain qui leur est suspect ; tel est bien là le sentiment qui se fait jour dès les premières lignes de l’ouvrage de Malesherbes.

Cet ouvrage, on le sait, n’a pas été publié par son auteur. Confié à des mains étrangères, il a sommeillé pendant près de cinquante années dans le fond de quelque tiroir, d’où il n’est sorti que cinq ans après que Malesherbes eut péri sur l’échafaud, dix ans après la mort de Buffon. Il constitue un témoignage de la première heure, et c’est là son véritable intérêt. Les Lettres à un Américain, certainement inspirées par Réaumur, qui, selon l’expression de Cuvier, « tenait alors le sceptre de l’histoire naturelle, » achèvent de nous renseigner sur les préventions qui devaient accueillir à ses débuts l’œuvre de Buffon.

Disons tout de suite que ce sentiment de défiance était naturel et fondé.

L’esprit qui doit présider aux diverses espaces de sciences n’est pas le même : il ne doit avoir de commun de l’une à l’autre que le goût de l’exactitude. L’histoire naturelle était bien loin d’avoir pris possession de tout son domaine ; elle avait plus besoin de s’enrichir de faits que d’idées ; elle était encore trop peu développée pour fournir matière aux tendances à la généralisation et à l’abstraction qui sont communes aux sciences dites exactes. Les naturalistes que Buffon trouvait en face de lui s’appropriaient, en un mot, l’opinion que Buffon lui-même avait exprimée, quatorze ans auparavant, en 1735, dans la préface de sa traduction de la Statique des végétaux de Hales, à savoir que les anciens systèmes de la nature sont d’anciennes rêveries, les nouveaux ne peuvent être que des romans. « Les recueils d’expériences et d’observations sont les seuls livres qui puissent augmenter nos connaissances. »


III


On a dit que c’était un ordre du roi qui avait fait de Buffon un naturaliste, tandis que c’était la nature qui avait formé Linné, son émule et son rival. On fait ici allusion à la décision royale du 26 juillet 1739, qui accordait à Buffon l’intendance du Jardin du Roi ; et l’on paraît croire en effet qu’il a fallu cet événement pour susciter chez lui la vocation de naturaliste, restée latente jusqu’à ce moment. Il est difficile de préjuger ce qui serait advenu si M. de Maurepas n’avait pas donné à Buffon la succession de Du Fay ; il serait téméraire d’affirmer que ses études n’en auraient pas moins suivi la voie qu’elles ont prise en effet. Il est plus probable que l’Histoire naturelle n’aurait pas vu le jour et que les conséquences favorables qu’a eues pour le développement des sciences naturelles la publication de cet ouvrage ne se seraient pas produites. Si l’événement a donc été de grande conséquence en ce qui concerne Buffon, il n’a pas eu moins d’importance pour la science, et, d’une façon plus générale, pour le mouvement même des esprits au siècle dernier.

Mais cette direction du Jardin du Roi, Buffon l’ambitionnait passionnément. Il faisait tout pour s’en rapprocher. Pendant cette même année 1739, à l’Académie des Sciences, il avait réussi à passer du rang d’adjoint dans la classe de mécanique à celui d’associé dans la classe de botanique, où il y avait des chances que fût pris le successeur de Du Fay. Il écrit à son confrère Hellot : « Je prierai mes amis de parler pour moi, de dire hautement que je conviens à cette place… L’intendance du Jardin du Roi demande un jeune homme actif (il a 32 ans), qui puisse braver le soleil, qui se connaisse en plantes et qui sache la manière de les multiplier, qui soit un peu connaisseur dans tous les genres qu’on y démontre, et, par-dessus tout, qui entende le bâtiment. De sorte qu’en moi-même, il me paraît que je serai bien leur fait. » Le président de Brosses était, depuis longtemps, le confident de ses désirs. Quand il apprend la bonne fortune qui échoit à Buffon, il écrit d’Italie à un ami commun : « Quand je songe au plaisir que lui fait le Jardin du Roi ! Combien nous en avions parlé ensemble ! Combien il le souhaitait, et combien il était peu probable qu’il l’eût jamais à l’âge qu’avait Du Fay ! » Du Fay n’avait en effet que 41 ans lorsqu’il fut emporté après huit jours de maladie.

Si l’on remonte plus loin encore, on voit que Buffon avait reçu tout au moins une manière d’éducation en histoire naturelle. On sait où il avait puisé le goût de cette science, dont l’avaient détourné d’autres circonstances. C’est dans la fréquentation d’Hinckmann, personnage original, savant, très versé dans les sciences naturelles, ami de l’étude autant que le jeune duc de Kingston, qu’il accompagnait en qualité de gouverneur, l’était du plaisir. Buffon avait été longtemps leur compagnon pendant un voyage dans le midi de la France et l’Italie qu’ils avaient entrepris entre les années 1730 et 1732.

Du premier moment où Buffon avait obtenu cette place convoitée, son plan d’existence avait été arrêté. Son ardeur, dispersée jusque-là, se fixa sur un seul objet. Il s’assigna à lui-même une tâche immense dont il poursuivit l’achèvement pendant cinquante ans d’un labeur régulier et assidu. Il se proposa d’étudier et de faire connaître tous les objets naturels qui enrichissaient le cabinet du Roi, d’accroître le nombre de ces échantillons et enfin de donner une description de la nature même, vivante ou inanimée, dans un ouvrage qui serait le monument de son génie.

Il se mit à la besogne sans tarder. Il trouva, dans son entourage même, à Montbard, un jeune médecin Louis Daubenton qui devint pour lui le plus précieux des collaborateurs. Il le fit entrer, en 1742, comme garde et démonstrateur au Cabinet, lui accorda un logement et ne négligea rien pour lui assurer l’aisance nécessaire. Il le chargea des dissections et des descriptions anatomiques et en général de tous les détails auxquels il n’aurait pu donner lui-même son attention. Lui-même adopta, à partir de ce moment, le genre de vie le plus régulier et le plus méthodique. Il passait huit mois de l’année à Montbard, sans prendre aucune distraction, occupé à méditer dans la solitude et à travailler à la rédaction de ses ouvrages. Il passait les quatre autres mois à Paris, enfermé de même au Jardin du Roi et occupé des soins de l’administrer, de l’étendre et de l’embellir. Pour cette tâche encore, il sut choisir un peu plus tard un auxiliaire, actif, intelligent, entendu à tout ce qui concernait les constructions, les arrangemens et la surveillance, André Thouin.

C’est après dix ans de la préparation que nous venons de rappeler, c’est-à-dire en 1749, que les fruits en étaient présentés au public sous la forme des trois premiers volumes de l’Histoire naturelle.


IV


Tandis que Buffon dispersait en quelque sorte ses hautes facultés sur des objets divers, étrangers à l’histoire naturelle proprement dite, incertain de la direction qu’il adopterait définitivement, un naturaliste illustre, Linné, à l’autre bout de l’Europe, avait poursuivi la carrière la plus unie, la plus conséquente, la plus invariablement consacrée à cet ordre de sciences.

Au moment où les premiers volumes de l’Histoire naturelle générale et particulière étaient seulement annoncés, comme étant en préparation, c’est-à-dire en 1748, presque toutes les œuvres de Linné avaient déjà paru, les œuvres importantes au moins, à l’exception de la Philosophie botanique qui est de 1751 et du Species Plantarum qui est de 1752. Le Systema naturæ, où se trouvent jetées les bases d’une distribution méthodique des trois règnes, avait été publié en 1735. Les Fundamenta botanica sont de 1736 ; le Genera plantarum est de 1737, et les Classes plantarum de 1738. Ces ouvrages s’étaient répandus rapidement dans toute l’Europe. Ils avaient fait connaître partout la classification et les principes de la nomenclature linnéenne. Celle-ci était empruntée en quelque sorte aux usages de l’état civil des hommes, consistant à désigner chaque être naturel par deux noms, l’un plus général qui indique le genre, c’est-à-dire la parenté, l’autre sorte de prénom spécifique qui caractérise l’individu. Cette réforme, à la fois si simple et si nécessaire, avait été adoptée universellement, et appliquée à toutes les branches des connaissances humaines. On a pu dire avec raison de Linné qu’il a été le réformateur le plus heureux qui ait jamais paru. Ses innovations, nombreuses pourtant, ont été acceptées sans résistance et sans retards. En deux mots, à ce moment, où Buffon allait jeter les premiers fondemens de sa réputation, Linné était à l’apogée de la sienne.

Et cependant, ces deux hommes étaient exactement contemporains. Ils étaient nés dans la même année 1707. Mais, tandis que Buffon, doué d’une intelligence vaste et capable de tout connaître, mais sans vocation précise, hésitait longtemps avant de décider où il porterait, par une détermination volontaire, tout l’effort dont il était capable, le génie de Linné avait été au contraire dirigé dès le début, par une impulsion en quelque sorte irrésistible, vers les études naturelles et ne s’en était jamais écarté.

L’histoire de l’enfance de Linné est remplie de légendes gracieuses qui tendent toutes à montrer cette sorte de prédestination naturaliste. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce goût décidé se manifesta dès son passage à l’école de son village et lui ouvrit l’accès des Universités de Lund et d’Upsal que la modestie de ses ressources lui aurait interdit. À l’âge de vingt-quatre ans, il conçut le plan de sa classification célèbre fondée sur la considération des organes reproducteurs des plantes. Son ardeur à la recherche des plantes ne connaissait ni bornes ni obstacles. La joie qu’il éprouvait à en découvrir, fait seule comprendre les conditions dans lesquelles il accepta de déterminer la flore de la Laponie, voyageant avec des moyens nuls, seul, à pied, le bâton à la main, sans autre bagage qu’une chemise de rechange et qu’un portefeuille d’herbier, passant les montagnes, traversant les rivières à la nage, toujours heureux de ses peines lorsqu’il avait réussi à récolter quelque espèce inconnue.

En butte à la jalousie de quelques compatriotes et surtout de Rosen, le professeur de botanique d’Upsal, Linné se réfugia en Hollande, s’y fit recevoir docteur en médecine et passa trois ans à Hartekamp auprès d’un riche amateur, Cliffort, qui lui avait confié la direction de ses collections et de ses jardins. C’est là qu’il composa les ouvrages qui ont fondé sa réputation. Il visita ensuite l’Angleterre et vint à Paris en 1738, où il se lia d’amitié avec Bernard de Jussieu, puis rentra dans son pays, où il trouva un accueil qui le dédommagea de ses anciens déboires. Il succéda à son jaloux adversaire Rosen dans la chaire de l’Université d’Upsal. Il y donna un enseignement très apprécié de ses nombreux auditeurs. Dans la belle saison, deux fois par semaine, depuis l’aube jusqu’à la nuit, il dirigeait dans les environs des herborisations instructives, embellies par la fantaisie et la gaieté de la jeunesse qui l’entourait. Quel contraste avec l’existence solitaire de Buffon, que Sainte-Beuve, dans un tableau aussi saisissant que véridique, nous montre, quittant dès le matin son habitation pour monter de terrasse en terrasse à travers ses jardins, jusqu’à ce cabinet isolé de la tour Saint-Louis où nul n’osait venir le troubler.

Le style de leurs ouvrages n’est pas moins différent que leurs méthodes de travail et, nous le verrons, que le fond même de leurs doctrines. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner le style de Buffon, qui, dans la partie descriptive tout au moins de son histoire naturelle, avec ses articulations nombreuses, est celui d’un pur écrivain plutôt que d’un savant. Le style de Linné est tout différent. Il est concis, expressif, taillé dans un latin dur et imagé. On a dit que l’on y comptait le nombre des faits par le nombre des mots. On en trouvera un bon exemple dans sa diagnose des reptiles qui commence par tous les termes qui peuvent exprimer le plus fortement la répulsion :

Amphibia pleraque horrent corpore frigido, cute nuda, multa colore lurido, facie torva, obtutu meditabundo, odore tetro, sono rauco, loco squalido, pauciora veneno atroci, etc. Les mots employés pour décrire le cheval sonnent tout autrement : Animal generosum, superbum, fortissimum, cursu furens.

Ce n’est pas pour le vain plaisir d’opposer ces deux génies si différens que nous venons de rappeler leurs disparates, c’est pour faire comprendre la raison des oppositions que Buffon a rencontrées de la part du monde savant, pendant sa vie et après sa mort. C’est qu’il surgissait en plein triomphe de l’école de Linné, continuée plus tard par celle de Cuvier et de ses élèves, et que lui-même représentait d’autres doctrines et devait former une autre école dont le temps n’était pas encore venu. De là ces appréciations qui déroutaient Sainte-Beuve lorsque, interrogeant les naturalistes contemporains, il en recevait les réponses les plus dédaigneuses. L’un d’eux lui disait : « Il y a encore Bernardin de Saint-Pierre qui a fait de beaux tableaux dans ce genre-là. » Cuvier lui-même, qui semble plus juste, est forcément empêché de l’être tout à fait, et il rabaisse Buffon lorsqu’il le juge en ces mots : « C’est un auteur fondamental pour l’histoire des quadrupèdes. »


V


Les ennemis les plus dangereux pour la gloire de Buffon, ce furent précisément les naturalistes linnéens, et nous pourrions dire les naturalistes tout court, puisque aussi bien Linné régnait partout. La première opposition vint donc de ce petit cercle de savans et de connaisseurs qui, dans chaque branche du savoir, juge les auteurs, apprécie l’importance des ouvrages et des découvertes, et leur assigne leur rang et leur place. Elle se traduisit surtout par une affectation de dédain pour le fond de l’ouvrage, dont on reconnaissait volontiers le mérite de la forme.

Le public aurait pu ne pas être informé de cette réserve hostile de la coterie des naturalistes, si Réaumur, qui en était le représentant le plus qualifié, ne s’était senti directement atteint à la fois par Buffon et, détail plus étonnant, par Daubenton lui-même. Dès les premières pages de son discours préliminaire, Buffon oppose « les grandes vues d’un génie ardent qui embrasse tout, d’un coup d’œil, aux petites attentions d’un instinct laborieux qui ne s’attache qu’à un seul point. » Réaumur avait exécuté sur les insectes des recherches minutieuses et d’ailleurs pleines de sagacité ; il avait su y intéresser, outre les naturalistes, le public des lecteurs ordinaires en montrant, à travers ses descriptions, la sagesse et l’espèce de prévoyance de détail dont l’ingénieuse nature avait fait preuve dans l’organisation de ces petits animaux. Or, Buffon, — et c’est là une de ses opinions les moins raisonnables, — faisait profession de mépriser les trop petits animaux et les trop petites recherches.

Quant à Daubenton, il n’avait pas tenu compte dans son projet de classement du Cabinet du Roi d’un autre arrangement que tous les savans de l’Europe connaissaient et admiraient à juste titre, c’est à savoir celui des Cabinets de M. de Réaumur ; et enfin, il recommandait, sans en faire honneur à son auteur, des moyens fort ingénieux que Réaumur avait imaginés pour la conservation des pièces anatomiques. L’accès de mauvaise humeur provoqué par ces petites piqûres, le chagrin de se voir supplanté dans la faveur du public par un rival magnifique, s’ajoutant aux raisons générales, décidèrent Réaumur à encourager la publication des Lettres à un Américain.

Quant aux observations de Malesherbes, elles partaient d’un sentiment plus désintéressé. Mêlé aux naturalistes et assez avancé dans les études de ce genre pour en bien apprécier l’esprit, il avait été chagriné par l’injustice des attaques auxquelles Buffon s’était livré contre Linné et les classifications linnéennes. Sa réfutation savante et judicieuse des opinions de Buffon était évidemment écrite pour le public. Il ne se décida pas à la faire paraître, soit qu’il ait obéi à un sentiment de bienveillance qui tempérait chez lui les mouvemens d’une âme ardente, soit encore qu’il eût personnellement pour Buffon des égards et une considération qu’il n’avait pas pour son œuvre. Il commença d’ailleurs à entretenir avec lui des relations qui devinrent plus étroites, lorsqu’en 1750 il remplaça le duc d’Aiguillon à l’Académie des sciences.

Cette hostilité du clan naturaliste on se tromperait de la croire sans importance parce qu’elle ne se manifeste publiquement que par un ouvrage anonyme, — les Lettres à un Américain ne portent pas le nom de l’auteur, l’abbé de Lignac, et naturellement pas non plus celui de Réaumur, — et par un second ouvrage posthume. En réalité, c’est autour de celle-ci que toutes les autres critiques viendront cristalliser. La valeur du livre de Buffon est dans son autorité scientifique. Si celle-ci est ébranlée, tout sera permis contre lui ; si elle résiste, toutes les autres seront vaines.

Ces critiques se produisirent de deux côtés, de la part des dévots et des encyclopédistes. « Les dévots sont furieux et veulent le faire brûler par la main du bourreau, écrit le marquis d’Argenson, à propos du livre sur la Théorie de la Terre. Véritablement, il contredit la Genèse en tout. » La Sorbonne s’émeut ; elle menace de prononcer la censure ; elle exige la rétractation de propositions comme celles-ci, que les planètes avaient fait partie du soleil et que cet astre s’éteindrait probablement, propositions dont le système cosmogonique de Laplace[3] devait faire autant de vérités moins de cinquante ans plus tard. « Les matérialistes regardent son énorme préface comme le rétablissement de l’épicurisme, disent les Lettres à un Américain. Dans son ouvrage, tout s’opère fortuitement. Il met l’attraction newtonienne à la place du hasard d’Épicure. » On ajoute — et l’allusion à Réaumur est ici transparente : « Tandis que d’autres auteurs savent nous élever au Créateur en nous amusant de l’histoire d’un insecte, M. de Buffon nous le laisse à peine apercevoir en nous expliquant la fabrique de l’univers. »

L’opposition des encyclopédistes a, bien entendu, d’autres causes. On sait le mot de Voltaire à propos de l’Histoire naturelle « qui n’est pas déjà si naturelle. » C’est une malice ou, tout au plus, une critique de la solennité et de la pompe que l’on a reprochées au style de Buffon. Voltaire avait d’autres raisons, que ce n’est pas le lieu d’examiner ici, de s’en prendre à Buffon, ne fût-ce que l’amitié du grand naturaliste pour le président de Brosses, et sa longue persévérance à soutenir à l’Académie française sa candidature que d’ailleurs Voltaire faisait échouer régulièrement.

D’Alembert n’aimait pas Buffon, ni sa personne ni son talent. Il ne l’appelait que « le grand phrasier, le roi des phrasiers… » « Ne me parlez pas de votre Buffon, disait-il à Rivarol, qui au lieu de nommer simplement le cheval, s’écrie : « La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite, est celle de ce fier et fougueux animal… » Oui, comme ce sot de Jean-Baptiste Rousseau, riposta Rivarol, qui au lieu de dire : « De l’Est à l’Ouest » s’écrie :

Des bords sacrés où naît l’aurore
Aux bords enflammés du couchant.

Montesquieu, au moment de l’apparition des trois premiers volumes, écrit à Ceruti : « M. de Buffon a, parmi les savans de ce pays-ci, un très grand nombre d’ennemis, et la voix prépondérante des savans emportera, à ce que je crois, la balance pour bien du temps. Pour moi, qui y trouve de belles choses, j’attendrai avec tranquillité et modestie la décision des savans étrangers. Je n’ai pourtant vu personne à qui je n’aie entendu dire qu’il y avait beaucoup d’utilité à le lire. »

Diderot fait exception. Il eut des rapports plus étroits avec Buffon et, sauf une ou deux circonstances où il donna cours à sa malice, il le traitait avec la plus grande considération.

On a plusieurs fois reproduit un long passage des mémoires de Marmontel qui se rapporte à Buffon. Nous n’en voulons extraire que quelques lignes, qui justifient bien notre thèse : « … Il avait, écrit Marmontel, le chagrin de voir que les mathématiciens, les chimistes, les astronomes, ne lui accordaient qu’un rang très inférieur parmi eux ; que les naturalistes eux-mêmes étaient peu disposés à le mettre à leur tête ; et quelques-uns même lui reprochaient d’avoir fastueusement écrit dans un genre qui ne voulait qu’un style simple et naturel. »

Il y avait une autre raison à la malveillance des encyclopédistes, qui voyaient la publication de l’Histoire naturelle s’avancer au milieu de la persécution suscitée à la philosophie. Buffon s’en tenait à l’écart, non pas, comme ils le lui reprochaient, pour éviter la défaveur de la cour et celle du roi, et par crainte « d’être enveloppé dans le commun naufrage, » mais par suite de cette règle de conduite qui l’éloignait de toutes les agitations, de toutes les démarches qui ne se rapportaient pas à la grande et laborieuse tâche qu’il avait assumée.

Puisque tel était, d’après ces témoignages, l’état d’esprit de beaucoup de savans français à l’égard de Buffon, restaient donc les savans étrangers, dont Montesquieu attendait le jugement. Mais, Linnéens comme les nôtres, ils devaient juger de même. « Je crois, écrivait Grimm en 1756, après l’apparition du vie volume, que le mérite de M. de Buffon perdra de son éclat chez la postérité autant que chez les étrangers… qui, négligeant la forme, ne pourront juger que les idées et le fond. Au contraire la réputation de M. Daubenton ne pourra que gagner auprès d’elle… » Et plus tard, après l’apparition du xie volume, en 1764 : « On a reproché à M. de Buffon une trop grande facilité à créer des systèmes et à s’en engouer ; on a dit qu’il voyait moins la nature dans ses opérations que dans sa tête ; de savans naturalistes des pays étrangers et surtout d’Allemagne, où cette science est particulièrement cultivée, ont relevé un grand nombre de ses erreurs. »

On croit répondre à cette thèse par la grande réputation de Buffon dans toute l’Europe, par les marques de respect qu’il a reçues des savans étrangers, par l’empressement de toutes les compagnies savantes à l’accueillir dans leur sein, l’Académie de Berlin, la Société de Londres, les Académies de Saint-Pétersbourg, de Padoue, de Bologne, des Arcades de Rome. Mais ces témoignages d’admiration n’étaient que le retour de celle dont l’illustre naturaliste était l’objet dans son propre pays. Qu’on ne s’y trompe pas ! Il ne s’agit pas du génie de Buffon, il s’agit de son autorité. Aucun critique ne pouvait songer à mettre en doute la puissance de son imagination, l’étendue de son esprit et la profondeur de ses facultés philosophiques ; aucun même ne pouvait, sans tomber aussitôt dans le ridicule, méconnaître l’extraordinaire impulsion qu’il avait donnée à l’histoire naturelle dont il a préparé l’essor merveilleux au xixe siècle. Personne encore ne pouvait fermer les yeux à cette révolution accomplie par lui dans la direction générale de l’esprit public, en substituant aux sciences mathématiques qui avaient eu jusque-là la faveur et l’influence, les sciences naturelles, les sciences d’observation.

Toute cette œuvre est hors de contestation.

Les critiques linnéens de Buffon sont trop bien informés pour y contredire. Ils se sont contentés de répandre le soupçon sur les hypothèses et les réflexions dont est remplie l’Histoire naturelle. Et, du même coup, ils ont rendu suspecte l’œuvre tout entière, aux yeux du lecteur ordinaire. Faudra-t-il donc, pour lire Buffon, être un naturaliste consommé, être capable, à chaque moment, de juger le bien fondé des hypothèses, de discerner la vérité de l’erreur ? C’est la condition de la plupart des ouvrages scientifiques, hors de leur nouveauté, de ne pouvoir être lus, avec profit, que de cette façon. Ils n’ont qu’un moment. Ce moment passé, ils ont en quelque sorte perdu leur rôle éducatif pour les lecteurs ordinaires : ils n’ont plus d’intérêt que de montrer, à qui sait les lire, les variations de la connaissance humaine et ses progrès.

Devrons-nous donc lire encore Buffon, et comment devrons-nous le lire ? Croirons-nous, avec Villemain, qu’il nous faille admirer l’écrivain sans apprécier le naturaliste et accepterons-nous, que « la science, se dérobant à nous, ne nous laisse que son vêtement dans les mains ? » Il y a là une bien dangereuse distinction. Ce serait la marque d’un mépris inadmissible pour la vérité que de séparer ainsi le style des idées et la forme du fond.

Buffon n’est pas un rhéteur. Il est le chef d’une école de naturalistes qui a conçu les sciences de la nature d’une autre manière que Linné et Cuvier. Il est le représentant d’une autre méthode. Il ne suffit pas de dire, avec M. de Lanessan et avec E. Perrier, que l’avènement du Transformisme a justifié ses hypothèses et vérifié la justesse de ses pressentimens, ou avec E. Montégut que la science de 1888 a cassé l’arrêt de la science de 1750. Il faut dire que Buffon est le créateur de la biologie générale, telle que M. Y. Delage la recommande aux naturalistes, et que son Histoire naturelle en est le premier essai. Il faut ajouter que la méthode de Buffon, de Lamarck, de Geoffroy Saint-Hilaire et de Darwin, doit partager la direction des esprits avec celle de Réaumur, de Linné et de Cuvier. Malgré l’apparence, elle n’a pas conduit à de plus grandes erreurs, comme nous le montrerons à propos de Linné et de ses critiques.


A. Dastre.

  1. Cet ordre bizarre dans la distribution des groupes ne fut d’ailleurs pas observé dans la publication.
  2. Un de nos grands géomètres a prétendu que la quantité absolue du mouvement de l’apogée ne pouvait pas se tirer de la théorie de la gravitation telle qu’elle est établie par Newton, parce qu’en employant les lois de cette théorie on trouve que ce mouvement ne devait s’achever qu’en dix-huit ans au lieu qu’il s’achève en neuf ans. — Clairaut propose d’ajouter un terme à la loi de l’attraction. Buffon combat cette manière de voir — et fournit plus tard une démonstration qui ne laisse pas de doute. (Introduction à l’Histoire des Minéraux, supplément 1774.)
  3. Sous une forme un peu différente.