Bouquets et prières/Les Enfans à la Communion

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les enfants à la communion.

LES ENFANS À LA COMMUNION.


une voix.

Laissez venir à Dieu la grâce et l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !

les enfans.

Nous venons ! nous venons, Maître doux et divin,
Comme l’agneau sans fiel et le pain sans levain,

Nous venons, l’âme en fleur, vous chercher à l’église :
Sous votre long manteau sauvez-nous de la bise.
On nous a dit, Seigneur, que vous étiez ici,
Et que vous demandez les enfans : nous voici.
 

une voix.

Laissez, laissez passer la grâce et l’innocence,
Laissez remonter l’âme à sa divine essence.
 

une femme.

Oh ! que ces voix d’enfans font de mal et de bien !
De leur Dieu sans colère ils ne redoutent rien.
Le chemin est ouvert aux ailes de leurs âmes ;
Rien de ces purs flambeaux ne fait trembler les flammes.
Hélas ! en les voyant rayonner au saint lieu,
Quelle femme oserait se confesser à Dieu ?

une voix.

Laissez, laissez passer la grâce et l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !


les enfans.

Doux Maître ! nous venons, sans passé, sans remords,
Vous prier tendrement pour nos frères, les morts.
Qu’ils sortent du tombeau comme nous de nos langes ;
Doux Père ! accordez-leur encor des ailes d’anges.
Si pour les racheter nous n’avons pas de pleurs,
Dieu des petits enfans, prenez toutes nos fleurs !

une voix.

Laissez venir à Dieu la grâce et l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !

une femme.

Béni soit le coin sombre où s’isole mon cœur !
Je ne rentrerai plus vivante dans le chœur.
Dieu remet les pardons aux enfans qui l’enchantent ;
Mais ce n’est pas pour moi, c’est pour les morts qu’ils chantent.
Quand nous avons choisi notre amer abandon,
Nul ange pour nos pleurs ne demande pardon.


une voix.

Laissez, laissez passer la grâce et l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !

les enfans.

Nos mères ont appris qu’en ce jour solennel,
Tout vœu d’enfant s’élève aux pieds de l’Éternel.
Jésus ! prenez ce vœu sur nos bouches sans feinte ;
Du coupable qui pleure encouragez la plainte ;
Tendez vos bras ouverts au pécheur prosterné,
Et qu’il soit, comme nous, votre enfant pardonné !

une voix.

Laissez, laissez passer le vœu de l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !

une femme.

Je me confesse à Dieu qui descend dans mes pleurs !
Dieu, qui peut d’un regard changer la ronce en fleurs !

Voix du monde, cessez : je rapprends qu’on espère !
Voix des anges, chantez : je retourne à mon Père !
Je me relève à Dieu dans l’élan de ma foi ;
L’enfance a pardonné : mon Dieu, pardonnez-moi !

une voix.

Laissez passer la foi, la grâce et l’innocence :
Laissez remonter l’âme à sa divine essence !